Samedi 18 février dernier, Arnaud Buat et Jean-Luc Didier, représentants de la CR 52 ont rencontré les deux députés du département, Madame Laurence Robert-Dehault et Monsieur Christophe Bentz, afin d’évoquer les sujets agricoles prégnants dans le département de la Haute-Marne. Ces échanges ont nourri deux objectifs, le premier étant de discuter de vive voix de nos positions sur l’agrivoltaïsme et, dans un second temps, de leur présenter notre action sur le territoire de la Haute-Marne.

L’agrivoltaïsme, un sujet au cœur de l’actualité en Haute-Marne

« La souveraineté alimentaire et la souveraineté énergétique sont les deux piliers de l’indépendance de notre pays » déclare Arnaud Buat, président de la CR 52. Dans le cadre du projet de loi relatif à l’accélération de la production d’énergies renouvelables, la Coordination Rurale estime qu’il aurait été préférable qu’énergie éolienne, énergie solaire et méthanisation fassent l’objet de législations séparées car les enjeux ne sont pas les mêmes. Les députés de la Haute-Marne, se sont montrés attentifs aux arguments de la CR 52.

De prime abord, l’agrivoltaïsme doit pouvoir permettre de concilier production agricole et production d’électricité photovoltaïque. Dans ce sens, la Coordination Rurale ne s’oppose pas à ce qu’une partie de l’espace agricole soit utilisée à cette fin de production d’énergie tant qu’est respectée la liberté des agriculteurs. Face à la déprise foncière constatée en France, les mauvaises terres doivent par ailleurs être prioritaires pour que ces projets retrouvent une nouvelle rentabilité.

Arnaud Buat, président de la CR 52

Les agriculteurs doivent pouvoir cultiver de façon pérenne, avec la garantie qu’il n’y ait pas mainmise des fournisseurs d’énergie en cas de vente. La loi doit notamment interdire la vente du foncier à des financiers, à des énergéticiens et tout autre investisseur éloigné d’un projet agricole.

« Ces projets mêlant l’agriculture et le photovoltaïque, en assurant la pérennité de nos fermes, assureront leur transmission et favoriseront l’installation de nos jeunes sur notre territoire » défend Jean-Luc Didier, référent agrivoltaïsme de la Coordination Rurale de la Haute-Marne.

 

Au-delà des défis énergétiques posés par le développement de l’agrivoltaïsme au sein du territoire haut-marnais, Arnaud Buat et Jean-Luc Didier ont pu aborder d’autres sujets en lien avec leur quotidien d’agriculteurs auprès de députés soucieux d’instaurer un véritable échange et de se montrer force de propositions pour les prochaines sessions parlementaires.

L’obligation de CSP ? Un non-sens !

Depuis près d’un an, la Coordination Rurale ne cesse d’interpeller le Gouvernement et les politiques concernant la séparation du conseil et de la vente des produits phytopharmaceutiques (PPP). Imposée par la première loi EGAlim qui contraint tous les agriculteurs à obtenir un Conseil stratégique phytosanitaire (CSP) au 1er janvier 2024 et ce, malgré un véritable désert de conseillers, la CR s’est toujours opposée à son obligation. En effet, cette législation impliquerait la suppression du « Certiphyto » pour une majorité d’agriculteurs qui, de fait, ne pourront plus acheter de produits phytosanitaires et protéger leurs cultures, une conception de l’agriculture, pour nous, intolérable.

La Coordination Rurale a donc de nouveau demandé aux députés de la Haute-Marne de remettre en cause ce principe de séparation entre la vente et le conseil et/ou de revoir cette loi pour le moment inapplicable.

phyto

Les zones de non-traitement, c’est toujours non !

