La Coordination Rurale de Bretagne s’inquiète des répercussions sur les prix agricoles des nouvelles négociations commerciales demandées à l’agroalimentaire par Bruno Le Maire, ministre de l’Économie.

Certes, l’année 2022 a affiché des prix agricoles records en Bretagne, mais malheureusement, ils sont pour beaucoup restés au-dessous des prix européens et ne sont déjà plus d’actualité. Cette hausse éphémère des prix agricoles, générée par une volatilité incontrôlée, ne suffira pas à enrayer la baisse de production dangereuse pour notre souveraineté alimentaire.

En effet, les cultures de l’automne et celles mises en terre en ce moment le sont avec des prix d’intrants qui ont flambé depuis mars 2022 (engrais : + 68 %, énergie : + 100 % – Insee) alors que l’indice des prix de vente des céréales a chuté de – 28 points. Avec un tel effet «ciseau», facile de comprendre que les coûts de production ne seront pas couverts ! Le président de la Chambre d’Agriculture de Bretagne souligne l’augmentation du revenu annuel 2022 passant à 40 000 € contre 25 000 € les années précédentes. S’agissant d’un revenu avant impôts et charges sociales, c’est d’un salaire brut dont il parle, donc loin de rattraper le manque à gagner des années précédentes et à venir !

« En imposant une compétitivité hors-prix à marche forcée (surtransposition des normes environnementales européennes, incitations au Bio, à la Haute Valeur Environnementale…), les politiques en ont oublié que c’est la compétitivité-prix qui anime les marchés.  Le déclin du bio et la baisse de consommation en sont la preuve ! », s’insurge Nathalie Possémé, récemment élue à la tête de la Coordination Rurale du Morbihan.

Bruno Le Maire semble enfin comprendre que les prix à la consommation ne rebaissent jamais autant et aussi vite qu’ils n’ont progressé ! Cet état de fait, récurrent en agriculture, a abouti à la baisse de la production en Bretagne. Au regard de la croissance des bénéfices de certaines industries agroalimentaires en 2022 (+ 45 % pour Avril (Lesieur…)) ou encore de celles qui disposent de trésorerie pour venir aider les agriculteurs alors, qu’en même temps, elles affirment ne pas être capables de payer leurs produits au juste prix, le ministre de l’Économie doit garantir que l’effort réclamé à l’agroalimentaire en matière de prix ne soit pas répercuté et supporté par les producteurs !

Pour résoudre l’équation « prix rémunérateurs des produits agricoles et prix abordables à la consommation », la Coordination Rurale de Bretagne se bat pour :

• plus de transparence dans les flux financiers des firmes internationales, tant privées que coopératives,
• un bouclier tarifaire «énergie» comme pour les autres TPE,
• un recadrage vers les objectifs initiaux de la PAC protégeant autant les consommateurs que les producteurs,
• l’instauration de l’exception agriculturelle européenne pour exclure les produits alimentaires des marchés financiers et de l’OMC.

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