Les questions sanitaires sont nombreuses et variées, mais elles ont toutes un fort impact sur la gestion des élevages et le commerce des animaux. Depuis plusieurs années, les éleveurs sont en effet confrontés à une multiplication de crises sanitaires liées à des maladies résurgentes (tuberculose, fièvre charbonneuse...) ou à des maladies importées (FCO, Schmalenberg, PPA….). Bactériennes, virales, vectorielles, quels que soient le type et le mode de transmission, la responsabilité des éleveurs est toujours mise en avant. À chaque nouvelle détection, la profession se retrouve enfermée dans une gestion administrative qui est loin d’avoir fait ses preuves.

La FCO : une maladie administrative

La FCO (fièvre catarrhale ovine) constitue l’exemple parfait d’une mauvaise gestion d’une maladie, d’autant qu’elle existe sous différents sérotypes, largement présents en Europe. Les prises de position de l’État, tantôt voulant imposer une vaccination obligatoire, tantôt laissant le soin à la profession de gérer la vaccination en interne, ont laissé beaucoup d’éleveurs dans l’expectative. Après la gestion calamiteuse des sérotypes 1 et 8 la Coordination Rurale avait alerté les autorités sanitaires sur la nécessité d’anticiper la possible apparition du sérotype 4, présent en Corse et en Italie. Coupable d’avoir raison trop tôt, les mises en garde de la CR n’ont pas été retenues, et lorsqu’un cas a été déclaré, l’affolement général a conduit à la mise en place de zones d’interdiction et de restriction. La tentative de circonscrire le sérotype 4 a échoué faute de vaccin disponible. Comme le demandait la CR, la France entière a été reconnue non indemne et les échanges nationaux ont pu reprendre, ce qui a permis, d’une part aux éleveurs de vendre leurs animaux à leurs collègues français, et d’autre part de stabiliser les marchés. La CR a privilégié en cela les échanges nationaux plutôt que la vocation exportatrice prônée par la FNB (Fédération nationale bovine). L’État doit être le garant de la disponibilité des doses vaccinales afin que les éleveurs restent libres de vacciner leur troupeau souche ou leurs animaux destinés à la vente. Toutefois, la vaccination n’est qu’une solution par défaut. La CR a adressé plusieurs courriers aux autorités françaises et européennes pour faire état de l’absence de signes cliniques et donc justifier sa demande de déclassement. Cette maladie engendre au final bien plus de problèmes économiques et commerciaux que sanitaires. En effet, le prix de la vaccination ou des tests de dépistage est systématiquement répercuté sur les éleveurs, alors que les animaux sont le plus souvent vendus à des élevages où la maladie est déjà présente – qu’il s’agisse du territoire français ou des principaux marchés européens : l’Espagne et l’Italie.

La Tuberculose : humanité pour les éleveurs et lutte contre la faune sauvage

Après la reconnaissance du statut indemne de la France en 2001, le taux de prévalence de la maladie dans les cheptels a continué de décroître jusqu’en 2004. Depuis, le nombre de cas augmente fortement et les plans de lutte de 2010 et de 2012 n’ont pas amélioré la situation. En 2017, les foyers de tuberculose sont essentiellement situés dans le Sud-ouest. Aujourd’hui, il est trop tard pour rechercher l’origine de la maladie. Face à l’urgence de la situation, il est impératif de réduire les risques de contamination par un vecteur qui n’est pas assez contrôlé : la faune sauvage. La solution envisagée par la DGAL, à savoir la multiplication des mesures de biosécurité pour limiter les contacts entre les troupeaux et la faune sauvage, n’est pas satisfaisante pour la CR, qui demande de réduire de manière importante les populations de sangliers et de blaireaux. En outre, la CR a accompagné de nombreux éleveurs dans la gestion de suspicions ou de foyers. Face à la pression subie par ces éleveurs, la CR a demandé un traitement plus humain. Les éleveurs ne doivent pas être sur le banc des accusés, mais au contraire accompagnés dans le processus d’assainissement. Pour être plus acceptable, ce dernier doit être plus rapide, et la DGAL doit notamment améliorer son délai de validation des expertises. Il a également été pointé le manque d’homogénéité dans le processus d’expertise. De manière générale, la gestion sanitaire demande une forte anticipation et une organisation en amont des différents moyens de détection et de lutte. Les décisions prises en urgence au regard essentiellement des disponibilités budgétaires sont contre-productives. Il est impératif de prendre en compte l’intérêt des éleveurs avant toute chose et de financer les mesures imposées.

L’IBR : une maladie de laboratoire principalement

L’IBR (rhinotrachéite infectieuse bovine) fait l’objet depuis plusieurs années d’un plan de lutte qui s’est accéléré ces dernières années pour aboutir à avoir un maximum d’élevages indemnes. La CR s’interroge sur le réel impact économique de cette maladie qui profite essentiellement aux laboratoires et aux GDS. La CR estime que la prophylaxie obligatoire pour cette maladie est contre-productive. Dans le système précédent, les éleveurs qui avaient besoin de cette qualification (export, concours, …) pouvaient y avoir accès. La CR ne perçoit aucun intérêt d’être qualifiés indemnes pour beaucoup d’éleveurs qui destinent leurs animaux à la boucherie. L’attention qui est portée sur cette maladie et les moyens humains et financiers qu’elle mobilise laisse les éleveurs plus démunis face à d’autres maladies qui ont un impact sanitaire et économique plus important, telles que la BVD (diarrhée virale bovine) et la bestionose.

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