Jeudi 23 février au matin était organisée une formation sur les retraites menée par Armand PAQUEREAU, responsable de la section Retraités, qui a permis de répondre aux questions sur la réforme en cours et d’entendre les préconisations et le point de vue de la CR.

Des agriculteurs soucieux de leur avenir

Très réceptifs, les agriculteurs attendaient de cette formation qu’elle leur permette de s’informer eux-mêmes pour ensuite transmettre ces connaissances aux autres paysans en quête de réponses : « On ne veut pas que tout soit entre les mains de la MSA » a déclaré Yves GIGON, éleveur bovin et laitier à la retraite en Mayenne. Un état d’esprit partagé par Catherine LAILLÉ, ancienne présidente de la CR 44 à l’origine de la création de la section Agricultrices, consciente que le plus gros reste à faire : « Nous devons informer les agriculteurs sur leurs droits, l’ensemble de leurs droits car ils ne sont pas au courant de tout ce à quoi ils peuvent prétendre ».

Dans ce sens, la plupart des participants ont acquiescé quant à l’idée de choisir un référent par région dont la mission serait d’orienter les agriculteurs vis-à-vis de la réglementation sur les retraites afin de pallier un manque d’information de la part de la MSA.

Le Grand Est, une région très engagée sur le sujet des retraites

Paul FRITSCH, président de la CR Grand Est a pris la parole pour défendre tout l’intérêt de calculer le montant des retraites en fonction des 25 meilleures années d’activité des agriculteurs. S’agissant du revenu, le Grand Est milite pour exiger le minimum, à savoir le SMIC (1350€/mois) : « Même si nous n’avons pas cotisé, il s’agit d’un juste retour de la société, de nous payer une retraite convenable, pour les services qu’on a rendus. On a permis à plein de gens de manger sainement, en quantité, et surtout, à bas prix ! ». Quant à la pénibilité, l’avis des agriculteurs est sans appel : « La durée de cotisation et de travail représente 35 heures par semaine. Nous, nous travaillons le double et l’intensité n’est pas la même. Nous revendiquons un âge de départ à la retraite à 60 ans maximum ».

La position de Paul FRITSCH est partagée par les autres intervenants. Yves GIGON lui aussi demande à ce que le montant de leur retraite soit égale au SMIC car tout revenu inférieur serait « inadmissible ». La CR milite activement pour que la solde attribuée aux agriculteurs soit calculée en fonction de leur temps de travail : « Ce que nous avons rapporté virtuellement à la société et qui n’est pas pris en compte dans le calcul vaut en réalité beaucoup plus que le présent revenu qu’on nous impose ».

Paul FRITSCH

Paul FRITSCH, président de la CR 67 et de la CR Grand Est

La CR pointe du doigt les inégalités subies par les agricultrices

La réunion permet également d’apporter des critiques sur le futur projet de loi. Comme les médias ont pu nous le démontrer récemment avec le régime général des retraites, les femmes seront à priori davantage pénalisées par la réforme qui s’annonce. Les agricultrices sont évidemment concernées car si le projet de réforme aboutit, elles ne pourront pas bénéficier de la pension de réversion. En effet, le Gouvernement prévoit d’augmenter le montant de la retraite tout en supprimant la pension de réversion.

Mais les inégalités dans le monde agricole ne s’arrêtent pas là…

agricultrice femme éleveuse

agricultrice femme éleveuse

La FNSEA et les JA dans le viseur de la Coordination Rurale

D’après la simulation des calculs en fonction de la réforme des retraites, le constat est alarmant : les agriculteurs devraient toucher en moyenne 870€ par mois. Le président du Grand Est est catégorique : « Quand on nous répond que nous n’avons pas cotisé et que c’est la raison pour laquelle on ne mérite pas de retraite, il faut se poser la question : pourquoi n’avons-nous pas cotisé ? La réponse est que nous n’avions pas les moyens de cotiser. On ne travaillait pas assez cher et c’est le problème. C’est le message que nous voulons faire passer ».

Le coupable est tout trouvé et les agriculteurs n’ont pas peur de le dire : « C’est la FNSEA qui a pendant des années maintenu ces prix et qui a tiré la pension des agriculteurs vers le bas ! ». Armand Paquereau acquiesce quant à ce comportement inadmissible de la FNSEA : « Ils n’ont pas aidé l’agriculture ».

Il s’agit d’une réalité syndicale qu’il est inutile de nier : les FNSEA-JA ont favorisé une politique rendant impossible le cumul de la pension de retraite et les aides PAC après 67 ans.

Paul Fritsch a déjà interpellé l’ancien ministre de l’Agriculture, Julien de Normandie, sur le sujet lors d’une rencontre : « Monsieur le Ministre, vous pensez que les anciens continuent à travailler pour le plaisir ? Non. Leur revenu ne leur permet pas de vivre correctement. L’agriculteur qui prend sa retraite ne vit pas paisiblement dans un appartement. Il a des bâtiments à entretenir, une assurance à payer,… et ce n’est pas avec 900 € par mois qu’il va s’en sortir ». Producteur de pommes de terre en Alsace, Paul Fritsch prend l’exemple de l’Allemagne car outre-Rhin, les agriculteurs ont la possibilité de pouvoir continuer à travailler en plus de la retraite. Le Grand Est demande à ce que la France adopte un modèle dans ce sens.

Une formation suivie par une trentaine d'agriculteurs concernés

Les propositions de la CR Grand Est

En plus d’accorder aux agriculteurs le cumul des aides PAC et de la pension de retraite, une solution paraît indéniable : il devient plus que nécessaire de supprimer la MSA. En effet, Paul Fritsch l’affirme : « Par la mise en place d’une TVA sociale que l’État encaisserait, on n’aurait plus besoin de la MSA ».
La CR demande également le maintien de la pension de réversion menacée par la réforme des retraites engagée par le gouvernement. Nous sommes opposés à sa suppression, qui engendrerait davantage d’inégalités entre les agriculteurs et agricultrices.

Dans toutes les régions, les agriculteurs unissent leur combat. Tous doivent le savoir, les aînés comme les jeunes, le sujet de la retraite mérite largement qu’on s’y attarde. Afin de nous garantir une retraite décente et un statut digne de notre travail, la Coordination Rurale ne lâchera rien !

Dans la même catégorie

Grand-Est
Grand-Est
Grand-Est
Grand-Est