Les agriculteurs irrigants de la Coordination Rurale Auvergne Rhône-Alpes alertent sur les difficultés que rencontrent de nombreuses structures collectives d’irrigation.

Ces dernières prennent la forme d’associations syndicales autorisées (ASA) sous statut d’établissements publics administratifs et permettent la gestion en commun, à l’échelle du territoire, de l’eau d’irrigation.

Depuis la fin de l’année 2021 et la hausse du prix de l’énergie, ces structures sont particulièrement en difficulté. En effet, la majeure partie de leurs charges est constituée des achats d’électricité pour le fonctionnement des pompes.

Vous trouverez ci-dessous un exemple de ce que cela représente pour une ASA située sur la région Auvergne-Rhône-Alpes.

  • En 2020 : 0,768 kW/m3, 0,0238 €/kW et 0,0183 €/m3 = 54,9€/ha en moyenne
  • En 2021 : 0,788 kW/m3, 0,0259 €/kW et 0,0204 €/m3 = 61€/ha
  • En 2022 : 0,766 kW/m3, 0,0798 €/kW et 0,0611 €/m3 = 183€ d’irrigation/ha

Ces estimations sont réalisées sur la base de 300 m3/ha/tour d‘eau, avec 10 tours d’eau en moyenne sur une culture (ce nombre pouvant dépasser les 15 tours d’eau les années sèches). Cela représente une hausse de charges extrêmement importante pour les agriculteurs irrigants leurs cultures : +120 €/ha en moyenne pour une culture sur 2022 avec une hausse des coûts de production totaux de l’ordre de 10 %.

C’est presque 30 % des dépenses en intrants pour une culture !

Or, les producteurs en grandes cultures sont déjà sous le coup de l’inflation du prix des intrants (engrais, GNR, machinisme, etc.), et les perspectives pour 2023 sont encore plus inquiétantes. D’autres structures signalent un prix du mètre cube passant de 12 centimes en 2022 à 60 centimes en 2023, soit un budget total passant de 216€/ha pour 10 tours d’eau à 1800€/ha, ce qui est plus que le chiffre d’affaires annuel pour un hectare cultivé.

Si les entreprises agricoles sont susceptibles d’être éligibles à différents dispositifs de limitation de l’impact de cette flambée des prix de l’énergie (bouclier tarifaire, ou encore, décret d’aide pour les entreprises énergo-intensives récemment modifié avec pour objectif affiché d’être rendu plus accessible), les agriculteurs qui utilisent les réseaux collectifs d’irrigation en ASA se trouvent, quant à eux, hors de tout dispositif.

Lors d’un courrier à Madame la Première ministre, France Grande Culture a demandé l’ouverture du dispositif d’aide aux entreprises énergo-intensives aux ASA utilisant les réseaux hydrauliques, avec effet rétroactif.

En effet, la moisson s’est révélée difficile dans de nombreux départements et certains producteurs ne sont déjà plus en mesure de payer leurs factures d’eau pour 2022. Ce dispositif permettrait également d'avoir  une meilleure visibilité sur les coûts de production pour la campagne 2023. Pour l’instant, la part des coûts irrigation reste une variable inconnue qui pourrait peser très lourd sur les exploitations !

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