À Morey (Saône-et-Loire), les éleveurs retrouvaient tout juste un semblant de sérénité. Le loup qui terrorisait la région semblait avoir disparu, redonnant un souffle d’espoir à ceux qui, depuis des mois, vivaient dans la peur permanente pour leurs troupeaux. Mais ce répit fut de courte durée : un nouveau spécimen est apparu il y a plusieurs semaines, faisant déjà une quinzaine de victimes et s’approchant dangereusement des habitations.

Ce qui se passe à Morey illustre parfaitement un phénomène général : la pression croissante du loup en France, dont l’incompatibilité avec l’élevage extensif n’est plus contestable. Pourtant, les pouvoirs publics continuent de répondre par des dispositifs technocratiques, aussi rigides qu’inefficaces : cerclages, protocoles, exigences de double protection… Bref, un déni de réalité qui met les éleveurs en danger.

La Coordination Rurale 71 appelle à un changement de cap radical

La Coordination Rurale de Saône-et-Loire demande d’urgence un changement de politique, clair et résolu, fondé sur des principes de bon sens :

  • Reconnaître un droit de légitime défense pour les éleveurs, avec autorisation de tirs de défense dès la suspicion de présence du loup, sans obligation préalable de mesures de protection.
  • Organiser des battues de destruction dès lors que les attaques deviennent régulières.
  • Limiter strictement la population de loups à 500 individus sur le territoire national.
  • Demander l’abaissement immédiat du niveau de protection juridique du loup, comme l’ont réclamé de nombreux parlementaires dans la proposition de résolution n°1051.

Aujourd’hui, l’État n’assure pas la protection des éleveurs, qui relève pourtant de ses missions fondamentales. Il interdit même aux éleveurs de se protéger, allant jusqu’à défendre les prédateurs responsables de la destruction de leurs troupeaux. Cette situation remet en cause les bases mêmes du contrat social républicain.

Un échange avec le Préfet… et des incertitudes qui demeurent

Monsieur le Préfet s’est rendu sur le terrain et a rencontré certains éleveurs du secteur de Morey. Il a pris la mesure des difficultés rencontrées, notamment l’impossibilité de mettre en œuvre rapidement les deux moyens de protection requis en cercle 1.
Face à cette situation, le Préfet a indiqué qu’il étudiait, en lien avec les ministères concernés, la possibilité de suspendre temporairement le classement en cercle 1 pour les six communes du secteur. Cette suspension permettrait de revenir temporairement aux règles du cercle 2, notamment pour ce qui concerne les tirs de défense, dans les conditions appliquées en 2024.
Les services de la DDT prendront contact avec les éleveurs concernés si une décision de reclassement en cercle 2 est prise d’ici là.

L’alerte de l’Yonne confirme l’ampleur du problème

La situation dans l’Yonne vient cruellement confirmer que le problème dépasse largement les frontières d’un seul département. Depuis le début du printemps, plusieurs attaques ont été recensées dans le nord du département, notamment dans le secteur d’Auxerre et dans le Morvan. Là encore, les éleveurs sont confrontés à une recrudescence de prédations, avec des brebis égorgées, des troupeaux affolés, et des exploitants souvent laissés seuls face à l’angoisse et à l’incompréhension.
À ce jour, les autorités peinent à confirmer formellement la présence du loup dans ces zones, faute de preuves « suffisamment établies ». Ce flou administratif empêche toute réaction rapide, y compris l’autorisation de tirs de défense, laissant les éleveurs dans une impasse.
Il est urgent de sortir de cette logique d’aveuglement bureaucratique. Le cas de l’Yonne, comme celui de la Saône-et-Loire, montre que le loup ne se contente plus des zones de montagne ou d’altitude. Il s’installe désormais dans les plaines, les bocages, voire à proximité immédiate des habitations rurales. Faute de réponse politique forte, ce sont des pans entiers de notre élevage de territoire qui sont condamnés à disparaître.

La Coordination Rurale continuera de défendre fermement la sécurité, la dignité et la liberté des éleveurs face à une prédation devenue insoutenable. Nous demandons des actes, pas des promesses.

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