+ de 600 milliards de dollars
ont été investis par les fonds de pension, assurances et banques
dans les bourses de matières premières en 2011 pour profiter de leur hausse.
En 2009, Goldman Sachs a gagné 5 milliards de dollars sur ce marché.
Agriculture : une activité très rentable… sauf pour les agriculteurs !
Les politiques de régulation mises en place dans les années 60 ont constitué le cadre dans lequel l’agriculture familiale a pu se déployer. Le tournant libéral de la Pac à partir de 1992 a conduit les agriculteurs européens dans une logique de production massive et industrielle. L’agriculture française s’est retrouvée tiraillée entre le droit rural et les anciennes Pac protectionnistes d’un côté, et une logique libérale et concurrentielle de l’autre côté, aboutissant à la sortie de la profession pour certains, au surendettement pour d’autres, à l’adaptation pour d’autres encore.
Quand les agriculteurs n’arrivent pas à joindre les deux bouts, quand les jeunes ne peuvent avoir la capacité financière pour s’installer, quand les mises aux normes sont irréalisables… les portes de nos exploitations sont malheureusement grandes ouvertes à la finance qui se glisse insidieusement dans l’agriculture. Pour les agriculteurs qui ne peuvent pas s’affranchir des engagements financiers et/ou familiaux, ouvrir à des capitaux extérieurs devient un choix de survie.
Au lieu d’arbitrer les marchés, de réguler et de protéger la sécurité alimentaire, l’État, l’Europe et leurs services techniques se désengagent progressivement de leurs rôles de catalyseurs des enjeux politiques, économiques et sociaux de la profession agricole, pour se focaliser sur une fonction de débridage total de la concurrence.
Des nouveaux modèles organisationnels de l’exploitation agricole prennent forme (selon que le capital intervienne au niveau de la propriété ou de la gestion de l’exploitation) : coopératives de portage de foncier, firmes commerciales de production, fonds d’investissement, prises de participation dans le capital de l’entreprise, transformant une activité ancestrale et fondamentale (qui détient les clés des équilibres mondiaux, un savoir spécifique et unique, un système de valeurs, une culture…) en titres financiers qui alimentent ce cercle vicieux. La financiarisation du marché agricole génère une volatilité des prix exacerbée. À ce stade, l’agriculture devient une activité très rentable.. mais pas pour les agriculteurs !
La Coordination Rurale dénonce avec inquiétude ces transformations qui minent en profondeur l’indépendance de l’agriculteur et de notre alimentation.
La CR réfute que la financiarisation soit le fruit d’une évolution spontanée entraînée par la mondialisation. Elle est en réalité celui du renoncement des « élites » agricoles et politiques alors qu’un autre avenir est possible. Faute de régulation adéquate, c’est l’état de crise économique agricole chronique qui crée l’appel d’air pour les investisseurs de tout poil. L’indispensable prérequis est donc un marché régulé, par le prix et par les volumes. Sur cette base, les agriculteurs seront en mesure de préserver leur outil de production, la propriété de leurs terres, et de trouver un successeur à qui les transmettre.
À LIRE SUR LE SUJET :
– Notre dossier « Financiarisation de l’agriculture : ou comment dénaturer notre agriculture en titres financiers… »