Le jeudi 2 juillet, la CR Centre, représentée par Geneviève de Brach et Aurélie Hallain, a eu l’opportunité de rencontrer Jean-Noël Rieffel, directeur de l’OFB Centre-Val de Loire, et Oriane Le Port, directrice régionale adjointe Centre-Val de Loire. Cette rencontre a permis de discuter de plusieurs sujets cruciaux pour le monde agricole, notamment la gestion de l’eau, les nuisibles et les contrôles.
La Gestion de l’Eau : Une situation critique
L’un des premiers sujets abordés fut la gestion de l’eau. En effet, la période d’humidité actuelle complique le travail dans les champs et cause des inondations, exacerbées par l‘interdiction d’entretenir les fossés et les rivières (embâcles, ilettes, et ronciers le long des rivières comme le Cher). Geneviève de Brach a exprimé son inquiétude en soulignant que les relevés indiquent une pluviométrie sensiblement identiques à certaines années (1979,1981…). Le problème de l’eau et du manque d’eau réside dans sa mauvaise gestion, notamment le manque d’entretien des barrages par certains syndicats… Malgré les pluies abondantes, certaines rivières, comme l’Indre (à Clavières) étaient déjà à sec le 30 juin à cause de l’ouverture d’un barrage. Pour la CR, on doit garder l’eau de l’hiver pour l’été. Geneviève de Brach a souligné que des déclarations sont nécessaires pour entretenir les fossés mais que les agriculteurs se retrouvent souvent perdus face à une réglementation très compliquée et baissent les bras…
Aujourd’hui les rivières ne doivent plus être entretenues et il faut laissez faire la nature. Il est impératif de réfléchir à une meilleure gestion de l’eau avec moins de dogmatisme et d’idéologie.
N’oublions pas que grâce aux paysans, les paysages sont tels qu’on les connaît et que ce ne sont pas les écologistes qui ont fait notre campagne.
Les Nuisibles : Un problème en croissance
La discussion s’est ensuite tournée vers les nuisibles, un problème majeur dans la région Centre. Les dégâts causés par les gibiers, ainsi que les problèmes de santé qu’ils peuvent engendrer, ne sont pas pris en charge par les assurances. Aurélie Hallain a affirmé que « à trop faire de la biodiversité, on tue la biodiversité ». Les bords des routes, non entretenus, deviennent des lieux dangereux pour les animaux sauvages qui se retrouvent sur la route, augmentant les risques d’accidents.
Les sangliers, par exemple, causent des ravages dans les cultures, endommageant les champs et augmentant les coûts de production. Le directeur de l’OFB affirme que les blaireaux ne transmettent pas la tuberculose aux vaches, mais que ce sont les troupeaux infectés qui contaminent les blaireaux. Nous ne partageons pas cette opinion et insistons sur la nécessité de maintenir des troupeaux indemnes pour protéger à la fois le bétail et la faune sauvage.
Les sansonnets, ainsi que les pigeons et choucas, dont les populations sont en pleine explosion, consomment de grandes quantités de graines et de récoltes, entraînant des pertes économiques pour les agriculteurs. Bien que certaines espèces, comme les choucas, soient protégées, leur nombre croissant nécessite des mesures de gestion pour équilibrer la protection de la faune et la viabilité économique des exploitations agricoles.
Enfin, les renards, bien qu’importants pour l’écosystème en tant que prédateurs, peuvent attaquer les volailles et propager des maladies. Leur présence accrue près des zones habitées est une source de préoccupation.
Aurélie Hallain a rappelé que l’OMC demande aux agriculteurs de produire de manière saine, loyale et marchande, ce qui devient difficile avec la prolifération de nuisibles. La prolifération des chardons, vulpins, ray-grass et datura constitue un défi majeur pour les agriculteurs. Ces adventices envahissent les cultures, entraînant une perte significative de rendement et augmentant les coûts de production. Certaines de ces plantes sont particulièrement dangereuses pour l’homme en raison de leurs propriétés toxiques : le datura peut provoquer des intoxications graves. L’ergot, qui se développe à cause des adventices et des bords de champ mal entretenus peut entraîner des troubles de santé graves s’il est ingéré. La gestion efficace de ces nuisibles est donc cruciale pour la sécurité alimentaire et la santé publique. La CR est inquiète et se demande comment les agriculteurs pourront produire sainement dans l’avenir ?
Les Contrôles : Un besoin de réciprocité et de pédagogie
Concernant les contrôles, la CR Centre demande le principe de réciprocité. la question du port d’armes par les agents de l’OFB a été soulevée. Bien que cette décision relève des compétences du parquet, la CR a exprimé ses préoccupations quant au caractère ostentatoire du port d’armes par certains agents.
La situation dans les exploitations agricoles est actuellement très difficile, et de nombreux agriculteurs sont confrontés à un stress intense et à une baisse de moral. Dans ce contexte fragile, il est crucial de faire preuve de discernement et de sensibilité. La CR Centre a donc averti l’OFB des risques de dérapages, soulignant l’importance de prévenir toute escalade qui pourrait conduire à un drame.
Les agriculteurs se sentent souvent espionnés et craignent des dénonciations injustifiées. Jean-Noël Rieffel a rassuré en expliquant que les agents de l’OFB ne sortent jamais leurs armes et que seulement 18% des contrôles concernent des agriculteurs, certains étant contrôlés en tant que chasseurs et non en tant qu’exploitants. Sur 177 contrôles en 2023, 78 ont abouti à des poursuites judiciaires. L’OFB effectue environ 1000 contrôles par an, y compris sur des collectivités et autres groupes.
Pour éviter les abus, l’OFB met en place des stages alternatifs aux poursuites pour encourager la pédagogie et donne une formation obligatoire à ses agents afin qu’ils comprennent les problèmes économiques et la souffrance des agriculteurs.
Concernant les dénonciations, le directeur a précisé que l’OFB a l’obligation d’instruire les cas selon le code de l’environnement.
Cette rencontre avec l’OFB est une étape importante pour la CR Centre dans la défense des intérêts des agriculteurs. La CR Centre continuera à se mobiliser pour que les préoccupations des agriculteurs soient entendues et prises en compte par les autorités compétentes