En 1992, pour jouer le jeu de la mondialisation, l’Union Européenne (UE) a réformé sa politique agricole en ouvrant largement son marché (abandon de la préférence communautaire) et en découplant ses soutiens internes aux agriculteurs. Ce faisant, nos dirigeants européens nous ont envoyé dans le mur, nous poussant vers l’agrandissement de nos structures, toujours plus de volume et toujours moins de prix !
Comme aujourd’hui, les négociations multilatérales de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) piétinent. Les États entreprennent de signer des accords bilatéraux, comme le Tafta, accord bilatéral UE-USA.
Les États-Unis, qui ont beaucoup perdu avec l’entrée de la Chine dans l’OMC, cherchent à se refaire une santé sur le dos d’une UE engluée dans un dogmatisme ultralibéral. L’UE est aujourd’hui le marché le plus ouvert au monde alors que les États-Unis ont l’extraterritorialité de leurs lois (qu’ils appliquent donc hors de leurs frontières) et refusent d’ouvrir leurs marchés publics (loi « acheter américain » de 1933). Avec leur nouvelle politique agricole mise en place début 2014, les USA soutiennent massivement leurs agriculteurs, avec un budget extensible, quitte à sous-notifier à l’OMC les aides octroyées. Avec le Tafta, certains experts prévoient une hausse des exportations américaines vers l’Europe.
Or, qui en Europe veut manger du bœuf aux hormones, du poulet chloré, du soja ou du colza OGM ? Personne ! La reconnaissance mutuelle des normes donnerait l’avantage au moins-disant : les USA. Les négociations sont menées secrètement par la Commission européenne mais il ressort que les USA ne souhaitent pas que nous protégions nos labels AOP et IGP. Ils veulent fabriquer du Champagne et du Comté made in USA !
Pour préserver la sécurité et la souveraineté alimentaires de l’Europe, les négociations doivent cesser ! La CR soutient donc le secrétaire d’État français au Commerce, Mathias Fekl, qui en a officiellement demandé l’arrêt.
Plus largement, la CR milite pour l’exception agriculturelle à l’OMC et se bat pour une PAC équilibrée, contrat entre agriculteurs et citoyens, les premiers garantissant la sécurité alimentaire des seconds en échange de prix rémunérateurs. Ce projet est bien sûr incompatible avec une vaste zone de libre-échange transatlantique !
Alain Sambourg Vice-président de la CR 77