La Coordination Rurale a rencontré Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture ce vendredi 19 août 2022 à la préfecture d’Angers (49). Il s’agissait pour le ministre d’avoir un retour sur la situation au sein du monde agricole. Cette réunion a eu lieu en présence des élus des organisations professionnelles agricoles : Tony Marboeuf, représentant de la CR 49, Denis Laizé, président de la Chambre d'agriculture de Maine-et-Loire, Eudes Gourdon, porte-parole de la Confédération Paysanne Pays de la Loire, Nathalie Pichaud, présidente des Jeunes Agriculteurs de Maine-et-Loire et Emmanuel Lachaize, président de la FDSEA 49 et Christiane Lambert , présidente de la FNSEA.

Tour de table des intervenants du 49

 

Intervention de Denis Laizé pour la Chambre d’agriculture du Maine-et-Loire : Le président de la Chambre d’agriculture de Maine-et-Loire a commencé par un état des lieux de la situation agricole. Le Maine-et-Loire compte 8 000 exploitations soit, en matière d’emploi, 17 500 équivalents temps plein (ETP), pour une surface agricole utile (SAU) de 440 000 ha dont 14 % en BIO. Sur le nombre total d’exploitations, 28 % sont concernées par la vente directe. Il faut souligner que seulement un tiers des exploitations a la possibilité d’irriguer soit 9 % de la SAU départementale.

Intervention d’Emmanuel Lachaize pour la Fédération Départementale des Syndicats d'Exploitants Agricoles (FDSEA 49) : Le président de la FDSEA 49 a ensuite évoqué le sujet du stockage de l’eau. Il se désole qu’il n’y ait eu que 10 dossiers acceptés en 2021. Il souhaite également soutenir la création de système des réserves collinaires. Enfin, il a rappellé que les agriculteurs sont venus aider les pompiers avec 80 tonnes à lisier lors des feux de Baugé.

Intervention de Nathalie Pichaud pour les Jeunes Agriculteurs 49 (JA) : La présidente des JA a ensuite pris la parole pour abordé le sujet de la transmission. Elle a insisté sur le fait que 50% des exploitants seront à remplacer dans les 10 ans à venir. Pour elle, le problème majeur est la « crise de vocation ». Cette dernière provoque le manque de candidats à l’installation ainsi que les problèmes d’image du métier. Il convient de le revaloriser. Elle a enfin parlé de l’artificialisation des terres agricoles avec 3 000 ha artificialisés en 10 ans et l’importance de la loi Sempastous.

Intervention d’Eudes Gourdon pour la Confédération Paysanne : Le porte-parole de la Confédération paysanne a poursuit avec le climat. Pour lui, la culture du maïs devenient un non-sens dans de telles conditions climatiques. Il souligne lui aussi l’hémorragie de la population agricole. Il a terminé son intervention en pointant les dysfonctionnements de la loi Egalim notamment liés à la filière Bio.

Intervention de Tony Marboeuf pour la Coordination Rurale du Maine-et-Loire :

« Je suis un jeune installé depuis 2021 à la suite du départ en retraite de mon père. Je suis associé à mon frère sur une structure en poly-élevage avec 90 vêlages en charolaise système naisseur. Autrement dit, il s'agit de 180 têtes sur 160 ha de terres et 8,5 ha de vigne. »

Bilan sur la situation de mon exploitation :

« 2022 est déjà une année critique notamment à cause du climat. Il y a une baisse des rendements d'au moins 50 tonnes sur le foin. Nous en avons déjà acheté 65 tonnes à 90€/t. A cela, s’ajoute la baisse des rendements de céréales de 33% sur notre exploitation qui implique une baisse du chiffre d'affaires. La sécheresse nous a obligé à alimenter les animaux aux prés 1 mois plus tôt que d'habitude. Cela représente environ 80 tonnes brutes de fourrages. Cette situation entraîne une augmentation des coûts de production avec une fertilisation a 500€/ha contre 200€/ha en 2021. Le carburant a également augmenté de plus 50€/ha et le machinisme a subi une hausse à plus de 15%. De fortes répercussions sont attendues dans l’élevage bovin avec notamment une décapitalisation importante des cheptels, l’abattage d’animaux maigres avec comme conséquence la baisse du cours de la viande. Tout ça laisse présager l’effondrement du nombre d’éleveurs ! »

