La filière vin se sent rassurée de voir ses solutions concernant l’arrachage, les PGE et la distillation prises en compte. L’État a en effet promis une aide de 160 millions d’euros pour la filière vinicole cette année. Cependant elle se révèle déjà bien en deçà des attentes de la profession.

« La filière vitivinicole traverse actuellement une crise conjoncturelle dans le contexte d’inflation lié à la guerre en Ukraine qui exacerbe des difficultés structurelles dans certains bassins viticoles et couleurs de vins », a écrit le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau dans un communiqué.
« Pour accompagner la filière, majeure pour l’économie française, une campagne de distillation sera engagée dès cet été grâce au déblocage dans la limite des montants autorisés par les dispositions européennes de 40 millions d’euros de crédits nationaux complétés de 40 millions de l’enveloppe de financements européens (FEAGA) », indique Marc Fesneau qui prévoit une seconde campagne de distillation à partir d’octobre pour atteindre un maximum de 160 millions d’euros en 2023.

L’objectif étant de distiller autour de 2,5 millions d’hectolitres de vin, principalement du rouge.

La dernière campagne de distillation mise en place à l’été 2020 avait aidé les viticulteurs français à écouler les excédents constitués au début de la pandémie de coronavirus en raison de la fermeture des bars et restaurants dans le monde entier. Ils avaient été transformés en alcool pour fabriquer du bioéthanol, des parfums ou du gel hydroalcoolique. Dans le Bordelais, 500.000 hectolitres avaient été distillés.

Une mesure qualifiée de « poudre aux yeux » par la Coordination Rurale de l’Hérault

Une « réelle aide » admettent les viticulteurs, mais qui « ne suffira pas sur le long terme ».
Monsieur Marié, viticulteur dans l’Hérault, invite à prendre en compte les différences selon les vignobles. Il constate que dans le Midi, les viticulteurs choisissent plutôt de distiller, alors que dans le Bordelais, ils veulent plutôt arracher 10.000 à 15.000 hectares parce qu’il y a des fins de parcours professionnels : « On voit aussi qu’il y a un surplus de production d’un million d’hectolitres », remarque encore Monsieur Marié « L’idée est d’avoir un fonds pour accompagner ces viticulteurs, car beaucoup n’ont pas les moyens d’arracher. À côté de ça, on continue de subventionner la plantation. Mais il est clair qu’il y a un vrai problème de fond, on produit trop et le marché n’absorbe pas assez. A trop produire, les vins sont de moins bonne qualité et à qualité égale, nous ne sommes pas du tout compétitifs avec le marché mondial. Sur le long terme, ce ne sont pas des aides qu’il nous faut, le Gouvernement doit interdire l’importation de produits qui ne sont pas soumis aux mêmes contraintes que les agriculteurs français. »

Une rémunération en berne pour le collectif audois

Face aux hausses continues des coûts de production, le collectif de vignerons audois a manifesté son mécontentement vis-à-vis d’une rémunération des vins à l’arrêt le mercredi 8 mars. Une manifestation dont l’objectif était de dénoncer l’absence de progression des prix du vin alors que l’inflation frappe de plein fouet la filière. Mais aussi les charges et contraintes imposées par le gouvernement à la profession. « Depuis un an, nos charges ont augmenté de 35 à 40 % . Tout ça pour qu’on nous achète nos vins moins cher ! Nous attendons des solutions pour mieux rémunérer notre production, sans quoi l’équation restera insoluble et la viticulture se retrouvera par terre. C’est impossible de continuer dans cette situation », lance Frédéric Rouanet, président du syndicat des vignerons de l’Aude. « Certes, les mesures conjoncturelles de distillation et structurelles d’arrachage annoncées par le Gouvernement vont permettre d’épurer les surplus actuels, mais si derrière le prix du vin n’augmente pas, on fait quoi ? On ne va pas distiller tous les ans ! Outre les charges incontournables de production en augmentation (GNR, intrants, matériel…), il y a les contraintes environnementales. Elles nous coûtent cher, nous demandent du temps, sans jamais être rémunérées. C’est valable pour la HVE, mais également pour le bio, vers lequel les vignerons ont été encouragés à aller, pour se retrouver à présent avec des prix de bio eux aussi en souffrance. Si on nous l’achète moins cher, le consommateur paye le vin plus cher qu’il y a un an. Cela n’aide pas alors que nous sommes dans une tendance de déconsommation » rebondit le responsable syndical.

Il est vrai que la consommation de vin en France a encore baissé cette dernière décennie, confirmant la tendance amorcée depuis 30 ans. En effet, elle est passée de 100 litres par habitant et par an en 1975 à 40 litres aujourd’hui. Ce constat général cache cependant des différences radicales entre les générations, qui n’ont ni les mêmes habitudes de consommation ni les mêmes goûts.

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