« Boire du lait, c’est bon. Ne pas l’payer, c’est con ! », tel était l’un des slogans affichés par les éleveurs de l’Organisation des Producteurs de Lait (OPL) de la CR lors de plusieurs manifestations en 2015 face à des industriels et responsables politiques qui semblent avoir oublié les fondamentaux de la production de lait.
Les chiffres donnent le tournis : 300 000 emplois dépendent de la production laitière en France pour un chiffre d’affaires de 25 milliards d’euros !
Mais les mauvaises orientations politiques qui entraînent des prix d'achat trop faibles induisent chaque jour 10 producteurs à cesser leur activité. Quand on sait qu’une ferme qui cesse son activité entraîne la perte de sept emplois dans le reste de la chaîne…
Il est évident que le marché à lui seul ne parvient pas à rémunérer correctement les éleveurs. Le retour à un marché européen viable, avec des prix couvrant les coûts de production et assurant à l’éleveur une rémunération décente et une capacité d’investissement, est nécessaire et urgent.
En ce sens, les éleveurs de l’OPL défendent une politique agricole basée sur la régulation des volumes, une production de l'UE correspondant à ses besoins et la préférence communautaire, plutôt qu’une illusoire vocation exportatrice qui, quand elle fonctionne, détruit les tissus de production laitière des pays importateurs.
Depuis 2007, ils ont même rejoint pour ce combat l'European milk board (EMB), un regroupement de 120 000 éleveurs de 16 pays européens produisant les 3/4 du lait collecté en UE.
L’OPL de la CR dénonce aussi la contractualisation en trompe-l'œil proposée par les grandes laiteries, souvent désavantageuse pour les éleveurs car sans garantie de prix.
La tendance actuelle à la baisse constante des prix d’achat du lait au producteur doit être inversée et venir couvrir les coûts de production et la rémunération du travail de l'éleveur (45 cts € par litre en 2016).
La CR promeut pour cela le Programme de responsabilisation face au marché (PRM) construit avec l’EMB. Par un système organisé autour d’une instance rassemblant l’autorité publique, les transformateurs, les distributeurs, les consommateurs et les producteurs laitiers, l'Agence de surveillance européenne (Monitoring Agency) créée en 2014, pourrait orienter la production dans tous les pays de l'UE et permettre d'anticiper les crises plutôt que de les gérer à grands coups de millions d’argent public.
Ce ne sont là que des mesures de bon sens qui redonneraient à l’Europe toute la variété de ses vaches laitières, et un bon coup de pouce à une agriculture production laitière à échelle humaine aujourd’hui au bord de la disparition.