Éleveur laitier, j’ai repris l’exploitation familiale au 1er avril 1986 et me suis installé en individuel avec des quotas laitiers à 275 000 litres. Aujourd’hui, j’exploite 78 hectares sur la commune de Bonnac-La-Côte, j’élève 45 vaches laitières et 10 vaches limousines.

Au printemps 2022, j’ai été sollicité par la Chambre d’agriculture de la Haute-Vienne pour intégrer le dispositif des Paiements pour Services Environnementaux (PSE). Ce dispositif, porté à l’essai par l’agence de l’eau Loire Bretagne, avait ciblé au départ 5 projets sur le Département, mais seuls 3 ont été retenus. L’organisme payeur pour ce dispositif est le conseil départemental de la Haute-Vienne.

Un agent de la Chambre d’agriculture m’a alors accompagné pour monter le dossier pour lequel je n’ai rencontré aucun problème. Mon PSE est le « PSE de La Mazelle ». Il regroupe 6 ou 7 exploitants engagés comme moi, car nous longeons La Mazelle, de Compreignac au barrage de Beaune et ce PSE vise à protéger l’approvisionnement en eau de la ville de Limoges via le barrage de Beaune.

Je me suis engagé sur 5 ans à respecter ce dispositif. Le 1er paiement était initialement prévu mi-novembre 2022. Ne voyant rien venir au 15 novembre, j’ai contacté mon conseiller à la Chambre d’agriculture avec lequel j’avais monté le dossier et après qu’il se soit renseigné, il m’a informé que seuls 2 exploitants présents sur le même PSE avaient été payés et que les autres étaient en attente et que personne au conseil départemental ne pouvait lui fournir plus d’explications.

Suite à une réunion en visioconférence, mon conseiller et moi-même avons commencé à nous poser des questions et avons sollicité à plusieurs reprises le conseil départemental. Il nous a été indiqué que les dossiers étaient trop lourds et qu’il y avait des difficultés pour les envoyer à la trésorerie pour la mise en paiement ! Il nous a également été assuré que tous étaient sur le coup et a garanti un paiement pour la fin de l’année 2022. Par la suite, nos appels et relances sont restés sans réponse !

Des mois et des mois pour toucher le premier euro

Fin 2022, toujours pas de règlement sur mon compte. La tension monte, la banque me demande des comptes. Du coup, « la moutarde me monte au nez ». Je contacte à nouveau le conseil départemental 87 : peine perdue ! Furieux, je me déplace le 11 janvier, bien décidé à rencontrer quelqu’un, quitte à y passer mon après-midi. Démarche vaine. Je suis resté à l’accueil où on m’a resservi le même discours, que les dossiers étaient trop volumineux pour être transmis à la trésorerie et qu’il fallait attendre. J’ai redit devoir impérativement recevoir le paiement le vendredi matin sur mon compte.

De colère, j’ai contacté les élus départementaux du secteur afin de voir s’ils pouvaient faire avancer mon dossier. Ces élus ont pris contact auprès de cette personne et elle leur a affirmé que les dossiers étaient partis à la trésorerie depuis décembre. Mais, le vendredi matin, j’avais le versement sur mon compte et tous les paysans qui étaient en attente de leurs paiements PSE avaient été réglés !

Si on ne nous prend pas pour des cons, ça y ressemble !

Je suis très amer ! Nos élus, nos administrations se foutent des paysans et on nous prend pour des cons ! Certains élus du Département viennent nous chercher, nous, les braves paysans pour se mettre en avant, se font « mousser » en proposant des dispositifs environnementaux pour obtenir les faveurs des écolos et ne sont pas capables de prévoir des outils adaptés pour régler les dossiers.

Nous, paysans et Chambre d’agriculture, nous avons respecté nos engagements, transmis les dossiers dans les temps impartis. Mais le conseil départemental où siègent ces mêmes élus ne respecte pas les délais et surtout n’est pas capable de faire exécuter le travail correctement par ses propres agents !

Je pense qu’il serait judicieux que tous ces administratifs, bien confortablement calés dans leur confort de vie sortent de leurs bureaux feutrés et aillent faire des sorties pédagogiques dans les exploitations hauts-viennoises afin de prendre la mesure des contraintes qui nous sont imposées et les répercussions que de tels retards peuvent avoir sur nos vies et nos fermes.

Je tiens à remercier la Chambre d’agriculture de Haute-Vienne et la CR87, qui ont su être à mon écoute, pour leur bienveillance et leur disponibilité.

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