Les quelques heures que Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture aura passées dans les Pyrénées-Orientales le samedi 6 mai ne pouvaient pas changer le cours de l’Histoire mais elles ont laissé quelques portes ouvertes.

L’État assumera sa part

Dans la pratique, le ministre a annoncé plusieurs choses. La première, c’est que tout allait être étudié pour laisser un peu d’eau à l’agriculture. Ne s’aventurant guère au-delà de cette intention, il s’en remet au travail mené depuis des semaines par le préfet des Pyrénées-Orientales et la profession agricole.
Le ministre a en effet indiqué l’importance de prévoir un « débit agricole minimal », à savoir le maintien d’un apport en eau qui permet de sauvegarder l’activité agricole sur le territoire et donc d’assurer notre souveraineté alimentaire. L’irrigation est nécessaire en arboriculture pour garantir la survie même des arbres. Pour les cultures permanentes en effet, la survie de la plante permet d’éviter une perte pour l’exploitant sur plusieurs années. Un tel débit répond au souci immédiat de limiter les impacts de la sécheresse.

Afin de donner dès à présent des perspectives pour conforter la trésorerie des exploitations, le ministre a également souligné que seront aussi accordés le dégrèvement d’office de taxe sur le foncier non bâti et un report de cotisations sociales pour les agriculteurs concernés. La France demande aussi à l’Union européenne une augmentation des taux d’avance des aides de la PAC qui seront versées à compter du 16 octobre.

Enfin, la réforme de l’assurance récolte, entrée en vigueur au 1er janvier dernier, permettra de couvrir en partie les pertes, y compris pour les agriculteurs qui ne sont pas assurés. Ainsi, toutes les productions fortement affectées par la sécheresse dans les prochains mois bénéficieront d’une indemnisation dite de « solidarité nationale » (ISN) à l’issue de la période de production : aucune décision administrative de restriction d’irrigation ne viendra limiter cette indemnité.
Le ministre a également rappelé, au-delà de la gestion immédiate, l’importance d’une réflexion à moyen et long termes, pour mobiliser la ressource en massifiant, comme demandé par le président de la République, la réutilisation d’eaux non conventionnelles pour l’activité agricole et l’agroalimentaire.

Gestion du barrage

La question de la gestion des barrages, au centre de toutes les polémiques depuis plusieurs semaines, a été abordée par le ministre : « Nous avons besoin de préserver la ressource en eau et aujourd’hui, il faut que nous regardions comment améliorer collectivement la gouvernance de la gestion de ces réserves. » Aucun engagement par contre du côté de la création de nouvelles réserves : « Est-ce qu’il y a des ouvrages qui font défaut ? Il faut aussi regarder cela. » a t-il demandé avant de préciser qu’il était disposé à faire en sorte que le plan France 2030 puisse permettre de développer des systèmes plus économes en eau dans les exploitations.
Suite à la visite du ministre de l’Agriculture, le préfet des Pyrénées-Orientales, Rodrigue Furcy a publié l’arrêté le mardi 9 mai, encadrant le passage en situation de crise sécheresse pour les bassins de l’Agly et de la Têt. Il succède à un régime d’alerte renforcée, mis en place depuis fin février.

Pour la majorité des habitants des Pyrénées-Orientales, mais aussi pour les professionnels de nombreux secteurs, ce passage en crise implique des restrictions plus dures quant à l’usage de l’eau. Interdiction de remplir sa piscine ou d’arroser sa pelouse, interdiction pour les collectivités d’abreuver les plantes et arbustes des ronds-points ou les greens de leurs terrain de golf, la liste est longue ! Mais pour les agriculteurs, des aménagements sont prévus.

Usages agricoles, voici ce que vous pourrez encore faire sur vos exploitations :
– Abreuver des animaux, sans restriction
– Arroser des cultures maraîchères en plein champs en réduisant de 80 % les prélèvements en système d’irrigation gravitaire, de 50 % en système d’irrigation localisée, ou de 40 % pour les cultures sous abri
– Arroser des cultures hors-sol en réduisant les prélèvements de 30 %
– Arroser des arbres, arbustes et vignes plantés de moins de 3 ans en réduisant les prélèvements de 50 %
– Arroser des arbres, arbustes et vignes en réduisant les prélèvements de 80 % pour les systèmes d’irrigation gravitaire et de 50 % en système d’irrigation localisée (goutte à goutte, micro aspersion).

L’ensemble des restrictions, des cartes et des plannings d’arrosage sont à retrouver ici

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