Le jeudi 6 mai 2021, Julien de Normandie, ministre de l'Agriculture, Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, et Cédric O, secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques, étaient en déplacement à Poulainville (80), pour visiter l’usine Ynsect qui a pour projet d’établir la plus grande ferme d’insectes verticale d’Europe. Une occasion pour la Coordination Rurale des Hauts-de-France (CR HdF), représentée par Jean-Luc Allain (président de la CR 80) et Damien Brunelle (1er vice-président de la CRUN et administrateur de la CR 02), d’aborder notamment la question de l’indépendance protéique lors de la table ronde organisée avec le ministre de l'Agriculture et les représentants du monde agricole.

Face à la volonté affichée de produire des protéines issues d’insectes à destination de l’alimentation humaine, la CR a rappelé l’une de ses positions : les appellations en lien avec la viande ne doivent pas être permises pour les protéines issues de végétaux ou d'insectes. Le ministre a assuré que ce ne serait pas le cas, et a confirmé sa volonté d’aller le plus loin possible sur la traçabilité de nos produits alimentaires. Nous devrions donc être rassurés sur ce point, espérons maintenant que cette volonté politique ne sera pas bloquée, comme dans le cas du lait, par ceux qui sont supposés valoriser nos productions (plus d’informations ici).

Contrairement aux déclarations d’Ynsect, la CR a rappelé que les aliments issus d’insectes ne REMPLACENT PAS la viande issue de nos élevages. « On veut vendre des « alternatives à l’élevage » comme si cette pratique était mauvaise ! Cela contribue à la stigmatisation de la profession et donne du crédit à ceux qui réduisent l’élevage à « une activité qui pollue et qui consomme de l’eau » ! L’élevage c’est surtout une activité qui génère de nombreuses externalités positives, qui structure nos campagnes, s’intègre pleinement dans les suites culturales et qui, en maintenant des prairies, stocke du carbone en plus d’offrir un agrosystème primordial au maintien de la biodiversité ! Alors que l’on diversifie nos apports en protéines d’accord, que ce soit par le biais d’insectes pourquoi pas… Mais en parallèle, il serait temps de réhabiliter l’élevage français ! », a expliqué le représentant CR.

La Coordination Rurale a également fait le lien avec l’acharnement grandissant dont la profession fait les frais depuis plusieurs années. Malgré la multiplication d’arguments fallacieux et d’accusations illégitimes entendus dans les médias généralistes, le ministre a rejeté la notion d'agribashing trop facilement évoquée. Mais la CR lui a signalé combien certaines ONG étaient dogmatiques et ancrées dans des combats anti-constructifs  (glyphosate, nitrate, élevage...) si bien qu'elles ne seront jamais satisfaites quelles que soient les concessions et améliorations.

Malgré ce point de désaccord, le discours de la CR a trouvé une oreille attentive du côté du ministre de l’Agriculture qui a tenu des propos « CR-compatibles », en dénonçant notamment le fait que certaines coopératives ne respectent pas leurs adhérents dans leurs relations et la formation des prix ! Il a aussi rappelé sa déception de ne pas parvenir à faire appliquer l'article 44 de la loi EGalim, mais assure sa volonté de le « traduire » dans le droit européen à travers la multiplication de clauses miroirs.

L'autre grand sujet fut la PAC en pleine négociation : la CR ne partage pas l'enthousiasme du ministre pour la contractualisation, mais le soutient en revanche dans sa volonté de travailler sur les indicateurs de coûts et la transparence des marges.

La CR a apprécié ce long échange qui a permis de passer en revue les sujets d'actualité et certaines difficultés rencontrées par la profession. Nous regrettons tout de même que la ministre de la Transition écologique n’ait pas pris part à cette table ronde, alors qu’elle participait à l’inauguration de la ferme à insectes...

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