C’est dans sa permanence à Alençon que la députée Chantal Jourdan a reçu ce lundi matin une délégation d’agriculteurs de la Coordination Rurale de l’Orne.

Une audience qui n’avait rien d’anodin en ces temps tendus et qui avait pour objectif d’attirer l'attention de madame Jourdan sur quatre sujets sur lesquels les députés auront sans doute à légiférer dans les prochains mois.

Tout d’abord, le sujet de la poursuite de la loi EGAlim 2 engagée lors du premier quinquennat a été évoqué. Bien qu'il soit ambitieux de vouloir régler par une loi nationale la question de la rémunération des agriculteurs qui dépend malheureusement des cours mondiaux et des accords multilatéraux ou bilatéraux, les textes actuels offrent une possibilité de dérogation aux interprofessions qui exclut trop facilement certaines filières de production. De plus, les formules de révision des prix doivent être mises en place. " Nous avons insisté sur le besoin d’augmenter la rémunération des éleveurs laitiers," indique Marc Rivière, secrétaire général de la CR61. "Cette année, certains éleveurs n’auront pas d’autre choix que de vendre leur cheptel ne pouvant pas acheter d’aliment, par manque de trésorerie, car il est trop cher. Il devient urgent de garantir aux producteurs des prix rémunérateurs, ".

Ensuite, ce fut l’obligation de la séparation du conseil et de la vente des produits phytopharmaceutiques imposée par la première loi EGAlim. « Au 1er janvier 2024, tous les agriculteurs devront avoir bénéficié d'un Conseil stratégique phytosanitaire (CSP) » s’insurge Thierry Coupey, président de la CR61. « Or, certains d’entre nous sont dans un désert de conseil. Nous avons demandé à la députée de nous soutenir et de remettre en cause le principe de séparation entre la vente et le conseil et/ou de revoir cette loi qui ne pourra être effective. Nous en avons profité pour évoquer également l’article 44 de la loi EGAlim1, qui n’est toujours pas appliqué. Les dispositions de cette loi pourraient permettre aux agriculteurs de faire face à moins de concurrence déloyale. Comme l’interdiction de commercialiser en France des denrées produites à l’aide de substances interdites en UE. »

Puis, le texte d’orientation et d’avenir agricole axé autour de l’installation, la transmission et l’accès au foncier, attendu depuis plusieurs années, qui devrait être mis en chantier dans les prochains mois, a été abordé. La Coordination Rurale espère prendre pleinement part aux délibérations qui seront alors engagées et proposer, entre autres, la réinstauration du crédit transmission permettant un accès à la propriété immédiat couplé à un paiement progressif, le tout sans intermédiaire.

Enfin, le chèque alimentaire. Pour la Coordination Rurale, tel qu’il est pensé aujourd’hui, ce chèque ne permettra pas de répondre aux attentes de la société. Par contre, la possibilité d’un fléchage sur les produits français semble opportune pour soutenir l’agriculture, et indirectement, la souveraineté alimentaire.

« A la Coordination Rurale de l’Orne, nous poursuivons notre mobilisation et espérons que d’autres députés prendront le temps de nous recevoir. Avec cette rencontre, nous voulions échanger sur les sujets qui nous tiennent à cœur et qui, pour nous, auront un impact direct sur l’avenir de notre métier » explique Yvette Lainé, vice-présidente de la CR61.« Nous avons également brossé à madame la députée, un tableau complet de l’agriculture du département en soulignant les principales difficultés que nous pouvions rencontrer avec nos collègues et nous l’avons sensibilisée sur les mutations que connaît l’agriculture. Les aléas climatiques ont été évoqués, inondation, grêle, sécheresse, qui se sont multipliés en 2022. Pour certaines exploitations agricoles, c’est, encore une fois, un revenu compromis et une remise en question de la survie de leur outil de production. L’installation des jeunes et des moins jeunes aussi, avec la volonté de garder des exploitations à taille humaine et d’accompagner, d’encadrer et de soutenir les installations, particulièrement celles des néoruraux pour qu’ils ne baissent pas les bras face à la réalité du terrain. Et pour finir, les énergies renouvelables qui entrent directement en concurrence avec l’élevage. Madame Jourdan en a conscience, des solutions sont à imaginer d'urgence pour répondre à ces difficultés. Nous la remercions pour son écoute et son accueil. »

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