Au lendemain de la mobilisation devant l'usine Danone de Ferrières-en-Bray, les sections de la Coordination Rurale du Calvados et de la Manche ont répondu à l'appel de l'organisation des producteurs de lait des Trois-Vallées à se mobiliser, ce mercredi 26 janvier 2022, devant les portes de l'usine Danone au Molay-Littry pour demander une revalorisation du prix du lait.

Un prix payé aux producteurs déconnecté de la réalité et des coûts de production

Le cœur du problème est le prix de base offert par Danone. Avec un prix de base autour de 338 euros pour 1000 litres de lait et un volume de primes se situant en moyenne à 40 euros, les producteurs laitiers sont donc rémunérés à un prix avoisinant les 378 euros. En sachant que le CNIEL a établi un prix de revient du lait estimé à 405 euros, il n’est pas difficile de se mettre à la place des éleveurs et de comprendre leur colère.

Les charges qui ne cessent d’augmenter et les agriculteurs manquent de solutions. Avec la hausse du prix des aliments, des intrants, des dépenses liées aux frais d’élevage et avec des exigences environnementales de plus en plus restrictives, les producteurs sont au bord de la rupture.

Sans véritable changement pour inverser la tendance, le risque est de voir encore plus d’éleveurs arrêter leur activité. La diminution du nombre d’exploitations ayant des vaches laitières en Normandie entre 2010 et 2020 (-37%) devrait pourtant servir d’avertissement significatif.

Le conseil d'administration de l'OP des Trois-Vallées en première ligne

Les négociations entre l’Organisation de Producteurs des Trois-Vallées et Danone durent déjà depuis plusieurs semaines et la situation est de plus en plus difficile à vivre pour le conseil d’administration de l’OP. Entre les attentes légitimes des producteurs et les représentants de Danone, Damien Lecuir, président de l’OP a exprimé ses remerciements à la Coordination Rurale, producteurs et autres forces en présence, pour leur soutien « face aux coups de bâton de la part des industriels » puis leur a livré un résumé des négociations effectuées jusqu’à présent.

L’objectif des négociations est de pouvoir garantir aux producteurs une rémunération avoisinant les 400 euros (primes comprises) pour l’année 2022.

Il semble difficile d’obtenir une rémunération plus avantageuse car selon l’OP des Trois-Vallées, il faudrait que Danone revalorise le prix de vente industriel de ses produits afin de faire passer un maximum de hausses dans le cadre des négociations actuelles. Ce que Danone refuse de faire car la particularité de l’usine est de faire de l’ultra-frais, une production dont la consommation devrait, selon elle, diminuer après avoir connu une croissance durant les différents confinements liés au COVID.

Les propos de Damien Lecuir n’ont cependant pas séduit tous les producteurs et d’autres questions sont restées en suspens, parmi lesquelles la problématique autour des volumes de productions, soulevée par Jean-Jacques Pesquerel, président de la CR14.

Qu'attendre des semaines à venir ?

Malgré un appel au calme de la part des administrateurs de l’OP des Trois-Vallées dans le cadre de ces négociations, d’autres actions sont pourraient avoir lieu, au début du mois de février, de la part des producteurs qui se sont dit « prêts à revenir pour manifester ». La position de la CR14 est de son côté très claire : elle suit, elle aussi, attentivement les résultats de la négociation et se tient prête à manifester aux côtés des producteurs de l’OP des Trois-Vallées.

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