Après près d’un an de préparation, la Coordination Rurale de l’Isère a organisé une conférence intitulée « Face aux crises, la revanche de l’agriculture et de l’industrie » qui s’est déroulée le mercredi 23 novembre 2022 à La Côte-Saint-André.
À cette occasion, la CR38 a eu l’immense plaisir d’accueillir Sébastien Abis, intervenant de renommée internationale et directeur général du Club DEMETER. Cet écosystème, qui regroupe 77 entreprises et structures professionnelles, est tourné vers les réflexions prospectives, les enjeux mondiaux et les dynamiques intersectorielles liées à l’agriculture, l’alimentation et le développement durable. Autour de ses entreprises membres, monsieur Abis met en réseau 19 écoles d’enseignement supérieur, mobilise des experts français et internationaux et coopère avec 5 ministères nationaux. Il est également chercheur associé à l’IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques) depuis 2012.
Après un mot d’accueil de Thierry Boiron, Président de la CR 38, Sébastien Abis a débuté son intervention aux alentours de 20h00.
Face à la crise sanitaire, nécessité de se recentrer sur l’essentiel
La pandémie de Covid-19 a produit un choc d’une ampleur sans précédent. Dans un tel contexte d’incertitudes, les champs de priorité se sont resserrés sur l’essentiel.
Sébastien Abis a rappelé que l’alimentation, comme la santé, faisait partie de ces enjeux universels et atemporels, au cœur des sécurités collective et individuelle et restait le fondement de notre quotidien. Il a précisé que cette nécessité vitale était conditionnée par une activité agricole, elle-même bouleversée, partout sur la planète, par l’accélération des changements géopolitiques, économiques, environnementaux, sociétaux et technologiques.
À partir de l’analyse d’une série de grandes ruptures et d’enjeux stratégiques, il a pris le temps de questionner les trajectoires du développement agricole et les conditions de la sécurité alimentaire dans un monde où la résilience, l’adaptation, l’innovation et la coopération demeurent plus que jamais déterminantes pour relever des défis inédits.
« Manger semble banal. Pourtant, se nourrir, accéder à des produits sains et être libre de ses choix s’avère extraordinaire »
Confrontée à l’évolution des comportements nutritionnels et aux inégalités géographiques, économiques et sociales qui en découlent, Sébastien Abis a insisté sur le fait que l’alimentation se situait aux carrefours d’enjeux multiples : « Tandis que tout ce qui la conditionne ne cesse de se complexifier, les frontières de nos assiettes se redessinent : elles s’élargissent ici ou se rétrécissent là, alors que certains consommateurs veulent reprendre le pouvoir sur leur alimentation et que des États cherchent à en faire un axe majeur de leur souveraineté ».
Face aux agriculteurs présents dans la salle, il a rappelé avec force l’importance de leur métier et le rôle central qu’ils occupent dans le cycle de la vie humaine : « le dénigrement que vous subissez est intolérable et totalement injustifié. Certains consommateurs devraient être beaucoup plus reconnaissants de votre travail et de la place centrale que vous occupez dans la société ». Par ailleurs, Sébastien Abis a conseillé aux professionnels de ne pas prêter attention aux irréductibles détracteurs qui resteront, quoiqu’il en soit, arc-boutés sur leurs positions idéologiques et dogmatiques.
Les instabilités géopolitiques ou la remise en question du principe de sécurité alimentaire
Face à la mondialisation des échanges et aux instabilités géopolitiques, les grandes équations stratégiques de la sécurité alimentaire, de la production agricole et de la consommation en France et dans le monde se font toujours plus complexes. Au cours de sa présentation, Sébastien Abis a proposé une série d’analyses prospectives sur ces transformations et leurs conséquences sur les agricultures, les systèmes alimentaires et les ruralités.
En se basant sur des exemples imagés et des anecdotes personnelles teintés d’humour, il a offert aux participants des grilles de lecture pour comprendre ces recompositions et les trajectoires agricoles prises en Europe et en France, ainsi que l’émergence de puissances agricoles à travers le monde.
Après plus de deux heures d’intervention, monsieur Abis a ensuite pris le temps d’échanger avec la centaine de participants présents dans la salle. Face aux agriculteurs, journalistes, responsables administratifs, élus locaux, enseignants, habitants du territoire, étudiants, représentants des banques, de la SAFER et de la Chambre d’agriculture, il a s’est fait un plaisir de répondre à chacune des questions en apportant un éclairage spécifique a chacun des thèmes abordés : dénigrement de la profession, aléas climatiques, renouvellement des générations, contraintes environnementales, etc.
Vers 23h30, c’est après avoir chaleureusement remercié l’ensemble des personnes s’étant impliquées dans l’organisation de cet événement que Thierry Boiron a clôturé cette belle soirée d’échanges, de débats et de partages.