Demandes au ministre :

« Aujourd'hui, les trésoreries de nos exploitations souffrent et pour autant, les banques continuent de prélever leurs remboursements de prêts, la MSA perçoit toujours les cotisations à temps et l'enveloppe PAC diminue à chaque nouvelle réforme. Dans ce contexte, je demande le report des annuités bancaires, la suppression des cotisations MSA, l’avancement des paiements PAC d’un mois. Cette dernière proposition a été refusée par le Ministre. J’ai également souhaité la mise en place de prêts de trésorerie et l’interdiction de culture pouvant nourrir l’homme ou le bétail à destination des méthaniseurs. Madame Lambert, présidente de la FNSEA m’a rapidement répondu que leurs parts étaient inférieures à 2 %. Et enfin, j’ai insisté sur la nécessité de mettre en place un plan de création de réserves d’eau pour ne plus voir partir l’eau tombée du ciel l’hiver vers la mer. »

Interventions des élus à l'échelle nationale :

Intervention de Christiane Lambert pour la Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles (FNSEA) : La présidente de la FNSEA a ensuite pris la parole. Pour elle, les différents défis de l’agriculture sont : les défis humain, alimentaire, de gestion des phytos, d’accès à l’eau, la production de protéines végétales pour l’alimentation animale et la production d’énergie. Elle a souligné l’importance des assurances contre les aléas climatiques et la loi Sempastous.

Intervention de la députée Anne-Laure Blin : La députée a insisté sur le fait que les producteurs n’ont pas ressenti d’augmentation de prix suite à la mise en place de la loi Egalim et que, notamment sur la filière fruits et légumes, les producteurs se plaignent de la concurrence étrangère et de la « francisation » des produits. Elle a aussi abordé le sujet de la grippe aviaire et des indemnisations des producteurs en zones « saines » et dont la production est en suspens.

Intervention de Marc Fesneau, Ministre de l’agriculture :

Transmission et installation :

Il évoque une Loi d’orientation prévue pour 2023 et souhaite travailler dans le sens de l’amélioration de l’image du métier et de la valorisation de notre travail.

Foncier :

Il ne veut pas faire de la loi Sempastous une loi « foncière » mais veut effectivement encadrer l’accès au foncier.

Egalim :

Il reconnaît que la loi Egalim n’apporte pas les effets escomptés. Le Ministre souligne cependant que la guerre en Ukraine et la crise qui en découle n'étaient pas prévisibles.

PAC :

Il m’a répondu directement sur le sujet de l’avancement du paiement de la PAC. Ce n'est pas envisageable puisque la France est déjà le pays qui paie le plus tôt, le 16 octobre.

Filières :

De manière générale, il ressort 2 filières en crise : la filière bovins lait et la filière bio. Sur la grippe aviaire, il répond à Mme la députée en demandant la remontée des dossiers dont les élevages sont en zones saines et donc sans indemnités prévues mais dont la production est arrêtée. Il rappelle que le niveau d’intervention de l’État dans cette filière est déjà très élevé et appelle à la dédensification des élevages dans certaines régions.

Gestion de l’eau :

Sur la gestion de l’eau, il évoque des réserves multi-usages. Il ne précise cepandant pas de quel type de réserve il s’agit. Il évoque l’augmentation de l’utilisation des eaux usées et de l’eau des canaux. Lundi 22 août s'est tenu un comité sécheresse dans laquelle des aides d’urgence ont été proposées en attendant le dispositif de calamités agricoles.

Assurances :

Concernant les assurances, il ne souhaite pas les rendre obligatoires mais veut faire un modèle qui fonctionne et soit attractif.

Incendies :

Il a terminé sur le plan des incendies en disant que les incendies de forêts représentent 15% des émissions de gaz à effet de serres dans le monde cette année. Il veut engager un travail sur le fait de mieux entretenir les forêts, mieux les repeupler et créer des réserves d’eau en les incluant dans les plans locaux d’urbanisme intercommunal (PLUi). Un dispositif pour indemniser les agriculteurs ayant aidé les pompiers est également à l’étude.

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