Mardi 2 mai a eu lieu la réunion plénière de clôture de la concertation régionale pour les futurs Plan et la Loi d’Orientation et d’Avenir Agricoles à Strasbourg (67). Cette réunion protocolaire a fait apparaître les premières lignes d’un projet politique visant à améliorer l’image de l’agriculture auprès de la société et en particulier des jeunes générations. Un objectif ambitieux pour la Coordination Rurale du Grand Est, représentée par son président, Paul Fritsch.

Les six réunions qui ont eu lieu entre mars et avril ont permis à une trentaine de structures distinctes de joindre plus de 200 propositions régionales, contribuant ainsi à représenter les attentes de la région Grand Est dans le cadre du PLOA et d’aboutir à 15 propositions.

En France, 1/4 des agriculteurs ont plus de 60 ans. D’ailleurs, l’âge moyen d’un paysan est de 51 ans. Dans ce contexte, le renouvellement de la génération des agriculteurs français est une priorité pour le Gouvernement qui se projette aisément dans un futur où les exploitations seront « à la fois viables et compétitives » déclare Josiane Chevalier, préfète de la Région Grand Est.

Si la souveraineté alimentaire représente une priorité stratégique, il existe toutefois d’autres préoccupations qui ont ainsi nécessité de réunir les acteurs du monde agricole autour de ces concertations régionales :

1.    La première est économique : les agriculteurs doivent pourvoir vivre de leur métier

2.    La seconde concerne les énergies avec l’adaptation au changement climatique et le développement des énergies renouvelables ainsi que la protection des sols et de la biodiversité.

3.    La 3e étant de rendre le métier attractif pour les jeunes et les personnes non issues du milieu agricole

L’enjeu principal étant de renouer le pacte qui lie la société à son agriculture, le PLOA doit permettre une meilleure prise en compte des enjeux agricoles territoriaux. En cela, les concertations en région constituent selon Maximin Charpentier, président de la Chambre régionale d’agriculture Grand Est, une véritable opportunité de se saisir de ces problématiques : « Le Grand Est est une des plus grandes régions agricoles de France. Avec 5 millions d’habitants, nous produisons toutefois pour 15 millions de consommateurs et nous importons 40% de ce que l’on consomme » constate-t-il avant de reprendre : « La difficulté du métier d’agriculteur est de trouver un équilibre entre tous ces critères de développement pour retrouver la souveraineté alimentaire mais aussi prendre en compte les contraintes du marché, le tout en donnant de la visibilité pour les jeunes notamment au niveau de l’accompagnement financier ».

Une jeunesse en alerte mais confiante

La nouvelle génération se questionne elle aussi sur ces problématiques. Invités à cette séquence de travail, des lycéens de Château-Salins (67), Obernai (67) ou encore Mirecourt (88) ont fait le déplacement pour restituer le contenu des débats menés dans leurs établissements respectifs :

•  Comment attirer des jeunes vers l’enseignement et les métiers agricoles ?

•  Comment favoriser l’installation agricole dans et hors du cadre familial ?

•  Comment imaginer l’agriculture de demain dans un contexte de changement climatique ?

À notre grande surprise, les jeunes développent déjà des réflexions similaires aux combats portés par la Coordination Rurale, comme la refonte des modèles d’exploitations agricoles, la réforme de l’accès au foncier pour permettre l’installation des jeunes ou encore une meilleure utilisation de l’eau.

L’intervention des apprenants présents est largement saluée par la salle, enthousiaste face aux propositions pertinentes des jeunes. Hervé Sanchez, président de la Chambre d’agriculture de la Marne, réagira également aux propos souvent dévalorisants que peuvent entendre les lycéens lorsqu’ils évoquent leur formation : « Vous avez un travail magnifique qui permet de nourrir la société ! » déclare-t-il.

« Ensemble, on pourra réussir le changement, parce que changement il faut ! »

Paul Fritsch a également tenu à prendre la parole pour saluer l’intervention enthousiaste des apprenants agricoles et les encourager : « Je voudrais quand même dire que les jeunes dans leurs propos n’ont pas prononcé une seule fois le mot « productif ». Il faut être productif. Lorsque j’étais au lycée agricole dans les années 1970, on m’a toujours appris à être productif, il fallait que je produise. Ce pacte, nous l’avons intégré depuis longtemps dans les statuts de la CR ! Ça veut dire que l’agriculteur produit une alimentation en quantité et en qualité pour nourrir nos citoyens. En retour, nos concitoyens nous payent un prix rémunérateur, un juste prix. Et avec ce prix, nous pourrons même payer nos retraites, pour qu’on ait des retraites décentes ».

Paul Fritsch a complété son intervention en évoquant l’actualité de la transmission et du départ à la retraite, un sujet brûlant puisque la CR Grand Est demande un moratoire concernant l’application de la notion d’ « agriculture actif » : « Pour le moment, si on veut libérer les terres, il faut que les anciens puissent avoir une retraite convenable. Ainsi, ils auront un intérêt à libérer les terres. Mais forcer les gens à partir comme cela a été fait avec le statut de l’agriculture actif, je trouve cela déplorable. À 67 ans, on vous met à l’EHPAD. Je trouve cela minable ! ».

La Coordination Rurale est suivie dans son propos par un représentant syndical de l’UNSA qui approuve par ces mots : « Gageons que recréer de la valeur du monde agricole et de son enseignement soit un but véritable et non simplement un vœu pieu et une gageure communicationnelle ! » assène-t-il.

Les 15 propositions retenues par la région sont consultables en ligne (voir ici). La Coordination Rurale espère que ces concertations aboutiront à de réelles décisions qui permettront d’améliorer les conditions de vie des agriculteurs.

En attendant la prochaine session chambre régionale au cours de laquelle reprendront les travaux sur la LOA, Franck Leroy, président de la région Grand Est, présente le projet Ambition 2030 au titre de « l’enjeu de garantie de la bonne santé des sols, d’une disponibilité de la ressource en eau et du maintien de la biodiversité ».

Un dossier auquel la CR Grand Est se montrera attentive au vu des enjeux en matière économiques, environnementales et sociales qu’elle est amenée à défendre…

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