Le jeudi 13 avril 2023, les adhérents de la Coordination Rurale des Vosges se sont réunis à Épinal pour leur assemblée générale annuelle qui avait pour thématique principale : le bien-être agricole.
En effet, Dominique Humbert, président de la CR 88 a estimé important de consacrer cette assemblée générale au thème du bien-être agricole et non du mal-être. Bien qu’il existe une commission pour tenter de pallier ce grave problème, ce n’est pas cela qui le résoudra le problème selon le président : « Plutôt que tenter de soigner le mal-être agricole, il faut en analyser et résorber les causes » constate t-il avant d’ajouter : « L’État a une grosse responsabilité dans le malaise paysan ».
Le malaise se fait sentir chez les agriculteurs vosgiens…
À commencer par un contexte difficile :
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- un contexte climatique incertain : les agriculteurs sont contraints de s’adapter et de s’accommoder de la situation qui complique davantage leurs conditions de travail
- un contexte économique compliqué : la guerre en Ukraine et les décisions irresponsables de nos politiques entraînent des prix d’engrais ou de céréales fluctuants et une hausse inouïe du prix des carburants.
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« Nous ne sommes pas une préoccupation majeure » déplore Dominique Humbert. Si on ajoute à cela la nouvelle PAC et les contrôles permanents, la Coordination Rurale des Vosges dénonce une situation insupportable : « Il faut réaffirmer notre rôle majeur et notre volonté d’accéder à la souveraineté alimentaire ! ».
Or, cela devient très difficile avec toutes les contraintes administratives actuelles. Par crainte de subir une sanction, la tentation est d’en faire le moins possible. La précaution est telle que face à ces nombreuses contraintes, de nombreux jeunes renoncent à s’installer en agriculture.
Le slogan de la Coordination Rurale, « Des prix, pas des primes ! », semble plus que jamais d’actualité pour la CR 88. La Coordination Rurale des Vosges veut rétablir la liberté d’entreprise et bannir les trop nombreux contrôles qui piétinent les droits les plus naturels de nos exploitants : « Le fait que nous soyons rémunérés via des primes ne doit pas faire de nous des êtres corvéables à merci ! » conclue Dominique Humbert.
Le bien-être agricole par Agrihomme
Édouard Ferry, président d’Agrihomme est ensuite intervenu sur sa vision du bien-être agricole et sur les moyens mis en œuvre par le groupement d’employeurs pour répondre à cette problématique.
En effet, il a notamment présenté les différents services disponibles pour faciliter le quotidien des agriculteurs en mettant à disposition de la main d’œuvre ponctuelle, journalière et sans engagement de durée pour tous travaux d’exploitation ou encore des secrétaires pour tout ce qui concerne l’administratif, en proposant une gestion complète et un suivi régulier des contrats d’apprentissage ainsi que des formations ou des mandats professionnel et syndicaux.
Il a également présenté les aides mises en place pour tout ce qui concerne les arrêts de travail en cas de maladie ou d’accident, la maternité et la paternité avec l’allocation de remplacement MSA qui assure le financement de la prestation effectuée.
La génétique au service du bien-être agricole
Après un déjeuner convivial, Philippe Sibille, directeur de la coopérative Elitest, a pris la parole pour expliquer sa vision du bien-être agricole et les moyens mis en place pour y parvenir. Notamment en ce qui concerne l’élevage. Il a ainsi expliqué ainsi que l’accent va principalement être mis sur les marqueurs génétiques des animaux. Selon les besoins de l’éleveur, le laboratoire va regrouper un certain nombre de gènes avec des performances spécifiques pour répondre au besoin en termes de production, mais également réduire les risques pour les agriculteurs. Ainsi, la grande majorité des taureaux proposés par la coopérative possède le gène dit « sans corne » et présente un tempérament plutôt calme pour réduire les risques d’animaux qui chargent.
Elitest met également l’accent sur la gestion de la santé des troupeaux en proposant un index qui facilite l’identification précoce des animaux sensibles ou résistants, afin d’adapter son plan d’accouplement et de prévenir l’apparition de signes cliniques en élevage.
En parallèle, pour tout ce qui concerne le vêlage, la coopérative propose plusieurs outils de monitoring pour améliorer les conditions de travail avec un suivi plus précis des phases critiques (vêlages, mise en lactation, reproduction, etc).
Une PAC toujours plus complexe pour les agriculteurs
Pour conclure la journée, les adhérents de la CR88 ont pu suivre l’intervention de Gilles Keller (chargé d’études à la CR) qui a présenté les évolutions de la PAC et les nouvelles réglementations en vigueur ; le tout, illustré par des exemples de cas concrets. Le résultat de cette présentation est sans appel : si la PAC permet d’apporter des précisions sur la législation française, elle en laisse, cependant, plus d’un perplexe.
Hommage à Jean-Marie Claudel et élection du nouveau président
Le président de la CR88 a également souhaité rendre hommage à Jean-Marie Claudel, qui fut l’un des précurseurs de la CR des Vosges, portant les idées et les valeurs de notre syndicat dans différentes instances telle que la CDPENAF. Il avait aidé à la constitution de la liste pour les précédentes élections des chambres d’agriculture et était un membre actif de la CR88. Les adhérents ont donc effectué une minute de silence en son honneur.
Dominique Humbert ayant ensuite indiqué vouloir laisser sa place de président de la CR88, il a établi un rapide historique du syndicat de la Coordination Rurale des Vosges depuis son élection. Il est revenu notamment sur les difficultés rencontrées pour être représentatif aux différentes commissions agricoles comme la CDOA ou la CDCFS, mais également sur les combats menés encore aujourd’hui pour avoir autant de poids que nos principaux concurrents.
La Coordination Rurale des Vosges remercie donc l’ensemble des adhérents pour leur présence ainsi que les différents intervenants pour leurs expertises et les échanges intéressants. Avec la nouvelle présidence, elle réitère le souhait de défendre tous les agriculteurs afin qu’ils soient entendus et qu’ils puissent retrouver leur juste place dans notre société.