Se décrivant « ravi d’avoir participé » à la session commune aux chambres d’agriculture de l’Aube et de la Haute-Marne mercredi 15 mars dernier, Sébastien Windsor, président des Chambres d’Agriculture France, a tenu à prendre la parole sur les sujets de la déprise de l’élevage, l’image de l’agriculture et l’adaptation de nos territoires au changement climatique, sans oublier le problème de l’inflation auquel sont confrontées les chambres d’agriculture.

Une déprise de l’élevage qui s’accentue dans tous les domaines

En effet, lorsque l’on regarde la courbe de la production laitière depuis ces dernières années en la comparant avec le début 2023, on ne peut faire qu’un constat : le risque qui s’annonce est celui des fermetures définitives de laiteries. Sur ce point, Sébastien Windsor alerte : « On ne trouvera personne pour réinvestir ».

Le constat est similaire sur la viande bovine : « Quand on regarde tous les chiffres, cela va modifier profondément le paysage français agricole et avoir des conséquences sur l’emploi agricole et industriel ».

Quels sont les bienfaits de l’élevage ?

« Il faut arriver à générer un consensus sur les bienfaits de l’élevage » soutient le président des chambres France. Dans ce sens, il faut promouvoir le modèle agricole sur le territoire et y créer de la cohésion.

Les bienfaits de l’agriculture sont visibles d’abord au travers de l’alimentation : « Dans un régime alimentaire normal humain, avoir une partie de produits carnés est un bienfait pour l’alimentation et la santé. Il faudra arrêter de dire que parce que la consommation de viande baisse, ce n’est pas grave que l’élevage baisse aussi ! Car l’élevage baisse 3 à 4 fois plus vite que la consommation de viande. On augmente donc les importations tous les ans ».

Ce combat, Sébastien Windsor l’avait proposé au président de la République, Emmanuel Macron : « On ne peut pas continuer à regarder l’élevage se déliter et ne pas prendre le sujet à bras-le-corps en se donnant des trajectoires » avait interpelé Windsor. Emmanuel Macron avait alors répondu qu’il fallait continuer à miser sur les produits de qualité, ce à quoi Windsor a argumenté que c’était insuffisant car : « quand le budget alimentation baisse de 8 %, le Français ne mange pas 8 % en moins ».

« Si on n’est pas actifs, on est voués à disparaître »

Un autre sujet d’importance est celui de l’image de l’agriculture. Le point le plus important selon Windsor concerne l’attractivité du milieu agricole. Malheureusement, l’image qui pèse sur l’élevage et les contraintes que l’on imagine vont venir ternir celle-ci. À l’heure où les agriculteurs ne représentent plus que 1,3 % de la population française, il est temps selon le président Chambres de France de faire évoluer les mentalités : « Il faut que nous sachions porter une image positive de nos métiers. Pour un certain nombre d’entre nous, nous arrivons quand même à gagner notre vie et nous avons des métiers qui ont des avantages ».

Concernant la problématique de la rémunération car l’agriculture est réputée peu rentable, Windsor est ferme : « Quand on porte cette image et ces discours un peu négatifs en permanence, il ne faut pas s’étonner que l’ont ait du mal à recruter ».

 

Le changement climatique et la position de l’agrivoltaïsme

Les changements ne peuvent se faire qu’au niveau local et nécessitent de connaître nos territoires. Dans le domaine de du photovoltaïque, Sébastien Windsor rejoint la position de la Coordination Rurale : « On est tous d’accord pour dire qu’on ne va pas faire de photovoltaïque sur des zones où il peut y avoir de la production agricole en lieu et place de la production agricole. Il faut dresser les cartes des zones où il n’y a pas de production agricole depuis 15 ou 20 ans pour tout un tas de raisons, et on ne fera le photovoltaïque au sol que là ».

 Quel avenir pour les chambres d’agriculture ?

« Aujourd’hui, l’inflation est là » déclare Sébastien Windsor. Comme il l’explique, il existe un enjeu financier pour les chambres d’agriculture qui se retrouvent face à deux possibilités :
– soit l’augmentation de l’impôt destiné à être versé aux chambres
– soit l’augmentation des prestations à l’extérieur et la privatisation de plus en plus du conseil et de l’accompagnement

En effet, l’augmentation budgétaire de 3 points fin 2022 accordée par Marc Fesneau et Elisabeth Borne ne couvre malheureusement pas la totalité de l’augmentation des charges des chambres, dont le bilan est mitigé.

Pour que les chambres puissent continuer leurs missions, Sébastien Windsor demande à ce qu’elles bénéficient de l’augmentation des bases cadastrales comme les autres collectivités publiques (à 7,1% en 2023), ce qui n’est pas le cas jusqu’à présent. « Faute de ça, on devra aller faire des prestations payantes auprès des agriculteurs ou des collectivités mais comme on fait peu de marges sur ces prestations, nous devrons aussi abandonner des missions de service public » déplore Sébastien Windsor.

Une conclusion qui interpelle cependant la CR 52 : comment pourrait-on imaginer faire payer une prestation de service public à des agriculteurs qui payent déjà un impôt pour financer le gouffre financier que représente leur chambre d’agriculture ?

Les agriculteurs paient déjà un impôt pour le financement de ces structures. Il attendent en retour des prestations, un accompagnement et de l’information. Des services qui ne sont pourtant pas toujours au rendez-vous…

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