Mêler énergies renouvelables et agriculture, tel est le challenge que l’agrivoltaïsme se fixe pour les années à venir. Dans le cadre d’une recherche de bénéfices mutuels, fournisseurs d’énergie renouvelable solaire et agriculteurs devront travailler main dans la main pour un monde meilleur.

Utopie ou réelle opportunité ? Qu’est-ce que l’agrivoltaïsme ?

Depuis le 10 mars 2023, le concept d’agrivoltaïsme a été défini par l’article L. 314-36 de la loi n°2023-175 (1) relative à l’accélération de la production d’énergies renouvelables.
Pour faire simple, le concept d’agrivoltaïsme consiste à installer des panneaux photovoltaïques sur les terrains agricoles et ce, en association avec les grandes cultures, le maraîchage, l’élevage ou la viticulture afin de produire de l’électricité, en priorité dédiée au fonctionnement des exploitations agricoles concernées.
Autrement nommée « agriculture photovoltaïque » ou « agri-photovoltaïque », cette installation doit avant tout être utile à l’agriculture, la production d’électricité n’étant que secondaire.

Première centrale agrivoltaïque au monde (vignes, France) - (Agrivoltaïsme / wikimedia.org)

Sur le papier, ces centrales photovoltaïque ne tournent donc quasiment jamais à plein régime puisqu’elles doivent servir l’agriculteur au niveau de :
– l’amélioration du potentiel et de l’impact agronomique
– l’adaptation au changement climatique
– la protection contre les aléas
– l’amélioration du bien-être animal.

En réalité, les bénéfices sont mutuels pour les deux parties :
le producteur d’électricité qui trouve facilement un terrain exploitable sur du long terme
l’agriculteur qui ombrage son bétail ou ses cultures sous les panneaux et perçoit un loyer fixé pour de nombreuses années par l’entreprise gérant le système photovoltaïque. Le loyer varie en fonction de la superficie, mais aussi du relief du terrain et de la capacité de se brancher rapidement à une base électrique. La mise en place de l’installation est à la charge du fournisseur d’énergie.

Bétail à l'ombre sous des panneaux photovoltaïques (agrivoltaïsme) - (Merrill Smith. – U.S. Department of Energy / wikimedia.org)

Comment fonctionne cette agriculture photovoltaïque ?

Les ombrières constituées de panneaux photovoltaïques se veulent des outils agricoles adaptés selon les besoins de l’agriculteur par les ingénieurs agronomes et les industriels de l’énergie (hauteur des panneaux, largeur des rangs, panneaux orientables…). Toute l’installation est réalisée sur-mesure par rapport à la culture spécifique. Les panneaux, grâce à des capteurs et des petits moteurs (trackers), sont inclinés selon les besoins et les variations climatiques à l’horizontale ou à la verticale pour laisser passer plus ou moins de lumière sur les cultures.
Les bénéfices sont importants :
– ombre en cas de fortes chaleurs pour les cultures, donc moins d’arrosages
– confort à la production pour l’agriculteur
– protection contre le gel ou la grêle.

Culture de tomates sous des panneaux solaires - agrivoltaïsme - (Asurnipal / wikimedia.org)

Controverses liées à l’agrivoltaïsme

Les opposants à l’agrivoltaïsme y voient une manière insidieuse pour les industriels de convertir au fil des années les terrains agricoles en centrales énergétiques uniquement. Une définition officielle stricte et claire de ce nouveau domaine venant d’être établie au niveau national, nous pouvons espérer que les éventuelles dérives et autres spéculations foncières pour le rachat des terres agricoles non reprises après les départs en retraites soient sous surveillance accrue afin de ne pas compromettre notre sécurité alimentaire au profit du revenu produit par les fermes photovoltaïques sur des terrains agricoles laissés à nu.

L’industrialisation des terres est également pointée du doigt, ainsi que l’impact visuel en pleine campagne que de telles installations imposent, alors qu’elles pourraient être installées sur les hangars, les toitures des centres commerciaux et des bâtiments industriels.

Agrivoltaïsme en Allemagne : impact sur le paysage - (Tobi Kellner / wikimedia.org)

« Quels paysages pour la Piège ? »

Entre une Commission départementale de préservation des espaces naturels, agricoles et forestiers (CDPENAF) qui a rendu un avis défavorable le mardi 11 avril et une réunion d’information publique organisée par l’association « Quels paysages pour la Piège », le 12 avril, le projet agrivoltaïque de Total Énergies porté sur une superficie totale de 172 ha sur quatre communes de La Piège fait face à une opposition qui ne faiblit pas.
Les principales oppositions sont liées aux risques de perte ou modification d’habitat pour les oiseaux, la perte de biomasse, un effet défavorable sur la diversité et l’abondance des insectes, ou encore les risques d’érosion et une forte hétérogénéité des teneurs en eau des sols, sans oublier l’impact sur les paysages, le tourisme, et la question du devenir des terres agricoles, une fois l’exploitation de 30 ans achevée.
Une fois de plus, c’est en s’interrogeant sur la dimension du projet que l’association porte le fer, en rappelant l’état des lieux du solaire livré fin janvier 2023 par le préfet de l’Aude, avec 196 mégawatts crête (MWc) de puissance déjà installés, 280 MWc autorisés et purgés de tout recours. « Le maximum que l’on puisse rajouter c’est 100 Mwc », estimait alors le représentant de l’État. « Avec ses 75 MWc, le projet Total représenterait 40 % de ce qui est déjà installé sur tout le département », pointe Benjamin Flageolet, trésorier de l’association « Quels paysages pour la Piège ? ». Une dimension « industrielle » qui fonde une grande part du rejet.

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