Madame Françoise Souliman, préfet d’Eure-et-Loir s’est rendue sur l’exploitation de Monsieur Benoît Lemaire, vendredi 23 avril pour constater les dégâts du gel survenu le 6 et le 7 avril. De nombreux membres de l’administration (chambre d’Agriculture 28, DDT 28, CGB, etc.) ainsi que les JA et la Coordination Rurale étaient également présents.

Trois aspects majeurs autour de l’agriculture

La Chambre d’Agriculture a rappelé que « l’impact du gel pouvait être contextualisé avec trois aspects majeurs :

- Un contexte économique qui fragilise les exploitations agricoles euréliennes depuis 2016. Actuellement, 30 % des exploitations sont en situations financières fragiles avec un niveau de risque élevé et 12 % ont un niveau critique ;

- Un changement climatique où l’agriculture est la première filière à en subir les conséquences. Il est impératif que l’État et la société collaborent avec la profession à la mise en œuvre de solutions préventives et d’adaptation ;

- De la recherche et du développement ainsi que de l’aide à l’investissement pour optimiser la gestion de l’eau et permettre une irrigation des cultures de printemps. La recharge de la nappe de la Beauce est bonne. Elle permettra d’assurer les tours d’eau pour sécuriser les nouveaux semis de betteraves et sécuriser des reprises de végétation de blés. »

Les dégâts du gel sur les différentes cultures : blé, Colza, Maïs

Depuis janvier, l’Eure-et-Loir a observé de fortes variations de température. Fin janvier et mars ont été des mois chauds qui ont favorisé la croissance des cultures, tandis que février et avril ont été des mois froids ou très froids, qui ont ralenti voire détruit les plantes qui étaient déjà à un stade bien avancé de leur croissance.

Le gel d’avril a eu de graves conséquences sur beaucoup de cultures.

Blé : lors du gel, l’épi de blé était à 1 cm. À ce stade, il devient plus vulnérable en dessous des -4 °C. Pour le moment, il est difficile de savoir l’étendue des dégâts de gel sur cette culture. Si pendant les 3 prochains mois, il y a une alimentation d’eau constante, les conséquences devraient être moindres. Cependant, il y a un risque d’une épiaison dite « brûlée » occasionnant une perte pouvant aller jusqu’à 80 % de rendement.

Colza : deux possibilités existent pour le colza. Soit il est passé au travers du gel et seulement quelques silices seront touchées, soit il a été piqué par un insecte (altises ou charançon), produisant une porte d’entrée pour le gel, qui a détruit la plante.

Maïs : il y a peu de risques pour le maïs puisque venant seulement d’être semé, les graines étaient encore en profondeur et protégées du gel.

Betteraves, Lins, arbres fruitiers et fourrages : cultures les plus touchées

Betteraves : elles ont commencé à lever au moment où il a gelé. Elles étaient donc très sensibles. C’est d’ailleurs la culture qui en a le plus souffert. Sur les 30 000 ha de semé, environ 23 000 ha ont gelé. La moitié des agriculteurs betteraviers ressèmeront des graines non-enrobées de néonicotinoïdes, avec donc un gros risque de jaunisse. Plus les pucerons arriveront tardivement (vers juin), plus la situation sera gérable.

Lin : suite à la crise du coronavirus, beaucoup d’agriculteurs avaient réduit leur production. En plus du gel, beaucoup de parcelle en train de lever ont été détruites. Celles qui n’avaient pas levé sont indemnes et maintenant en train de lever.

Fourrage : les agriculteurs ont perdu 70 % de rendement sur les récoltes des intercultures semées avant le maïs. Ils ne peuvent donc pas reconstituer leur stock de fourrage. De plus, le gel suivi de la sécheresse ne permettra pas aux prairies de se reconstituer. La Coordination Rurale a écrit au ministre de l’Agriculture pour qu'il obtienne dans les délais les plus brefs l’autorisation de l’UE pour les éleveurs d’utiliser leurs surfaces en jachère pour faire pâturer leurs troupeaux, ainsi que celles dédiées aux SIE et aux MAEC. Si d’ici le 15 mai la pluviométrie n’est pas plus conséquente dans le département, les éleveurs se trouveront dans l’incapacité de produire du foin et de la paille, ce qui entraînera une sous-alimentation du cheptel, voire une décapitalisation.

Visite de l'exploitation

Cette réunion s’est conclue par une visite de l’exploitation de Monsieur Lemaire, arboriculteur, qui a perdu une grande partie de ses récoltes, notamment sur ces arbres non protégés. Même ces arbres protégés par la méthode de l’aspersion, ont subi des dégâts.

Le département d’Eure-et-Loir comme le reste de la France a été énormément impacté par le gel. Certaines cultures telles que les arbres fruitiers, les betteraves et le lins ont subi de grosses pertes. Pour d’autres, telles que les grandes cultures, les conséquences ne seront visibles que dans quelques semaines.

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