La situation des agriculteurs n’est plus inquiétante, elle est dramatique et il semblerait que la MSA le découvre seulement maintenant malgré nos multiples alertes. Aussi, comment ne pas réagir à cet article intitulé « les agriculteurs s’appauvrissent » publié le jeudi 13 octobre  dernier dans l’Est Républicain (à lire ici) ? Article dans lequel nous « apprenons », même si de notre côté ce n’est pas une grande découverte, que les agriculteurs français vivent avec l’équivalent d’un salaire roumain – 400 €/mois – tout en s’acquittant de charges sociales bien françaises de l’ordre de 500 €/mois ! Des charges sociales et fiscales coûteuses qui s’accompagnent bien évidemment de normes (européennes et françaises) et de multiples contrôles… Il ne faut donc pas s’étonner ensuite du nombre effroyable de suicides parmi les agriculteurs !

Étonnamment, la MSA révèle le triste revenu des agriculteurs mais ne s’épanche pas sur le montant de leurs  cotisations sociales. Soyons honnêtes… Il n'y a pas que la météo, le cours des céréales et la crise du lait qui abattent les agriculteurs, il y a aussi les charges sociales !

À la MSA, le double discours est omniprésent : il y a d’une part ceux qui comprennent la situation alarmante des agriculteurs,et d’autre part ceux qui vous traînent devant les tribunaux et qui n'hésitent pas à vendre vos fermes.

À la MSA, même sans revenu vous payez des charges sociales… pour finalement avoir droit à une retraite minable parfois même inférieure au minimum vieillesse… Quelle honte !

À la MSA, on considère que les agriculteurs ont un capital grâce à leur ferme et que cela compense les petites retraites… Mais en cette période de crise, valent-elles encore quelque chose nos fermes ? Quand on dit à la MSA que l'on paye trop de charges, on nous répond que c'est au nom de la solidarité. Nous devons donc être solidaires les uns envers les autres, mais qui d’autre joue le jeu ? La sécurité sociale agricole ? Je ne pense pas !

Autre information que la MSA a oublié de mentionner : l' Europe, avec ses directives 92/49 et 92/96, donnait la possibilité aux agriculteurs de s'assurer là où ils le souhaitaient, et ce dans le but d'harmoniser les charges sociales. Sous la pression de l'Europe, ces directives ont été transposées en droit français par Monsieur Jospin en avril 2001. Cependant, elles n’ont jamais été appliquées. D'ailleurs, sur ce sujet, une juge de Cour d'appel nous a répondu : «  vous avez raison juridiquement mais tort politiquement ». Tout est dit…

De son côté, la FNSEA a agi : elle a sauvé la MSA ! Mais force est de constater qu’aujourd’hui la sécurité sociale agricole coule comme les agriculteurs. Et pour cause, elle ne s’est jamais réformée ou diversifiée.

La FNSEA, qui ne prône à présent que la diversification et aujourd'hui le changement d'activité, pourra très certainement lui donner quelques conseils sur le sujet ! C’est après tout bien plus son créneau, elle qui soutient Cerfrance, les coopératives, le Crédit agricole… avant les agriculteurs !!!

Daniel Pépiot, Président de la CR Bourgogne Franche-Comté

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