Rapport Moral

L'année 2008 qui vient de s'écouler a, une nouvelle fois, été riche en évènements. Les plus marquants ont été la dégringolade des cours des matières premières et le bilan dit "de santé" de la PAC.

L'année précédente, on parlait de pénuries de ces mêmes matières premières, les cours ont alors grimpé que ce soit en céréales ou en lait laissant tout de même de côté la viande. Cela a eu pour conséquences une amélioration de trésorerie des agriculteurs, mais également une explosion des prix à la consommation. Aujourd'hui, la courbe s'est inversée avec en plus la hausse colossale des prix des engrais qui ont de nouveau fragilisé bon nombre d'exploitations. Curieusement, les prix à la consommation n'ont pas bougé et ont même pour certains continué à légèrement augmenter. C'est le cas notamment de la viande. Une étude récente montre qu'en 15 ans, la viande de bœuf vaut 50% plus cher en magasin avec un prix au producteur de -15% et que la viande de porc est en hausse de 40% avec un prix au producteur de -20%. La crise a donc du bon pour la grande distribution et les industriels de l'agro alimentaire. Il est vrai que ces derniers ont un allié de poids en la personne plus ou moins morale de la toute puissante FNSEA qui a abandonné depuis longtemps l'agriculteur lambda pour une agriculture industrielle. Même si Jean-Michel Lemétayer vient de refuser une offre de Nicolas Sarkozy pour être présent sur une liste UMP aux élections européennes avec Michel Barnier, la preuve est toutefois établie de la connivence état-industrie-FNSEA.

Pour ce qui est du bilan de santé de la PAC, Michel Barnier avait souhaité des réunions de travail dans toutes les chambres d'agriculture de France, certainement pour être sûr qu'il n'en ressorte rien. En Meuse, cela a servi au moins à revoir Philippe Mangin qui, en 1 heure de discours, n'a jamais prononcé le mot agriculteur mais une bonne vingtaine de fois coopératives, marché et Bruxelles. Il est vrai qu'il est patron de Coop de France et Président d'une des plus importantes coopératives du pays, EMC2, qui vient d'ailleurs de fêter ses 20 ans en grandes pompes avec en vedette M. Miseroux (sous directeur fraîchement retraité) et sa ravissante épouse accompagné de Philippe Vasseur, ancien ministre émerveillé devant les résultats d'EMC2. Pour les 10 ans, c'était Miss France et le groupe Image en concert, nous attendons donc les 30 ans avec impatience.

Mais revenons à notre combat syndical. Avec la dernière trahison de la FNPL qui était partie négocier une baisse "supportable" du prix du lait et la prochaine coupe sombre des aides grandes cultures orchestrée par la FNSEA au profit de secteurs d'élevage sans certitude qu'elles arrivent à la destination voulue, nous pourrions penser que nous, Coordination Rurale avons un boulevard devant nous, n'ayant plus qu'à nous baisser pour ramasser les voix aux élections chambre. Pourtant, les choses ne sont pas si simples et si indéniablement nous sommes le seul syndicat 100% agriculteurs, bon nombre d'entre eux rechignent à nous suivre le plus souvent par peur. Quand on habite Israël et que l'on ait peur du Hamas, cela peut se comprendre mais là, Thierry et Francis peuvent en témoigner, nous qui les voyons de temps en temps à la chambre d'agriculture, il n'y a pas de quoi fouetter un chat. Pourtant le parallèle avec le Hamas est intéressant à une lettre près car à la chambre c'est plutôt le hamac tant les réunions se comptent sur les doigts de la main.

Si le Hamas lance des roquettes, à la Fédé on préfère le lancer de roquets : Il y a tout d'abord le roquet laitier, c'est le plus teigneux et le plus givré, sans doute à cause de son nom qui est celui d'un grand surgelé. En contre partie, il y a le roquet silencieux, il arrive en retard, part en avance, fidèle à sa mission à l'EDE, il la boucle. Il y a aussi le roquet céréalier toujours souriant et bronzé, il safer dans toutes les commissions et il est fier comme un coq (pas celui sur le tas de fumier mais celui en haut du clocher). Il y a également le roquet chasseur, il n'est pas facile de le distinguer physiquement mais il fait tout de même moins de dégâts qu'un sanglier. Et parmi tous ces mâles, il y a tout de même une femelle qui plus est ex-présidente du mouvement : son allure est comme un slogan du Crédit Agricole, empruntée.

Ne croyez vous pas que les agriculteurs méritent mieux que ça. Ils doivent être défendus dignement. L'agriculture n'a de sens qu'avec une présence importante d'agriculteurs et ce n'est pas la voie que l'on suit actuellement. Le système cogéré par la FNSEA n'amène que tracasserie administrative, contrôles supplémentaires et disparitions d'agriculteurs.

Paysans, cessez d'avoir peur et ouvrez grands vos yeux, seule la CR vous défendra dans le sens que vous souhaitez. Nous ne sommes pas là pour nous servir mais pour vous servir. La route est encore longue, mais comme le dit Sénèque en entête de chaque CR Infos : ce n'est pas parce que les choses sont difficiles que nous n'osons pas, c'est parce que nous n'osons pas qu'elles sont difficiles.

Le Président de la CR55 Philippe THOMAS

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