Dans un cahier spécial sur les filières céréalières bretonnes, édité en partenariat avec Ouest-France, Passions Céréales joue parfaitement le rôle de Tartuffe ! Créée à l'initiative de l'interprofession céréalière, l’association qui se vante de rassembler toute la filière, fait preuve d’hypocrisie en minimisant la situation des producteurs et jouant la comédie, espérant profiter de la naïveté des lecteurs.

Une situation alarmante

La situation des producteurs de céréales est alarmante : le prix du blé a été divisé par trois en monnaie constante depuis 30 ans, le chiffre d’affaires d’un hectare de grandes cultures a chuté de 62 % sur la même période, les producteurs n’ont pas de revenu décent depuis 5 ans et 30 % d’entre eux sont en déficit depuis deux ans ! Il est vrai, le comité des céréales de Bretagne représenté par son président Jean-Yves Tessier, constate que la conjoncture n’a jamais été aussi difficile pour les producteurs de céréales et que les prix de vente se sont écroulés. Pour autant il s’obstine : « Dans nos métiers, on a l’habitude de faire le dos rond. » Va-t-on continuer longtemps ? Donner de l’optimisme est une chose, se voiler la face en est une autre !

Pour un plan de filière favorable aussi aux producteurs

Malheureusement, depuis longtemps, la stratégie de la filière céréalière n’est plus dans l’intérêt des agriculteurs français. Pour Hervé Menguy, agriculteur dans les Côtes d'Armor et membre de la Coordination Rurale : « Il est temps d’avoir une vision globale des grains, céréales et oléoprotéagineux confondus, ainsi qu’une dimension européenne. Dans ces conditions et en ayant conscience de l’important déficit de production de grains au sein de l’UE, la prise en compte des coûts de production devient possible pour l’obtention de prix rémunérateurs pour nos producteurs. » D’ailleurs, les différents sondages réalisés auprès des céréaliers montrent que, toutes tendances syndicales confondues, plus de 90 % d’entre eux demandent un rééquilibrage des productions en faveur des oléoprotéagineux pour exporter moins de céréales vers les pays tiers. Les producteurs ont bien compris que l’exportation sur le marché mondial est contraire à leurs intérêts car elle ne leur permettra jamais de vivre du fruit de leur travail.

Des miettes pour les paysans

Pourquoi ne pas avoir rappelé, comme nous l’avions demandé, que sur l’achat d’une baguette d’un euro 3 centimes seulement reviennent à l’agriculteur ? Il nous a été répondu, que l’idée était plutôt de montrer « des synergies qui se créent, dans les filières, pour créer des chaînes de valeur qui permettent à chacun de s’y retrouver financièrement. » Le bla-bla habituel, loin de la réalité des campagnes. Intercéréales ne joue pas son rôle en minimisant la situation des producteurs de grains. Ainsi la Coordination Rurale appelle ses adhérents à envoyer par courrier des miettes de pain à l’interprofession, symbolisant la situation désastreuse des céréaliers.   Contact : Hervé Menguy, agriculteur  - 06 60 78 85 82 Pierre Lemarié, animateur régional - 06 71 36 68 38

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