Lors de la Session Chambre du 14 septembre 2018, Patrick Faglin , notre élu à la Chambre d’Agriculture de l’Aisne a profité des questions diverses pour prendre la parole, voici ses mots :
« Je profite de cette session Chambre pour attirer votre attention sur la morosité ambiante qui envahie le monde agricole. En effet mes collègues et moi même vivons de plus en plus mal le procès que nous livre la société.
Nous avons un travail harassant, nous travaillons plus que la moyenne, nous sommes généralement mal payés, quand nous ne travaillons pas à perte ! Pourtant nous sommes pointés du doigt. Partout et pour tout. Pesticides et glyphosates, agriculteurs pollueurs. Perte de la biodiversité, mortalité des abeilles, agriculteurs empoisonneurs.
Mais qui sont-ils pour nous trainer dans la boue ? Que connaissent-ils de notre métier ?
Oui nous aimons notre terre, oui nous aimons nos cultures, oui nous aimons nos élevages. Nous savons mieux que quiconque comment en prendre soin, comment produire une alimentation saine en respectant nos sols et les consommateurs, que nous sommes également. Il est temps de rappeler à nos concitoyens que les produits phytosanitaires sont aux plantes ce que les médicaments sont aux hommes. Quelle bonne mère de famille ne possède pas une trousse à pharmacie pour soigner ses enfants ?
Oui nous utilisons des produits phytosanitaires que ce soit en bio ou en conventionnel. Nous le faisons dans le respect des règles imposées par notre administration qui nous pouvons le rappeler ici est la plus stricte au monde.
Hubert Reeves, astrophysicien et militant écologiste a dit que : « La réalité n’est jamais simple. Les pesticides nous ont sauvés de la famine . L’attitude ne doit pas être le rejet mais le cas par cas. Une bonne écologie regarde les animaux, la nature et les humains. La radicalisation attire la radicalisation. »
Que dire de cette skyzophrénie qui envahie notre société. Nos concitoyens critiquent leurs agriculteurs et pourtant s’alimentent avec des produits transformés sans aucune traçabilité provenant de pays où les normes de production sont largement critiquables. Plus on interdit l’usage de produits phytosanitaires pour l’agriculture française, plus on importe des produits ne correspondant pas à nos propres normes sanitaires, sociales et environnementales. Cet agri-bashing aura t-il la peau de l’agriculture française au profit de quelques accords commerciaux ?
Aujourd’hui nous sommes abandonnés par nos élus politiques. Nous vivons une absence totale de reconnaissance de notre profession vis-à-vis de la société.
Pourtant je crois en un monde où les agriculteurs seraient respectés. Que l’on reconnaisse leur rôle nourricier, leur rôle d’aménagement du paysage, de producteur d’oxygène. Un monde où ils pourraient vivre dignement de leur travail. Pourquoi nous n’y aurions pas droit ?"
