Les contraintes de temps faisant, les journalistes de France 2 n’ont pu inclure l’intégralité des propos de Philippe Ribault. Il explique plus en détail les ahurissantes raisons de la sécheresse de la Voise.

Après un début d’année pluvieux et peu ensoleillé, certaines rivières sont à sec et la Voise n’en est pas loin...

La Voise est en état de crise. Cette situation est tout à fait paradoxale : à mon pluviomètre, j’ai mesuré des excès de pluviométrie, 183 mm au mois de mai et 61 mm au mois de juin. Nous devrions donc avoir a minima un cours d’eau à un niveau habituel, si ce n’est en excès d’eau.

Quelles sont dès lors les raisons de cette sécheresse ?

Cette situation ahurissante a pour raison première une mesure purement « doctrinaire » de levée perpétuelle des trois pelles du vannage du moulin des Grès. Depuis plus d’un demi-siècle que j’observe et que je suis le niveau de cette rivière, je n’ai jamais constaté pareille rapidité dans l’abaissement de son  niveau, c’est à peine croyable !

Je suis curieux de savoir comment on va nous expliquer, après les pluies excessives de mai et juin, que nous nous retrouvons en déficit d’eau classé rouge. J’espère que les services « Eau et biodiversité » de notre DDT sont satisfaits des actions entreprises sur et à proximité des rivières, à grands coups d’argent public, et contre l’avis des professionnels de terrain. Laissez-moi malgré tout, exprimer mes craintes, lorsqu’il y aura une succession d’années sèches. Avec cette mesure de non-retenue de notre eau douce (vannages levés), nous serons sans nul doute confrontés à de sévères restrictions, voire à une interdiction brutale d’irriguer, afin de prioriser l’approvisionnement de trois gros forages d’adduction d’eau potable (250 m3/h) pour la ville de Maintenon-Pierres (réalisés après les nôtres sur le territoire de ma commune).

Comment y remédier ?

Nous, à la CR, avec le bon sens paysans que nous avons dans nos veines, nous osons le dire :

Les moyens techniques existent pour permettre de stocker l’eau qui tombe en hiver pour pouvoir l’utiliser en été, et ainsi maintenir des niveaux de cours d’eau suffisants pour assurer la biodiversité de nos écosystèmes. Sur la Voise, auparavant, les vannages étaient gérés manuellement. Au nom d’une supposée biodiversité, pour ne pas entraver l’écoulement de l’eau nous dit-on, ces vannes doivent aujourd’hui rester ouvertes. Quand nous voyons aujourd’hui le niveau de la Voise, j’ai encore moins honte de le dire : les agriculteurs sont bien les premiers acteurs de la biodiversité et de la protection de l’environnement. Nos savoirs et notre bon sens paysan sont parfois moqués, mais ils semblent bien plus efficaces que certaines « écologies de bureaux ». Pour ceux qui l’auraient raté, voici l’extrait diffusé dans le journal matinal de France 2, le 16 août 2016

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