Si la crise sanitaire avait déjà engendré un début de crise économique nationale qui n’a pas épargné l’agriculture, le conflit en Ukraine l'a amplifié en provoquant une flambée des charges dans le monde agricole.
Aujourd’hui, les exploitants agricoles font aussi face à une augmentation du GNR, des produits phytosanitaires, du machinisme agricole ou encore des engrais azotés dont certains ont vu leur prix tripler par rapport à l’année dernière. Comme toutes les matières premières, les céréales ont aussi vu leur prix grimper. Mais cela ne suffit toujours pas à palier l’augmentation des charges que doivent supporter les exploitations agricoles. Quant aux éleveurs, ce sont les plus perdants car ils paient désormais l’alimentation de leurs bêtes au prix fort. Une situation extrêmement précaire. Les agriculteurs sont dans une impasse et très inquiets pour les prochaines moissons.
Les parlementaires interpellés sur la flambée des prix
Précédemment, la Coordination Rurale avait déjà sollicité le ministre de l'Agriculture en proposant la mise en place d'un fond d'urgence destiné aux agriculteurs en difficulté. L’objectif était de leur permettre de se couvrir en intrants et d'assurer les récoltes à venir. Sans réponse de sa part, la CR a ensuite diffusé un communiqué de presse afin d'exiger les mêmes exonérations fiscales, pour les exploitants agricoles, que celles déjà accordées aux marins pêcheurs en matière de GNR, afin qu’ils puissent poursuivre leurs productions.
Aujourd’hui, la Coordination rurale exige la mise en place de plusieurs dispositifs. D’une part, il faudrait diminuer le coût du GNR en exonérant les agriculteurs de toutes les taxes sur ce carburant. D’autre part, il est aussi important d’assurer un approvisionnement en carburant suffisant pour tous les agriculteurs. Afin d’optimiser la production et d'anticiper le manque, il convient donc de lever urgemment les obligations sur les travaux contre-productifs qui engendrent des passages qui pourraient être ainsi réduits. Sans remettre en question l’intérêt des couverts végétaux ou des broyages, la Coordination Rurale demande également de dispenser les agriculteurs des SIE, CIPAN, jachères, broyages et enfouissements de résidus.
A quand une souveraineté alimentaire ?
La colère et l’inquiétude montent chez les agriculteurs et l’État doit en prendre conscience et proposer des mesures rapides et significatives. Avant le conflit ukrainien, tout était fait pour que les exploitants adoptent et respectent une Politique Agricole Commune (PAC) toujours plus verte. La guerre en Ukraine doit remettre en cause cette politique de verdissement en démontrant que les importations ont leurs limites. Une fois qu'elles sont atteintes, les interrogations sur la manière dont nous pouvons nourrir la population reviennent au centre des préoccupations.
La France connaît un essoufflement de sa souveraineté alimentaire qui empire avec les récents événements. L’agriculture est le secteur stratégique sur lequel les politiques doivent réinvestir, car, sans elle, le pays ne serait pas ce qu'il est. La nécessité, aujourd'hui, est donc de soutenir les exploitants agricoles pour qu'ils puissent se remettre à produire. C’est seulement à cette condition que nous pourrons atteindre l'indépendance alimentaire que la Coordination Rurale réclame depuis des années.