Le Premier ministre a lancé des propositions sur les problématiques rencontrées par le monde agricole. Un exercice qui n’a pas convaincu Max Bauer, président de la Coordination Rurale du Var et de PACA.
Max Bauer a tout écouté et trouvé beaucoup d’avancées louables, tardives et salutaires qu’il faudra concrétiser par des actes. Gare au saupoudrage !
AGIR VITE
« Le malaise agricole n’a pas débuté la semaine passée. Les problématiques sont connues depuis plusieurs années. Les Français ont pris conscience de la souffrance du monde agricole. Leur soutien a été déterminant. L’État doit maintenant agir vite et tenir ses engagements.
Pas un seul mot sur la prédation et les loups. Les agriculteurs sont fatigués de la charge mentale et administrative que l’État leur inflige, excédés d’être accusés de tous les maux, outrés de la désinvolture avec laquelle les injonctions contradictoires qu’ils subissent sont appréhendées. Quelques avancées, même si les annonces sont un peu moins impactantes qu’attendues, malgré les mobilisations. Les déclarations d’intention sont louables et des mots ont été posés sur des problématiques comme la viande de synthèse, la souveraineté alimentaire. Reste à savoir quelles solutions concrètes seront prises. Mais je n’ai rien entendu, pas un seul mot sur la prédation et les loups », analyse le président régional de la CR.Sur la question des personnels de l’Office français de la Biodiversité (OFB), ils interviendront sous la tutelle des préfets. Un travail entre l’OFB, les ministères et les préfets sera organisé pour aboutir avant le Salon de l’agriculture sur les conditions d’évolution des modalités d’intervention des agents de l’OFB dans les exploitations.
DESARMEMENT DE L’OFB
De son côté, la Coordination Rurale exige le désarmement des agents OFB : « Il faut le faire et pas dire qu’on va en parler. Certes, le contrôle unique, c’est une bonne chose ».
Sur l’application de la Loi EGALIM et l’article 44 concernant les importations de produits alimentaires, le syndicaliste agricole est en colère : « Il a fallu que les agriculteurs se révoltent pour que la loi soit enfin appliquée par les pouvoirs publics en espérant que nous ne soyons pas sur des effets d’annonces et que les amandes infligées soient à la hauteur des préjudices. C’est pour le moins inquiétant que certains contournent la loi. D’autre part, je constate que le Gouvernement n’est pas en règle. Sur le texte (article L236-1 A du Code rural), il est interdit de proposer à la vente ou de distribuer à titre gratuit en vue de la consommation humaine ou animale des denrées alimentaires ou produits agricoles pour lesquels il a été fait usage de produits phytopharmaceutiques ou vétérinaires ou d’aliments pour animaux non autorisés par la réglementation européenne ou ne respectant pas les exigences d’identification et de traçabilité imposées par cette même réglementation. L’autorité administrative prend toutes mesures de nature à faire respecter l’interdiction prévue au premier alinéa. D’autres annonces et perspectives doivent être négociées au niveau européen et trouver ensuite une application pratique. Il n’y a pas de profond changement de logiciel, ni de réforme structurelle en vue ».
Selon Max Bauer, plusieurs choses vont dans le bon sens : « La souveraineté alimentaire comme intérêt fondamental de la nation, même si tout dépend de la définition et de la part d’autonomie réelle, la pause sur écophyto et la révision des indicateurs, la simplification des projets « eau » et la limitation des délais de recours, la dérogation d’un an sur l’obligation de réimplantation des prairies permanentes, l’accompagnement fiscal des transmissions. Ainsi, les relèvements de seuils sont une avancée ainsi que l’aide à l’élevage, même si on ne connaît pas le contenu de la mesure ni les critères retenus. L’aide à la viticulture est à la fois une bonne chose et, en même temps, un accompagnement pour des pertes (150 millions pour l’arrachage).
L’étiquetage, c’est aussi un progrès, même si cela va être long et ne règle pas le problème du comportement d’achat du consommateur en fonction de son budget. La dénomination et la réglementation sur la viande de synthèse est aussi un point positif et la question de la retraite et des 25 meilleures années sera retravaillée ».LE COMPTE N’Y EST PAS
Pour autant, le compte n’y est pas pour le responsable syndical, en détaillant ce qu’il manque dans les propositions du Gouvernement : « Rien sur les prix ou pas de mesure améliorant rapidement le revenu, rien sur article 44 (ou alors très timidement avec une clause de sauvegarde), pas d’année blanche pour redonner de la trésorerie, rien sur la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) et la forte mise à contribution de l’agriculture. Sur la loi Egalim, le contrôle et le respect de la loi est le minimum que les agriculteurs attendent. Mais elle doit effectivement être renforcée pour la prise en compte intégrale des coûts de production ».
Il ajoute : « Gabriel Attal a cité plusieurs fois l’exception agricole française. Nous aurions préféré l’exception agriculturelle sur le modèle de l’exception culturelle ».
« Quand on voit à quelle vitesse les mesurettes annoncées sont détricotées par le Gouvernement, il est clair que nous avons été écoutés mais pas entendus. Le Premier ministre a dit vouloir ouvrir une nouvelle étape. Cela a commencé par un message clair avec deux mots d’ordre pour notre agriculture : produire et protéger. Mais aussi mieux reconnaître le métier d’agriculteur, redonner de la valeur à notre alimentation, redonner du revenu aux agriculteurs, mieux protéger notre pays et les agriculteurs contre la concurrence déloyale, libérer, déverrouiller, simplifier, la vie des agriculteurs, assurer l’avenir et le renouvellement des générations ». Je ne doute pas de l’implication du premier ministre et de sa volonté pour des solutions aux problèmes du monde agricole français comme ces prédécesseurs. Cependant, depuis vingt ans de syndicalisme, je crains qu’on nous dise, c’est plus difficile car c’est l’UE bien qu’en France nous sommes les champions de la surtransposition et de la suradministration. Que le ministère de l’écologie, avec un lobbying d’associations d’écolos bobos, freine les ambitions et que le mal-être et la désespérance de la ferme France se fassent entendre, lors du Salon de l’Agriculture à Paris, dans quelques semaines. Gardons espoir d’ici là d’avoir d’autres avancées et les calendriers de travail », conclut, avec une petite des d’optimisme, le président de la Coordination Rurale du Var et de PACA !
Le 26 janvier puis le 13 février, le préfet a réuni les acteurs du monde agricole et les services de l’État pour poursuivre le dialogue afin d’apporter des réponses concrètes aux difficultés des agriculteurs. Le préfet a invité les participants à exprimer leurs attentes et leur ressenti : difficultés des jeunes agriculteurs pour leur installation, mal-être agricole et sentiment d’être oubliés des autorités, réglementations trop complexes, nécessité de garantir un revenu agricole sur le temps long.