Elisabeth Venne est la nouvelle présidente de la Coordination Rurale des Alpes-Maritimes. Elle a une exploitation sur la commune de Castellar, dans le vallon du Careï, où elle y cultive des agrumes et essaye de réhabiliter une ancienne citronneraie, qui se situe dans un vallon agricole dédié à la culture de l'IGP Citron de Menton. Elle est également membre de l'association qui œuvre à sa promotion.

 

Pourquoi êtes-vous devenue agricultrice ?

Le monde agricole m'est familier, car, comme beaucoup de Français, mes grands-parents étaient agriculteurs, jurassiens depuis des générations et producteurs de lait pour la fabrication du fromage Le Comté. J'ai travaillé dans plusieurs collectivités territoriales, au Parlement européen aussi, où j'ai toujours suivi les Commissions de l'agriculture, et aussi celles de l'environnement. Je me suis installée dans les Alpes-Maritimes car j'aime les massifs montagneux et j'ai été séduite par le climat exceptionnel de Menton, subtropical et particulièrement favorable à la culture des agrumes. Ayant eu l'opportunité d'acquérir une citronneraie en friche, j'ai été tenté de relever le défi de replanter des agrumes sur mes parcelles. Il reste quelques citronniers et bigaradiers sur la propriété qui ont résisté au temps ! La mairie de Castellar souhaite, de son côté, avec le nouveau PLU, encourager les propriétaires de terres agricoles à replanter l'IGP Citron de Menton, mais avec quels moyens ? Tel est le problème...

 

Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?

Les problèmes sont nombreux dans ce territoire très reculé, situé à la frontière italienne : la concurrence des agrumes italiens, portés par une agriculture très dynamique qui, contrairement à ce qui se passe côté français, a réussi à ne jamais abandonner les terres, même situées sur les versants les plus inaccessibles et montagneux. Le prix du foncier à cause de la spéculation immobilière, qui encourage les propriétaires de terres agricoles à les conserver sans les entretenir dans l'espoir de leur constructibilité… L'effondrement des restanques pas entretenues et le prix exorbitant de leur réhabilitation sont calqués sur le prix du foncier. Il y a également l'impossibilité d'acheter des plants de variété " IGP citron de Menton" et le prix exorbitant de ceux disponibles dans quelques jardineries...

 

Quels projets pour la suite ?

Je me bats pour réhabiliter les restanques, remonter les murs et y planter des plants "citron de Menton" ainsi que tous les agrumes qui poussent très bien ici : orangers, clémentiniers, mandariniers, pamplemoussiers, des oliviers aussi qui poussent naturellement sur cette terre mentionnais, etc.

 

En tant que femme, avez-vous rencontré des difficultés particulières dans l’univers agricole ?

Non, je n'ai pas l'impression que l'univers agricole soit fermé aux femmes. Par contre, il y a des efforts physiques qui compliquent le travail de la terre naturellement et on est obligées de solliciter des hommes pour les travaux de force...

 

Que représente le syndicalisme pour vous ?

Pour moi, le syndicalisme est un engagement aussi bien professionnel que civique. J'ai exercé des mandats publics ainsi qu'associatifs et j'aime l'engagement pour des causes d'intérêt général et des projets utiles dont on peut mesurer les résultats.

 

Qu'est-ce que la CR peut apporter aux agriculteurs ?

S'engager à la Coordination Rurale c'est être plus fort pour réaliser ses projets de plantation et de développement agricole ; c'est être moins seul pour surmonter les difficultés ; c'est être accompagné de la force du collectif pour trouver des solutions et progresser dans ses entreprises ; c'est partager les expériences et enrichir son métier. Je fais confiance à la CR pour être attentive à la situation des petits exploitants, à tous ceux qui gardent un lien avec l'agriculture et la font vivre dans sa grande diversité. La CR respecte et s'intéresse à toutes les activités des personnes qui ne peuvent pas être chef d'exploitation, mais qui, avec leur passion pour un secteur particulier, font vivre l'agriculture dans son immense diversité et témoignent ainsi du lien de beaucoup de citoyens avec la nature et ses richesses. De plus, la CR se montre très disponible pour accompagner les producteurs qui ont besoin de conseils sur les questions administratives, juridiques ou autres. Les agriculteurs et agricultrices sont souvent des personnes passionnées par la terre et l’activité agricole à laquelle elles se consacrent à 100 % au détriment, le plus souvent, de pouvoir consacrer du temps à défendre leurs intérêts professionnels. Elles ont besoin d'être épaulées par un syndicat comme la CR qui peut peser efficacement auprès des décideurs des politiques agricoles, nationales et européennes, pour faire entendre leurs besoins, remonter les idées et les projets et dénoncer aussi les dérives productivistes qui nuisent aux intérêts de la majorité des agriculteurs.

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