Le Groupement Les Mousquetaires, dont font partie Intermarché & Netto notamment, a mis en place une structure en charge des relations avec le monde agricole. Elle a pour but d’être l’interface entre le Groupement et les parties prenantes du monde agricole.

L’objectif étant que ce groupement composé d’un réseau d’adhérents (chefs d’entreprises propriétaires des Intermarché et Netto) et les syndicats puissent échanger plus régulièrement ensemble pour comprendre les enjeux de chacun, pour dénouer d’éventuels problèmes locaux ou encore pour monter des projets.

Relations entre les agriculteurs et la grande distribution

Certains agriculteurs présents travaillent ou travaillaient avec la grande distribution. Le Groupe Mousquetaires dénonce les idées reçues et encourage chaque personne qui le souhaite à venir les rencontrer pour échanger avec eux sur les possibilités.

James Duclos explique qu’aujourd’hui, sans la grande distribution, les producteurs ne pourraient pas survivre, car chaque exploitant n’a pas la capacité d’accéder à la vente directe.

Si la personne en charge chez le distributeur de la relation avec le producteur change, il serait préférable qu’il y ait un suivi. Il s’agit avant tout d’une relation humaine.

Critiques envers les centrales d’achat et propositions de collaboration

James Boucher reste en colère contre les centrales d’achat qui n’ont « aucune parole » et qui obligent les agriculteurs. Il est en effet difficile de dire non. Pour la coordination rurale, il est nécessaire d’adopter une nouvelle approche afin de travailler dans le même sens, agriculteurs, agroalimentaire et grande distribution avec des contrats triparti comme pour le lait « c’est qui le patron ? ». L’objectif est de faire en sorte que le producteur puisse aussi se dégager une marge.

La Coordination Rurale réclame plus de transparence et propose la mise en place d’un étiquetage clair, sous forme d’infographies similaires au Nutri-Score, indiquant le pourcentage d’ingrédients d’origine française dans chaque produit. Cette transparence permettre aux consommateurs d’acheter en en connaissance de cause.

Pour rappel, on peut diviser les consommateurs en trois catégories

  • Celui qui regarde que le prix et qui est limité par son pouvoir d’achat ou privilégiera toujours le discount
  • Celui qui achète français quand il peut se le permettre
  • Celui qui achète en vente directe et qui est déjà convaincu

Une piste de travail envisagée par le groupe Mousquetaires est l’inscription dans les conditions générales des ventes de l’obligation d’indiquer le pourcentage de produits français pour les MDD (marque de distributeurs). Souvent, la grande distribution ne connaît même pas ce chiffre pour les produits importés.

Initiatives du Groupe Mousquetaires

À la suite des manifestations du monde agricole, le groupe Mousquetaires a été à l’initiative d’Origin’Info, un nouveau logo pour informer sur l’origine des produits alimentaires transformés.

Le groupe Mousquetaires indique que les rayons traditionnels sont composés de produits 100 % français. Ils ont également fait le choix de retirer toutes les pommes qui ne sont pas produites en France, en soutenant cette filière.

Le groupe s’engage à travailler les filières une par une.

Problématiques des promotions et du consommateur

Geneviève de Brach alerte sur les dangers des promotions, qui sont très mauvaises pour le consommateur et pour l’agriculture. Les promotions enlèvent toute valeur aux produits agricoles, il faut avant tout mettre en avant le produit.

Les promotions excessives dévalorisent nos produits et tirent les prix vers le bas. Vendre de la côte de porc d’origine française à 2,79 €/kg est inconcevable : ce n’est ni viable pour nos éleveurs français ni représentatif de la qualité de leur travail.

Le gigot d’agneau néo-zélandais, après un long voyage, se retrouve en rayon à un prix bien inférieur au gigot français, affiché à 40 €.

Monsieur Papin répond que si le groupe ne fait pas de promotions, c’est le concurrent qui le fera, et ils perdraient alors la clientèle. Cela ne peut pas fonctionner. La CR comprend cette position mais il ne faut pas que la marge du gigot d’agneau français paie la marge du gigot d’agneau néo-zélandais.

Il a été rappelé l’importance de la responsabilité du consommateur et de son éducation face à l’achat de produits importés ou non. Mais les politiques ont aussi une grande part de responsabilité.

Difficultés économiques et sociales des agriculteurs

On veut vivre correctement de notre métier.

Les agriculteurs expliquent qu’ils subissent le cours mondial et également l’effet ciseaux : il n’y a plus de trésorerie, mais il faut continuer de payer les intrants, les charges et la fiscalité.

Geneviève de Brach explique que l’agriculture française ne tiendra pas cinq ans de plus avec l’augmentation des intrants chez les coopératives et le départ en retraite d’un grand nombre d’agriculteurs. La rentabilité est désormais équivalente à un coup de crayon, ça ne tient à rien.

Conclusion

Cet échange met en lumière les nombreux défis auxquels sont confrontés les agriculteurs français dans leurs relations avec la grande distribution, les centrales d’achat et les coopératives. Malgré des initiatives prometteuses, comme celles du Groupe Mousquetaires avec Origin’Info et le soutien aux filières françaises, des tensions subsistent, notamment sur la transparence des origines, la valorisation des produits et les pratiques promotionnelles.

Il devient indispensable d’adopter une approche collaborative, axée sur la transparence, l’éducation et des engagements responsables de la part de tous les acteurs. Sans cela, l’agriculture française, déjà fragilisée, risque de ne pas résister aux défis à venir.

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