J’ai 75 ans, j’ai beaucoup voyagé au cours de ma vie professionnelle, que ce soit en Afrique, au Sahel et en Amérique du Sud. J’ai remarqué que les gens là-bas ombrageaient leurs cultures sous des châssis et de feuilles de bois. Cela a tout de suite interpellé ma curiosité. Je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire à partir de ce modèle, car dans l’Aude aussi, nos cultures souffrent de trop d’exposition au soleil l’été, et d’un déficit l’hiver. Ainsi, le projet photovoltaïque m’a paru être une évidence. Il permet, entre autres, d’éviter le stress hydrique en période de grosses chaleurs, et de fournir de l’énergie électrique.

J’ai choisi de mettre en plus de mes pieds de vignes, des grenadiers sous les panneaux. La variété plantée (« Régulate ») est très performante, avec des grenades de belle taille et de bonne qualité. Elles permettent une production d’environ 50 tonnes à l’hectare, ici je peux être à 70T/l’ha. Les fruits ont produit sur une période de 2 mois. Le marché est ouvert, je produis des jus et je revendrai les coques qui contiennent de la théobromine (molécule très proche de la caféine) aux laboratoires pharmaceutiques. La grenade est également résistante au gel. Des arbres ont été plantés pour s’étaler dans le même sens que l’ombrière et permettront une augmentation du volume de végétation et de rendement. Sur le projet viticole, nous avons décidé avec le prestataire de planter un cépage de cuve, le « merlot ». J’aurai préféré du raisin de table, pour une meilleure exploitation du produit. Mais nous allons essayer par le captage des ombrières d’éviter les « coups de soleil », nous permettant d’obtenir des récoltes de meilleure qualité avec de bas rendements.

Les détails techniques du projet :

Débuté en 2021, le projet s’étend sur 3000m², 87 kilowatts de puissance installée sur 288 panneaux. Une station météorologique est implantée sur la parcelle et permet de visualiser en temps réel les données et les prévisions. Cela permet notamment d’avoir des données sur l’évapotranspiration et le VPD (déficit de pression de vapeur). De plus, la récolte de ces données va permettre aux chercheurs de développer des algorithmes en fonction des besoins de la parcelle. Sur un projet similaire dans le VAR avec un recul sur 3 ans, la présence des panneaux a permis de réduire la température de 2°C entre 11h et 16h. De bons résultats ont également été observés pour la protection des cultures au gel avec une augmentation des températures au sol.

Il est également possible d’utiliser la structure des panneaux pour palisser ou poser des filets pour la grêle. Un décalage de la période de débourrement a été observé avec la présence des panneaux. Enfin, l’installation permettrait une économie de 30 % des besoins en eau par rapport à une culture non couverte. La location de mon terrain par l’opérateur va m’apporter pendant 30 à 40 ans, un bon revenu complémentaire qui sécurisera mon travail.

Je suis ravi de mon installation, qui témoigne de l’évolution des pratiques en agriculture et de son adaptation aux changements climatiques. Ce projet vertueux a entraîné une réflexion au niveau de la commune, qui mène une étude pour mener un projet similaire de panneaux sur une parcelle agricole lui appartenant. L’agrivoltaïsme est en train de démarrer et il va certainement permettre de maintenir, et peut-être même permettre l’installation de jeunes agriculteurs. Une installation avec une partie de leur revenu sécurisé sera facilitée. Nous avons le choix de nous nourrir mais aussi de nous chauffer et de faire fonctionner de nombreux appareils de la vie de tous les jours. L’agrivoltaïsme permet d’obtenir les deux, faisons-lui confiance !

 

Jean-Philippe RIVES, Viticulteur à Villemoustaussou et Vice-président de la CR11

  panneaux photovoltaïque RIVES

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