Dans son rapport sur les revenus d’activité des non-salariés en 2017, l’Insee aborde l’ensemble des secteurs. Si l’Institut semble pouvoir comparer l’ensemble des revenus des commerçants, des architectes ou des coiffeurs, force est de constater qu'il est bien obligé de séparer les revenus du secteur agricole.

L’Insee annonce que les non-salariés non-agriculteurs voient dans l’ensemble leurs revenus augmenter alors qu’au contraire, l’institut de statistiques confirme la situation catastrophique des agriculteurs qui ne s’explique que par le plan social appliqué au monde agricole depuis des années. Ces informations sont d’autant plus choquantes qu’il est question d’un secteur d'activité vital pour la population.

Un revenu en berne

Quasiment 20 % des agriculteurs imposés au réel déclarent un revenu nul ou déficitaire. Mais cette part est plus marquée en grandes cultures (30 %) où le revenu d’activité moyen reste extrêmement faible en 2017 : 980 € par mois aides PAC comprises.

Il faut compter 7 000 agriculteurs de moins entre 2016 et 2017 avec une baisse plus marquée chez les éleveurs. 28 % des producteurs d’ovins, caprins, équidés et autres animaux déclarent un revenu nul ou déficitaire ! Pour eux, le revenu d’activité moyen n’est qu’à 620 € par mois, aides PAC comprises...

13 % des agriculteurs cumulent leur activité avec une activité salariée. Les cessations se multiplient, le manque de renouvellement est flagrant et les suicides sont malheureusement nombreux…

Un plan social invisible

C’est un véritable plan social « invisible » et rampant auquel nous assistons puisque les personnes disparaissent individuellement, dans leur coin, sans jamais donner matière à un sujet pour les médias qui passeront de toute façon très rapidement à autre chose.

Comment ce secteur vital a-t-il pu être aussi patiemment et efficacement neutralisé par les gouvernements successifs depuis les années 90 ? Les décideurs qui se sont succédé ont réduit les agriculteurs à des assistés vendant à perte et subsistant tant bien que mal grâce à des aides controversées. Il est vraiment révélateur de la perte dommageable d’un élémentaire bon sens de la part des gouvernants. Ils vont jusqu’à oublier que se nourrir impose de disposer de nourriture obligatoirement produite ailleurs que dans les rayons ou étals, les temps de cueillette et de chasse étant révolus.

Plan social et indifférence des décideurs ?

À la lettre ouverte d’Yvette Lainé sur les suicides, la réponse de l’Élysée laisse un grand vide. Après avoir dit que les agriculteurs sont la fierté de nos territoires et la garantie de notre souveraineté alimentaire, on est heureux d’apprendre qu’ils peuvent compter sur le soutien de l’État, notamment grâce à la loi EGA, aux plans de filières et la montée en gamme. Pourtant, sur le terrain, la situation ne cesse d’empirer et la loi EGA effective depuis maintenant 1 an n’a eu aucun effet sur les trésoreries de nos exploitations.

Sachant que l’Europe n’est pas auto-suffisante sur le plan alimentaire, il est de la responsabilité des institutions et des gouvernements européens, qui planchent actuellement sur une nouvelle PAC, de prendre à bras-le-corps la rémunération du secteur le plus stratégique et vital de l’Union européenne.

Les aides de la PAC ont jusqu'ici été captées par les industriels. Il s'agissait donc plutôt de politiques visant à les aider à pouvoir être compétitifs à l'export grâce à des matières premières payées sous leurs coûts de production !

Pour remédier à ce plan social, il est aussi nécessaire de sortir de cette logique ultralibérale qui tue les agriculteurs français et européens. La Coordination Rurale maintient que la politique européenne doit protéger et réguler les productions pour assurer des prix rémunérateurs aux producteurs.

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