À l’occasion de sa réélection en tant que présidente de la Coordination Rurale du Centre, Geneviève De Brach répond à quelques questions.

Quels ont été les principaux combats syndicaux de l’année 2020 ?

« Selon moi, le principal combat est la sécurité alimentaire pour tous les Français. En effet, nous, agriculteurs français, sommes de plus en plus contraints par des normes et subissons l’importation de produits ne respectant pas ces mêmes normes. Faisons appliquer l’article 44 de la loi Egalim qui impose aux produits alimentaires importés de respecter les mêmes normes que les nôtres ! N’oublions pas que nous avons une des meilleures agricultures au monde, malheureusement nos politiciens sont en train de la détruire. L’agriculture est un secteur stratégique, elle ne doit pas être la variable d’ajustement.

Je suis persuadée que nous aurons dans le futur des drames sanitaires, il n’y a qu’à suivre l’actualité concernant notamment le sésame importé d’Inde qui a été traité avec de l’oxyde éthylène. On ne sait même pas quels aliments sont fabriqués avec ce sésame qui se retrouve sur une multitude de produits transformés...

Les zones de non traitement (ZNT) ont envoyé un très mauvais signe à nos concitoyens en leur laissant penser que nos produits phyto sont dangereux alors que nous n’employons que des produits homologués en respectant les contraintes que l’on nous impose.

Il y a eu d’autres sujets comme les cours d’eau, la défense de nos élevages, très attaqués par différentes associations que nous savons financées par les GAFA ou autres multinationales ou encore par l’alimentation cellulaire qu’on essaie de nous vendre sous l’appellation viande... »

Comment s’est passée votre première année de présidence régionale ? Quel est votre ressenti ?

« Nous sommes dans une période très difficile structurellement car le revenu des agriculteurs est en baisse chaque année. Celle-ci est due à des prix de nos produits très bas, des normes de plus en plus drastiques et des charges qui continuent de monter.

À cause du climat, mais aussi des difficultés rencontrées suite à la suppression de nombreux produits pour protéger nos plantes d’insectes ou de maladies, les récoltes ont été très mauvaises.

De plus, la crise sanitaire liée à la Covid-19 a impacté de nombreuses filières : la viticulture, l’élevage, le monde équin…

Nous devons défendre notre métier, notre agriculture qu’elle soit bio ou non. Ce n’est pas facile d’être sur tous les fronts mais je suis entourée d’une équipe motivée et investie. Et même si la charge est quelquefois lourde, nous ne baisserons pas les bras ! »

Quelles sont les responsabilités de la présidence de région ?

« En tant que présidente de région, j’ai eu en moyenne 2 à 3 réunions par semaine, auxquelles je tenais à être présente car la politique de la chaise vide n’est pas celle qui me convient. Il ne faut pas toujours s’opposer aux autres syndicats, sur certains sujets nous avons cherché à travailler ensemble car, pour moi, le principal est de faire avancer nos idées CR. »

Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?

« Par ces temps tourmentés, il est compliqué de constater que nous avons des agriculteurs en très grande difficulté. Malheureusement, le taux de suicide est très élevé avec un suicide par jour, et nous n’arrivons pas à améliorer les choses à ce niveau.

Un de mes regrets aussi est le très petit nombre de nouveaux installés depuis des années avec une politique de l’installation qui ne change pas.

J’ai souvent l’impression de parler dans le vide ou face à des murs… et qu’on nous rend le métier plus ardu encore. Il nous faut être entendus, c’est la chose la plus difficile. »

De quels succès pouvez-vous vous féliciter ?

« De répéter et de faire écrire dans certaines réunions avec les institutionnels que sans revenu les agriculteurs iront mal. Quand dans des réunions je le martèle, j'ai souvent l'impression que c'est le pot de fer contre le pot de terre mais quand sont inscrites nos revendications, c’est une petite victoire pour nous, syndiqués de la CR.

Il me faut rester très modeste, je ne suis qu’une petite cheville ouvrière ! »

Que souhaitez-vous dire aux adhérents CR du Centre-Val de Loire ?

« Il ne faut pas baisser les bras ! L’agriculture est stratégique et la crise de la Covid nous l’a démontré, nous avons notre rôle à jouer ! Pour l’alimentation des Français, l’entretien du paysage, la transition énergétique... Il faut que nous soyons bénéficiaires des mesures gouvernementales et que cela ne profite pas qu’aux industriels. Il nous faut défendre une bonne politique agricole qui crée les conditions d’une agriculture durable et soutient le développement rural.

J’en profite pour remercier les membres de la CR Centre et les représentants des différentes commissions départementales pour leur implication. Nous allons certainement avoir de gros changements dans notre métier, je ne doute pas que nous devrons nous battre pour l’avenir de notre agriculture et de ses agriculteurs.

Les paysages que nous connaissons aujourd’hui sont le résultat du travail des agriculteurs. Nous sommes les acteurs au quotidien du développement de notre territoire alors battons-nous !

Enfin, je souhaite à toutes et tous de joyeuses fêtes de fin d’année. »

Dans la même catégorie

CR 41
Centre-Val de Loire
CR 41
Centre-Val de Loire