La Coordination Rurale PACA est engagée auprès des agriculteurs depuis plusieurs années et d’autant plus actuellement afin de faire entendre leur voix et leurs revendications.

La CR est toujours sur le pied de guerre pour des mobilisations locales. Le ressenti du terrain est la déception, le compte n’y ai pas ! Les mesures annoncées traînent à se mettre en place ou ne sont pas adaptées à l’agriculture, les aides promises ne sont pas sur les comptes bancaires.
C’est dans ce contexte qu’une délégation a accompagné le président de la CR PACA et Var avec les présidents et leur binôme des CR 04 (Florent Signoret), CR 05 (Serge Jouselme), CR 13 Franck Mourgues, CR 83 (Christian Rastello, secrétaire général) et CR 84 (Denis Odetto, administrateur) en préfecture de Région à Marseille en présence du préfet Christophe Mirmand et des représentants de son administration.

ASPHYXIÉE PAR LA BUREAUCRATIE

« Durant plus de deux heures d’échanges très fournis et avec des exemples précis, chacun s’est exprimé sur des sujets qui les touchent en fonction des sensibilités ou de leurs spécificités dans leur département. Ils ont fait de nombreuses propositions. Car la profession agricole est quotidiennement asphyxiée par la réglementation et le manque de leviers financiers », raconte, le hyérois, Max Bauer.

Le syndicaliste agricole poursuit : « Concernant la MSA, nous avons demandé la mise en place d’une année blanche. Le préfet a souhaité connaître les rapports entre les agriculteurs et les deux caisses MSA. L’ensemble des participants a été unanime ! Ils déplorent un manque d’interlocuteurs, de réactivité, des dossiers parfois trop complexes et des charges trop élevées. Pour les banques, nous suggérons de prévoir des propositions de reconsolidation de l’endettement sans assumer les intérêts intercalaires (prise en charge partielle ou totale) par l’État. Voire la mise en place de prêt garanti par l’État (PGEA) pour aider les exploitations particulièrement touchées. C’est un prêt qui serait octroyé à une exploitation et sa banque habituelle, grâce à la garantie qu’apporterait l’État sur une partie très significative du prêt. L’État doit s’inspirer du PGE de la période sanitaire si le Gouvernement veut vraiment faire de sa priorité la souveraineté alimentaire ».

INCOHÉRENCE DE LA PAC

Par ailleurs, les représentants syndicaux ont pointé l’incohérence de la PAC : « Il est inacceptable que les agriculteurs paient des agios en raison des retards de versement, notamment pour les aides sur l’agriculture biologique. Sachant que les aides de la PAC forment une grande partie des revenus des agriculteurs, comment peuvent-ils vivre lorsque les versements sont effectués avec plusieurs mois de retard ? Beaucoup sont obligés de faire des crédits pour pouvoir vivre en attendant que les soldes de la PAC soient payés ».
Ils ont redit avec insistance de mettre en place un bouclier tarifaire énergie incluant notamment le plafonnement du GNR à 1€ TTC par litre et la désindexation du prix de l’électricité de celui du gaz comme en Espagne et au Portugal. La hausse du prix de l’électricité pèse sur les charges des agriculteurs. Dans les exploitations fruitières, les charges ont plus que doublé.
Enfin, d’autres dossiers ont été abordés.

« Ainsi, avec le changement climatique, le stockage de l’eau est indispensable. La CR a toujours revendiqué le stockage de l’eau de l’hiver pour l’été, donc une simplification des dossiers de création de retenues collinaires et des retenues de substitution. Ainsi que la prédominance de l’agriculture dans l’accès à l’eau.
Pour l’utilisation des produits phytosanitaires, qui est incontournable pour de nombreux agriculteurs, il faut contrôler la pression des ravageurs et des adventices. Nous avons réaffirmé la demande des autorisations de mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques communautaires et la suppression de la zone Nord – Sud.
Concernant la prédation des loups, les attaques sont insupportables pour les éleveurs et la pression ne diminue pas. Ils doivent faire face à des problèmes à cause des chiens de protection des troupeaux. De nombreux éleveurs reçoivent des plaintes
 », reprend Max Bauer.

BIODIVERSITÉ

Une demande a été faite pour la viticulture pour les autorisations de plantations en portefeuille, en discussion à Bruxelles. Pour les détenteurs d’autorisations de plantations nouvelles, les viticulteurs doivent prétendre à une annulation sans pénalités ou report (3 à 5 ans), selon des critères de priorisation (par exemple : exploitation de moins de 10ha, nouvel installé, surendettement ou saturation capacité de cuverie).

La CR PACA a fait part des risques après le vote par le Parlement, le 27 février, d’une loi restauration de la biodiversité. Loi qui est très floue, dont les contours et les déclinaisons en droit français font craindre de nouvelles charges pour les agriculteurs.
En l’état actuel des données, aucun budget spécifique ne sera attribué aux futures exigences de la loi.

« Il est inadmissible que de nouvelles contraintes soient supportées par les agriculteurs sans contreparties financières, à plus forte raison dans les zones Natura 2000, concernées au premier chef par cette loi et qui font déjà l’objet de contraintes et pas toujours financées. Avant d’établir de nouvelles contraintes, il faut faire un état des lieux des zonages concernés et des actions déjà en places », prévient le président de la CR PACA.

Enfin, il a souhaité que ce type d’échanges soit renouvelé une fois par an pour croiser de nombreux enjeux (agricoles, biodiversité, eau, risques incendies, etc.). Cette proposition a été favorablement accueillie par le préfet, en suggérant même deux par an. Il faut maintenant passer de la parole aux actes !

Dans la même catégorie

Prédateurs et nuisibles
CR 83
CR 83
CR 83