Dans le cadre des élections régionales, la Coordination Rurale du Centre, en tant que syndicat apolitique, a rencontré les différentes têtes de liste : le parti LR, RN et celui du MODEM. La CR a également demandé à rencontrer François Bonneau, actuel Président de Région, qui n'a donné aucune réponse.

Les rencontres se sont déroulées sur différentes exploitations agricoles de la région. Pour chacune d’elles, des élus CR des 6 départements étaient présents. Ils ont expliqué les différentes problématiques rencontrées sur le terrain et ont rappelé que, de manière générale, les agriculteurs sont de moins en moins nombreux dans la région, et le nombre d’installations est toujours aussi faible. Cet exode du métier de l’agriculteur s’explique par différents phénomènes observables.

Un travail trop peu rémunérateur et une transmission difficile

L’une des premières revendications de la CR est le revenu des agriculteurs. Et pour cause, aujourd’hui, l’agriculteur a beau être le premier maillon, il ne maîtrise plus rien, même pas son prix de vente ! La filière ne rémunère pas les producteurs mais profite aux industriels.

Alors que l’agriculteur devrait bénéficier de la marge sur ses produits cette dernière est aujourd’hui captée par les OS et les transformateurs. Pour rappel, sur une baguette de pain vendue 1 €, le blé représente seulement 3 centimes d’euros.

L’inquiétude des agriculteurs grandit avec une transmission du foncier de plus en plus difficile. En effet, ils ne peuvent plus transmettre leur exploitation à qui ils veulent, dû au résultat du schéma des structures (commission CDOA Départementale).

Une administration toute puissante...

L’agriculture et l’administration ne communiquent plus, ce qui induit un décalage entre les deux institutions. Le droit à l’erreur n’existe pas. Cela va de pair avec une PAC toujours plus contraignante en matière de normes et qui réduit d’année en année les aides et le soutien qu’elle doit apporter aux agriculteurs.

Voici un exemple concret de l'évolution des aides PAC et ses conséquences sur une exploitation céréalière en Champagne Berrichonne de 200 ha :

- en 2000, l'agriculteur touchait 75 807 € d'indemnités compensatoires, soit 381 €/ha.

- en 2019, il ne touche plus que 39 432 €, soit 198 €/ha.

Au cours de ces dernières années, l'agriculteur a perdu, en cumulé, la somme de 441 990 €. De plus, les contraintes et les charges ont fortement augmenté sur cette même période.

Afin de consolider la trésorerie de son exploitation, l'agriculteur a dû vendre des parcelles de terre.

Dans l'incapacité financière de renouveler sa moissonneuse-batteuse, il loue à présent une machine, mais, à l'avenir, il envisage de faire appel à une Entreprise de Travaux Agricoles (ETA) pour les travaux de récolte, voire plus si la situation ne s'améliore pas.

En plus de son activité agricole, il est à présent expert pour les dégâts de gibier auprès de la Fédération de Chasse de l'Indre.

La PAC ne protège plus les exploitants et ne leur permet plus de vivre de leur métier.

...et une vision du terrain devenue obsolète

Dans le prolongement de la loi EGALIM, il est urgent d’avoir un étiquetage et une traçabilité ayant du sens. Geneviève de Brach, présidente de la CR Centre souligne : « Il y a un véritable besoin de s’y retrouver, plus personne n’y comprend rien. »

Maguelonne de Sèze, présidente de la CR 36, précise « La certification HVE (Haute Valeur Environnementale) n’apporte rien aux agriculteurs, elle ne rend service qu’aux Chambres d’Agriculture et aux intermédiaires. L’agriculture a besoin de diversité et pas seulement de se développer dans le Bio et la HVE ».

Stocker l'eau d'hiver pour irriguer l'été

Pour la CR, la gestion de l'eau doit obéir à un seul slogan : stocker l'eau de l'hiver pour irriguer l'été. C'est une assurance récolte, mais pour cela des bassines et des retenues d'eau doivent être créées. La pluviométrie annuelle de la région est très faible. Par exemple, dans l'Indre, elle s'élève à 650 mm environ et l'agriculture n'en consomme que 1 mm. La majeure partie des précipitations s'écoule vers la mer.

L'agriculture est une force pour notre pays, dans le cadre de l'indépendance alimentaire, au même titre que de l'indépendance énergétique. D'où l'urgence d'avoir une vraie politique de production de protéines végétales dans la région. Il faut produire pour nourrir la population française, puis exporter le surplus. C'est le sens de l'exception agriculturelle que revendique la CR.

Tout programme agricole est un programme écologique. En matière d'écologie, une différence doit être faite entre ceux qui en parlent et ceux qui en vivent.

La Coordination Rurale a apprécié ces rencontre et est restée très neutre. Elle rappelle que la Région Centre-Val de Loire est la région qui contribue le moins à l'agriculture et qu'il est important d'aller voter notamment pour les candidats qui sont en faveur de l'agriculture et qui sont prêts à la développer.

Dans la même catégorie

CR 28
CR 45
Centre-Val de Loire
CR 41