Réunie le 9 mars à Saint Vidal pour son assemblée générale, la Coordination rurale de la Haut-Loire a pu faire un bilan de l’année passée et écouter le rapport moral de son président, Guy Charre.

« L’an dernier, lors de notre assemblée générale, je disais : « Réveillez-vous! ». Mais je crois que nous sommes encore endormis malgré toutes les provocations que le monde agricole reçoit. Je commencerai donc mon bilan moral en vous disant que l’agriculture de la Haute-Loire et de manière plus générale, l’agriculture française, a « mal à sa motivation ! ».

Et pourtant, il y a de quoi se motiver, s’indigner et surtout se révolter !

En effet, ce n’est pas aux puissants que nous devons notre reconnaissance, mais certainement aux agriculteurs humbles qui travaillent dans la dignité en respectant la nature et le bien-être de leurs animaux.

Je vous rappelle que ce sont nos grands-parents et parents qui ont fait vivre notre pays et qui l’ont élevé vers la prospérité. C’est donc à eux qu’il faut dire merci aujourd’hui, nous qui sommes leurs héritiers.

De nos jours, on nous dit plutôt : « Produisez », ou encore : « Le progrès fera de vous des dieux ». On nous dit aussi « Allez y à fond : c’est la performance ou disparaître», «Suiviez les consignes ! Faites ci, mais pas ça. », ou bien « Empruntez pour payer les machines et achetez des machines pour payer les emprunts. ». D’autres nous disent : « Gagnez du terrain, agrandissez vous, avalez votre voisin car le seul moyen pour s’en sortir, c’est forcer la dose : fait des heures, force la vache, force le sol et cravache !»

Ce que je viens de vous décrire brièvement ne correspond pas au respect du paysan, de l’agriculteur. Alors rebelles et solidaires, on doit l’être comme l’étaient nos grands-parents et parents. Et c’est ce que doit être la CR aujourd’hui. Donc chers collègues, motivons-nous !

Motivons-nous si nous voulons que les exploitations trouvent des repreneurs et que les jeunes aient envie d’aller vers notre filière.
Motivons-nous pour éviter l’uniformisation de l’agriculture aux commandes de l’Europe.
Motivons-nous pour éviter un asservissement irréversible de nos campagnes.

Face à ces constats, des solutions existent :

La 1ère, c’est dire non à l’Europe :

    • Non à une Europe qui impose des contraintes de plus en plus lourdes.
    • Non à une Europe qui impose des importations non conformes à notre sécurité alimentaire.
    • Non à une Europe qui impose des trajets inutiles à des marchandises agricoles et loin de tout esprit d’écologie.
    • Non à une Europe qui impose une agriculture industrielle pour les sociétés et des coopératives qui asservissent et appauvrissent ceux qui produisent.
    • Non à une Europe qui impose une soumission des peuples et de la dépendance.

La CR 43 veut une souveraineté agricole et une liberté de travailler. Et je dis bien fort ici devant vous, que l’UE empêche de le faire, l’UE crée une fracture qui nous immobilise. Il faut franchir l’obstacle de l’UE. L’UE de Maastricht est obsolète, elle ne fonctionne pas et elle est dépassée.
Je demande ici face à vous tous paysans, responsables paysans, responsables syndicalistes, de bien prendre acte que l’UE est un obstacle à notre devenir de paysans.

Oui, motivons-nous pour inventer une autre solidarité européenne !

La 2ème solution, c’est de favoriser la création et le maintien des petites et moyennes exploitations. Des paysans proches des consommateurs, connus et reconnus par la population, aimés et non dénigrés. Des paysans dans l’humanité car la population, désormais, sait et saura qu’ils ne détruisent pas le sol, qu’ils s’occupent de la biodiversité, qu’ils nourrissent sans contaminer, qu’ils disposent d’un revenu mérité et honorable.

Chers collègues, il nous faut défendre une agriculture de proximité et une agriculture autonome ! Il faut refuser le parcours qui préfère vous pister pour vous soumettre au lieu de celui qui vous encourage et vous aide à avancer.

Fini le temps de la compétition, fini le temps de l’obéissance à l’Europe, fini le temps de la soumission, car le système de Maastricht est dépassé. Il faut réinventer une autre Europe. Il faut réinventer les chambres d’agriculture et les commissions où l’agriculteur n’existe plus. Motivons-nous pour rester à notre place ! Restons à notre place, restons humble comme l’est la terre.

Je ne veux pas vous convaincre, mais je veux vous donner à réfléchir.
Enfin pour conclure, restez critique ! Notre syndicat doit rester critique si on ne veut pas que l’agriculture française soit bientôt rayée de la carte. »

Dans la même catégorie

CR 26
CR 63
CR 15
CR 03