Considérées comme une nouvelle norme environnementale pour l’agriculture déjà en difficulté face à la concurrence européenne et mondiale, les zones de non-traitement (ZNT) ne sont pas justifiées sur le plan scientifique. Les produits déjà intégrés dans la réglementation encadrant l’utilisation des produits phytopharmaceutiques (PPP) sont homologués en tenant compte de la présence humaine. La nouvelle extension des ZNT aux lieux accueillant des travailleurs nous fait s’interroger sur le risque de voir appliquer des ZNT à proximité de tous les lieux de passage et de voisinage. Or, les ZNT ne règlent pas les problèmes de voisinage ; c’est même parfois le contraire.

La Coordination Rurale l’a toujours revendiqué : l’agriculture ne peut pas subir les charges et les contraintes imposées par la société civile et nos députés doivent le faire savoir !

ZNT article

La présence dévastatrice du loup en haute-marne

Les éleveurs de la Haute-Marne sont en colère. Depuis le début de l’année, on recense plus d’une trentaine de brebis tuées rien que dans le département. Une triste réalité niée par les autorités locales qui, depuis la réapparition du loup en France et au travers des différents Plans nationaux d’actions (PNA), n’ont de cesse de favoriser son développement au détriment de l’élevage. Or, la CR 52 milite pour que le maintien de l’élevage devienne LA priorité du département. Aujourd’hui, les agriculteurs subissent une triple peine : pénalisés en raison de leur perte, méprisés par l’OFB lors de la reconnaissance des attaques et vaguement indemnisés par la suite.

En somme, Arnaud Buat et Jean-Luc Didier ont fait savoir que si l’État souhaite pallier à un objectif écologique qui est celui de la préservation de la biodiversité, il ne revient pas aux agriculteurs de financer de telles décisions. Nous demandons ainsi à ce que les coûts d’une telle politique et de sa mise en œuvre n’incombent pas aux éleveurs et relèvent intégralement du financement de l’État.

Des conditions de travail des agriculteurs que l’on complique TOUJOURS PLUS

Les représentants de la CR 52 ont également tenu à exprimer leur mécontentement face à l’obligation, à partir du 1er juillet 2024, d’émettre et de recevoir leurs factures par voie électronique. Cette obligation pose beaucoup question au sein du monde rural, qui remet en cause son utilité. En effet, l’idéologie écologiste qui vise à supprimer les factures papier telles que nous les connaissons ajoute à la pénibilité de notre travail, déjà bien complexe.

Les agriculteurs craignent, à raison, une surcharge administrative qui ne sera pas sans conséquences pour des agriculteurs qui ne maîtrisent pas suffisamment, voire pas du tout, les logiciels informatiques.

Egalement, Arnaud Buat et Jean-Luc Didier pointent du doigt une législation non appropriée à des entrepreneurs agricoles dont l’accès à Internet est limité géographiquement par les fameuses zones blanches et autres territoires ruraux ne bénéficiant pas d’une couverture numérique suffisante pour mettre en œuvre cette politique digitale.

Enfin, la Coordination Rurale de la Haute-Marne est très concernée par l’augmentation injuste des marges des fournisseurs qui ne changent rien à la rémunération des producteurs des marchés laitiers et viande.

Dans un contexte où on nous explique justement que beaucoup d’agriculteurs qui quittent leur exploitation au moment du départ à la retraite ne seront pas remplacés, cette inéquité dans la répartition des marges est inacceptable.

Alors que les charges augmentent et que la rémunération des agriculteurs baisse, les élus de la CR 52 ont demandé, d’une part, le soutien des députés quant à une politique alimentaire locale faisant vivre les éleveurs bovins du département. D’autre part, la CR tient à ce que le législateur mette en place une politique de sanction vis-à-vis des organisations dites écologiques qui portent atteinte à notre métier et discréditent notre filière.

À l’issue de cette rencontre, Arnaud Buat et Jean-Luc Didier remercient les députés pour leur écoute aux principales problématiques agricoles qui font le quotidien des agriculteurs de la Coordination Rurale de la Haute-Marne.

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