Comme nous l’a rappelé la crise Covid, l’agriculture est un domaine essentiel au même titre que l’industrie et l’énergie. Pourtant, notre pays est en train de liquider de nombreux secteurs de notre agriculture. J’aime à rappeler qu’en 10 ans, nous avons perdu, pas 10, pas 100 mais bien 100 000 exploitations. Mais tout va bien !

Le poète Grégoire Lacroix a dit : « Ce qui est exceptionnel dans la vie c’est qu’elle arrive à être précieuse sans être rare, ce qui est rare ! ». Ce qui est rare en agriculture, c’est exceptionnel : c’est la famine et elle arrive à rendre précieux ce que nous produisons, ce qui est rare ! Mais quand cela arrive, il est souvent trop tard ! Aujourd’hui, environ 20 % de l’alimentation nationale sont issus des importations agricoles et agroalimentaires. Entre 2000 et 2021, nous sommes passés de 28 à 61 milliards d’euros d’importations. Mais tout va bien !

D’ici 2026, un agriculteur français sur deux sera en âge de partir à la retraite et le renouvellement des générations est loin d’être assuré. Depuis des années, nous voyons des politiques agricoles s’enchaîner. Tantôt on nous met des bâtons dans les roues, tantôt des rustines et on nous demande de pédaler sans rien gagner en mettant dans notre chariote une bande de minorités décideuses telle que les bobos écolos, des altermondialistes utopistes et des animalistes convaincus. Mais tout va bien !

Ajoutons le changement climatique, la perte des surfaces de terre agricole, la chute du nombre d’agriculteurs… Mais tout va bien !

Tout va bien, un petit tout va bien… parce que l’agriculture est malade. À la Coordination Rurale, nous défendons un système agricole indépendant et rémunérateur. Nous devons retrouver des prix rémunérateurs. Nous devons rester maîtres de notre outil de travail et surtout, il faut que la France protège son agriculture, comme elle protège son art. L’exception agriculturelle peut être une solution. Il en va de notre souveraineté alimentaire. Il est difficile de manquer de Doliprane, dangereux de manquer d’amoxicilline, mais qu’en sera-t-il quand nous ne pourrons plus manger ! Les amis, tout ne va pas bien.

Jean-Jacques Pesquerel – Polyculture-élevage bovin lait
Président CR 14

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