La crise agricole actuelle s’intensifie, mettant en lumière les difficultés profondes auxquelles sont confrontés les agriculteurs français. Dans ce contexte difficile, Aurélie Hallain, présidente de la Coordination Rurale d’Eure-et-Loir, a exprimé avec véhémence son mécontentement et ses inquiétudes quant à l’avenir de l’agriculture dans son département et au-delà.
Des récoltes inégales et un marché impitoyable
Aurélie Hallain souligne la disparité des rendements observés cette année, avec des résultats allant « du simple au double ». Les qualités des récoltes varient également de « bonne à médiocre », mais ce qui préoccupe le plus les agriculteurs, selon elle, c’est le prix de vente des produits. Ce prix, qu’ils ne maîtrisent pas, est en train de chuter en raison des bonnes récoltes dans d’autres pays, ce qui pourrait entraîner des faillites et des situations dramatiques pour de nombreuses exploitations. « Les prix de vente ne couvrent plus les coûts de production », déplore-t-elle, ajoutant que « les charges explosent » tandis que les rendements stagnent au même niveau qu’il y a quarante ans.
Une évolution des coûts injustifiable
Aurélie Hallain rappelle que le prix de vente des produits agricoles est le même qu’il y a quarante ans, tandis que le coût des intrants a considérablement augmenté. « Le GNR [gazole non routier] était à 15 centimes de franc, aujourd’hui on l’achète 1 € », souligne-t-elle pour illustrer cette inflation qui frappe durement les agriculteurs. Face à cette situation, elle rejette l’idée que des « années blanches » puissent sauver les exploitations, estimant que c’est la réduction des charges et une moindre dépendance aux fluctuations des marchés qui devraient être les priorités.
L’Assurance récolte : une solution incomplète
La présidente de la Coordination Rurale d’Eure-et-Loir critique également l’assurance récolte, qu’elle ne considère pas comme une réponse suffisante à la crise. « La franchise de 25 % ne nous permet pas de couvrir une partie de nos charges et de nous rémunérer », explique-t-elle, appelant à une véritable protection de l’agriculture française. Elle insiste sur le fait que l’assurance, telle qu’elle est conçue aujourd’hui, ne peut compenser les pertes subies par les agriculteurs en cas de mauvaises récoltes ou de catastrophes climatiques.
Des dérogations et une révision des règlementations urgentes
Aurélie Hallain appelle également à des dérogations pour le semis des couverts, une pratique essentielle pour protéger les sols et les cultures. Cependant, les conditions actuelles, marquées par l’invasion des mauvaises herbes et la nécessité de multiples déchaumages, rendent cette tâche difficile, voire impossible, pour de nombreux agriculteurs. « Cela va impacter encore plus les exploitations financièrement », prévient-elle. Elle demande également une réduction de la présence obligatoire après récolte pour éviter que le salissement des parcelles ne devienne un problème insurmontable.
Conclusion
Le cri du cœur d’Aurélie Hallain est représentatif du désespoir croissant parmi les agriculteurs français. Face à des coûts en hausse, des prix de vente stagnants et des réglementations qui ne tiennent pas compte de la réalité du terrain, la survie de nombreuses exploitations est en jeu. Les agriculteurs, selon elle, ne peuvent plus se contenter de solutions temporaires ; il est urgent d’agir pour garantir un avenir durable à l’agriculture française.