Lundi 13 mars a eu lieu le 3e groupe de concertation régionale dans le cadre de la loi d’orientation et d’avenir agricoles (LOA) mise en place par le ministère de l’Agriculture. La réunion, dédiée à l’adaptation et à la transition face au changement climatique, a permis à la Coordination Rurale de se rendre compte que les plans du Gouvernement présentent certaines lacunes qui ne prédisent pas un futur glorieux à l’agriculture française car trop fantaisistes.

 

Laurent Vaucher, président de la CR de la Moselle et céréalier en agriculture de conservation à Fresnes-en-Saulnois, y représentait la Coordination Rurale. Lors de cette réunion, face aux nombreuses problématiques qui menacent le monde agricole maintenant et pour les années à venir, la Coordination Rurale dénonce une position laxiste des décideurs institutionnels à une période « où on va nous demander de produire plus alors qu’on va avoir de plus en plus de sécheresse et des problèmes d’approvisionnement en eau ».

L’irrigation et l’intensification de la production, une fausse solution !

Les propositions qui émanent du Gouvernement ne sont pas adaptées à tous les territoires : « De mon point de vue de paysan, la création de bassines et de retenues collinaires sera utile dans certaines régions pour ne pas être à sec du point de vue irrigation. Mais, sur des territoires comme les miens où on est sur des plateaux qui ne connaissent pas l’irrigation, ce sont des investissements très lourds et c’est inenvisageable ».

La Coordination Rurale Grand Est est également vent debout contre l’agriculture intensive dont le modèle est pourtant mis en valeur dans le plan d’orientation par les acteurs institutionnels : « Intensifier la production des prairies, ça veut dire quoi ? Qu’il faut mettre encore plus d’engrais ? Mais des années comme l’année dernière où il ne pleut pas d’avril à août, l’engrais ne sert à rien ! » répond Laurent Vaucher.

Encore une fois, la réalité du terrain ne semble pas favorable aux idées mises en avant par le ministère de l’Agriculture : « Pour travailler et s’adapter au réchauffement climatique, on nous parle d’agroforesterie, des arbres au milieu des champs, de mesures écologiques…C’est très bien mais ça ne peut pas s’adapter partout. Nous, on a des terrains drainés, on ne peut pas planter des arbres au-dessus des réseaux de drainage sinon les racines vont tout boucher ».

Plus encore, les spécificités locales du Grand Est finissent de mettre à mal les solutions envisagées par le ministère car ce dernier ne prend pas en compte la géographie hétéroclite du territoire : « Dans le Grand Est, entre la Champagne-Ardenne, la Lorraine, l’Alsace, il y a une multitude d’agricultures et on ne peut pas adapter toutes ces propositions ».

L'irrigation, une solution qui ne s'adapte pas à tous les territoires

Une conjecture possible : l’agriculture de conservation et les modèles agricoles étrangers

Laurent Vaucher est catégorique : « La seule façon de lutter contre le réchauffement climatique et le manque d’eau, c’est l’agriculture de conservation : zéro travail du sol, maintenir des débris végétaux en surface et plus de travail ». Le but est annoncé : « Il faut en amont réduire les dépenses parce qu’on est pas sûrs des recettes ».

Le président de la CR 57 préconise de s’inspirer de pays étrangers pour comprendre leur fonctionnement et le transposer à l’échelle de la France : « Dans des pays comme l’Australie où il n’y a pas d’eau, il n’y a pas non plus d’agriculture intensive » fait-il remarquer.

Il insiste également sur le fait de reproduire des schémas qui ont l’air de fonctionner à l’étranger : « Il y a plein de gens qui ne sont pas réalistes, à commencer par les écologistes qui sont à des kilomètres de la réalité. Il faut produire comme dans les pays qui ont moitié moins d’eau ou des aléas climatiques plus récurrents. Il faut s’inspirer de leurs méthodes de fonctionnement ».

Face à de très nombreux participants (une quarantaine, parmi lesquels on retrouve les principaux syndicats agricoles mais aussi des associations écologistes qui alimentent une vision fantaisiste de l’agriculture), la Coordination Rurale doit soumettre 5 propositions qui seront retenues pour ensuite faire partie de la synthèse finale présentée au ministre de l’Agriculture. Le prochain rendez-vous est fixé au 24 avril pour soumettre les différentes propositions de la CR concernant la gestion des aléas climatiques, le stockage du carbone ou encore les obligations administratives liées à la bonne adaptation au changement climatique.

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