A quelques encablures de Marseille se trouve une vaste étendue d’eau de 20km de long pour 16, 5km de large : l’étang de Berre. Très connu de tous les Marseillais, cet étang n’est pas qu’un vulgaire bassin d’eau saumâtre qui héberge des batraciens, il est un endroit clé de la région, et même pour le pays, en plus d’être le second plus grand étang d’Europe.

Outre les différentes rivières qui se jettent dans l’étang, une en particulier a son importance : la Durance.
Initialement, la Durance se jetait dans la mer en créant un delta à l’origine de l’étang de Berre et la Crau. Mais aujourd’hui, la rivière ne se jette plus à proprement parler dans la mer.  EDF s’est en effet servi du courant de la Durance pour acheminer, par un canal de plus de 250 kilomètres, les eaux nécessaires à son activité hydroélectrique.

Une catastrophe écologique

Toutefois, si la Durance et la création du canal permet à l’usine EDF de fonctionner, cela n’est pas sans présenter de risques environnementaux. En effet, l’étang reçoit beaucoup plus d’eau douce qu’il n’en recevrait naturellement sans ce canal. De fait, les sédiments se forment plus rapidement et la salinité chute, provoquant des dégradation de l’environnement pour certaines espèces qui disparaissent peu à peu faute d’espace viable pour leur développement.
Ces rejets d’eau douce sont ainsi accusés d’affecter l’écosystème de la plus grande lagune méditerranéenne de France !

En 2004, la Cour européenne de justice a condamné la France dans cette affaire, et les quantités d’eau déversées dans le bassin par EDF ont été limitées à 1,2 milliard de mètres cube par an – l’équivalent de 300 000 piscines olympiques – contre plus de 2 milliards auparavant.

La question de l’eau comme « déchet »

En Provence, frappée par des épisodes de sécheresse liés au réchauffement climatique, ces rejets « comme un déchet » de centaines de millions de mètres cubes d’eau douce font bondir les agriculteurs !
N’y aurait-il pas une meilleure valorisation à faire de cette précieuse ressource ?
D’autant que d’ici 2050, l’eau devrait diminuer de 15% dans tout le bassin de la Durance, qui alimente en eau potable 3 millions de personnes, permet d’irriguer 100 000 hectares de terres agricoles et de faire tourner des industries.
« Aujourd’hui , avec les épisodes de canicule et de sécheresse à répétition, c’est tout simplement hallucinant de gaspiller un milliard de m3 d’eau douce, comme un vulgaire déchet, alors qu’à une dizaine de kilomètres on manque cruellement d’eau pour l’agriculture », dénonce pour sa part Franck Mourgues, président de la Coordination Rurale des Bouches-du-Rhône.

Des pistes étudiées pour récupérer l’eau

La perspective de pouvoir « récupérer » l’eau plutôt que de la déverser dans l’étang de Berre doit selon lui être une priorité, alors qu’une sécheresse dramatique, s’annonce une nouvelle fois dans le département, voire dans toute la région. « Il devient urgent de trouver comment utiliser cette eau pour des usages agricoles ou pour répondre aux besoins des populations ».

Parmi les pistes envisagées, la préfecture réfléchit notamment à la création d’une dérivation vers plaine de la Crau, dont l’eau d’irrigation recharge une nappe phréatique desservant 270 000 habitants. Autre piste, l’étude : la création d’un nouveau canal partant de la centrale de Saint-Chamas. Toutefois, les travaux coûteraient des centaines de millions d’euros, voire plus d’un milliard.

> Le sujet est tel que de folles rumeurs avaient circulé sur la récupération de cette eau, avec notamment un supposé échange contre du pétrole au Moyen-Orient.

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