Le vendredi 23 mai, une réunion en audioconférence s’est tenue à l’initiative de la préfecture pour faire le point sur la prédation et les moyens mis en œuvre. Si M. le préfet s’est montré ouvert et constructif, la DDT a, une nouvelle fois, bloqué de nombreuses avancées attendues par les éleveurs.
La Coordination Rurale a participé à une réunion en audioconférence avec les services de l’État, organisée le vendredi 23 mai, pour évoquer la situation préoccupante liée à la prédation dans le département. Autour de la table virtuelle : M. le Préfet, son Directeur de Cabinet, la DDT, l’OFB, la Chambre d’agriculture, et les syndicats agricoles (FDSEA, JA, Confédération paysanne, CR). La Coordination Rurale était représentée par Stéphanie Lefebvre et Serge Jousselme.
Des attaques récentes inquiétantes
Deux événements ont été signalés lors de la réunion :
- Une attaque confirmée sur Saint-Hilaire à Ancelle le 22 mai
- Une tentative de prédation, qualifiée de « loup manqué », survenue le 17 mai sur Ancelle.
Ces événements s’ajoutent à une série d’attaques qui fragilisent durablement les élevages et entretiennent un climat de tension permanente pour les éleveurs.
Des moyens déployés… mais peu efficaces
Depuis deux semaines, une brigade mobile est en place dans la zone concernée. Une demande a été faite pour prolonger sa présence d’une semaine supplémentaire, mais aucune confirmation de son retour n’avait été reçue à la date du 23 mai.
Mais selon Serge Jousselme, le constat est clair : l’efficacité de cette brigade reste à démontrer.
Un arrêté en préparation… avec des espoirs et des freins
Un arrêté ministériel est actuellement en consultation publique jusqu’au 10 juin. Il pourrait entrer en vigueur fin juin ou début juillet, avec des modifications concernant les tirs de défense, notamment pour les ovins. Les Tirs de Défense Simples (TDS) restent possibles pour les éleveurs ovins, à condition d’être en règle.
Concernant les bovins, la situation est encore plus complexe. M. le Préfet a rappelé qu’il ne peut, pour l’instant, signer d’arrêté de tir pour leur protection, en raison du vide juridique entre l’arrêté du 21 février 2024 et celui du 7 février 2025, en cours de consultation publique.
Durant cette période (20 mai – 10 juin), aucun des deux arrêtés n’est applicable, ce qui laisse les éleveurs bovins sans protection réglementaire.
Des solutions provisoires pourraient être envisagées si elles sont rigoureusement encadrées et validées par la DDT et la préfecture.
Sur ce point, le Préfet s’est montré favorable, tandis que la DDT a exprimé des réticences marquées, ralentissant toute perspective d’application.
Des blocages persistants du côté de la DDT
La Coordination Rurale a à nouveau mis en lumière les carences du comptage des loups effectué par l’OFB, un point qui sera abordé lors de la prochaine réunion des « Préfets Loups ».
Le manque de réactivité des louvetiers et de l’OFB a également été dénoncé. Plusieurs attaques n’ont pu faire l’objet de vérifications sur le terrain à temps, en raison de lourdeurs administratives imposées par la DDT.
le Préfet a aussi rappelé que les interventions actuelles des louvetiers se font à titre dérogatoire et ne pourront pas être prolongées indéfiniment. La Coordination Rurale a cependant rappelé l’importance de maintenir ce fonctionnement dérogatoire dans les Hautes-Alpes, un point actuellement freiné par la DDT.
Des crédits d’urgence… sous-utilisés
La DDT a bien procédé à l’achat et au stockage de filets de protection. En revanche, une demande d’achat de caméras thermiques, pourtant essentielle pour améliorer la surveillance, a été refusée. Là encore, les propositions concrètes de terrain n’ont pas été entendues.
Une réunion tendue, des positions claires
Malgré le format en audioconférence, les échanges ont parfois été vifs, la DDT se montrant particulièrement tatillonne et peu respectueuse dans ses interventions.
La Coordination Rurale déplore le blocage systématique d’une administration plus préoccupée par la procédure que par les réalités de terrain. À l’inverse, M. le Préfet a fait preuve d’une réelle écoute, laissant espérer des avancées si les services techniques suivent.
Nous continuerons à défendre les éleveurs, à exiger des moyens efficaces et à dénoncer les incohérences d’un système qui laisse les exploitations seules face au danger.