Le nouvel élu chambre au collège des chefs d’exploitation, Jean-Marcel BUAT, céréalier à Guindrecourt-aux-Ormes et administrateur de la CR 52, a vite été plongé dans le bain lors de la première session de la Haute-Marne, mercredi 15 mars, qui s’est attardée sur le bilan gestionnaire de la Chambre sous la responsabilité de son président Marc Poulot.

Une dette et des frais de gestion qui posent question

Au menu de cette session statutaire : les comptes financiers de l’activité de la chambre d’agriculture, qui engendre des recettes mais également des dépenses…et c’est bien là que le bât blesse ! En effet, les convives n’ont pu que constater les dégâts puisque la Haute-Marne est déficitaire pour l’année 2022 à hauteur de 360 000 €.

Pour Marc Poulot, président de la Chambre d’agriculture de Haute-Marne, ce déficit se justifie en partie par la hausse des coûts de l’énergie sur l’année écoulée. C’est alors qu’en regardant le rapport financier, Madame la préfète, Anne Cornet, a pris le micro pour dénoncer les charges de fonctionnement comme étant plutôt la cause de ce bilan négatif.

Un avis qui n’est pas partagé par tous, à commencer par Sébastien Windsor, président des chambres d’agriculture France, présent à la session et qui voit une autre source au problème : « l’impact d’une revalorisation probablement insuffisante de la taxe additionnelle à la taxe sur le foncier non bâti (TATFNB) pour arriver à équilibrer les budgets dans une période d’inflation ». Selon lui, il s’agit d’une des sources du déficit.

Un management qui semble donc faire débat, d’autant que le rapport moral indique le départ de 26 salariés ces quatre dernières années…

Une session Chambre en présence notamment de Sébastien Windsor

Et si la Chambre d’agriculture faisait payer ses prestations ?

Cela paraît à l’heure actuelle déraisonnable et impossible à imaginer puisque les agriculteurs contribuent déjà via leurs impôts au fonctionnement de leur chambre départementale. Néanmoins, cette fiction grotesque pourrait finalement devenir réalité aux dires du président des chambres France.

En fin de session, Sébastien Windsor prend la parole pour faire un état des lieux de l’agriculture française et introduit ainsi la problématique de l’enjeu financier pour les chambres d’agriculture.

En effet, malgré l’augmentation budgétaire de 3 points fin 2022 accordée par Marc Fesneau et Elisabeth Borne, celle-ci ne couvre malheureusement pas la totalité de l’augmentation des charges des chambres, dont le bilan est mitigé.

Dès lors, les chambres d’agriculture, dont celle de la Haute-Marne, se retrouveraient face à deux possibilités :

  • soit l’augmentation de l’impôt destiné à être versé aux chambres
  • soit l’augmentation des prestations à l’extérieur et la privatisation progressive du conseil et de l’accompagnement

Pour que les chambres puissent continuer leurs missions, Sébastien Windsor demande à ce qu’elles bénéficient de l’augmentation des bases cadastrales comme les autres collectivités publiques (à 7,1% en 2023), ce qui n’est pas le cas jusqu’à présent. « Faute de cela, on devra aller faire des prestations payantes auprès des agriculteurs ou des collectivités mais comme on fait peu de marges sur ces prestations, nous devrons aussi abandonner des missions de service public » déplore Sébastien Windsor.

Une conclusion qui interpelle cependant la CR 52 : comment pourrait-on imaginer faire payer une prestation de service public à des agriculteurs qui payent déjà un impôt pour financer le gouffre financier que représente leur chambre d’agriculture ?

Les agriculteurs paient déjà un impôt pour le financement de ces structures. Il attendent en retour des prestations, un accompagnement et de l’information. Des services qui ne sont pourtant pas toujours au rendez-vous…

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