En ma qualité de Président du syndicat Coordination Rurale du Gers, je tiens à réagir à vos propos publiés dans la Dépêche le samedi 11 avril 2015.
En effet, vous y précisez ne pas vouloir  « montrer du doigt », pourtant ce sont quand même eux qui, une fois de plus, sont dans le collimateur de l'UFC-Que-Choisir lorsque vous   scandez que « les principaux pollueurs doivent être les principaux payeurs ».

Madame, nous souhaitons vous alerter sur le fait que vos arguments ne résistent pas à une analyse objective et conformée par l'expertise de scientifiques éminents.

Concernant l'eau que l'on prétend être une ressource rare :
Il est nécessaire de rappeler que les océans recouvrent les deux tiers de la surface de notre planète. Il s'agit, certes d'eau salée, mais il est estimé qu'il existe une quantité à peu près équivalente d'eau douce dans les fleuves, les nappes, les lacs, les glaciers et surtout dans l'atmosphère à l'état de vapeur.
Par ailleurs, savez-vous qu'un seul cumulonimbus contient assez d'eau pour abreuver la population mondiale pendant 24 heures ? Cette eau circule sur toute la planète et se renouvelle constamment grâce à l'évaporation terrestre et océanique. Cependant, j'admets le fait qu'elle est inégalement répartie sur la planète mais pour ce qui concerne le Gers, avec une pluviométrie annuelle moyenne de 700 millimètres, soit 7 mille mètres cubes par hectare, ce sont 4,5 milliards de mètres cubes qui tombent sur notre département !
À titre de comparaison, les irrigants gersois utilisent 130 millions de mètres cubes, soit à peine 3 % de la pluviométrie annuelle ; dont la plus grande partie est stockée pendant l'hiver, dans quelque 2000 retenues que compte notre département.
Sans ces retenues, il est probable que la plupart de nos rivières seraient à sec au moins un été sur trois. En effet, la nature argileuse du sol et du sous-sol fait que les nappes phréatiques ne concernent qu'une faible partie du territoire. Dès que les sols sont saturés, toute l'eau est excédentaire et s'écoule dans la mer.

Concernant les nitrates, nous récusons le terme de « polluant » :
Tout d'abord, il est important de préciser que les nitrates sont indispensables à la vie terrestre. Ils contiennent un élément vital : l'azote, qui constitue 76 % de notre atmosphère terrestre et se retrouve dans tous les êtres vivants sous forme de molécules complexe (les acides aminés, les protéines, etc).
L'une de ces protéines, la chlorophylle, permet aux plantes de capter l'énergie solaire et de la transformer en énergie chimique (ou biologique) en utilisant le carbone contenu dans l'air (le fameux CO2) et l'oxygène de l'eau puisé dans le sol. Cependant, les végétaux n'ont pas la capacité de fixer directement l'azote de l'air. Ils le puisent dans le sol, essentiellement sous forme de nitrate. D'une certaine manière, l'intensité de la photosynthèse est liée à la richesse du sol en nitrate. Tous les sols en contiennent naturellement en quantité variable. Mais comme ces nitrates sont solubles dans l'eau, ils sont très facilement entraînés par les pluies vers les rivières ou les nappes. C'est un phénomène vieux comme le monde.
Ce qui pose problème, c'est que pour nourrir une population en augmentation et accroître les ressources alimentaires, il est nécessaire d'enrichir le sol en nitrate. Il en résulte mécaniquement une augmentations des pertes.
Heureusement, les nitrates n'ont pas les effets délétères que leur ont attribué les défenseurs de l'environnement et après eux les fonctionnaires de l'Europe. De nombreux scientifiques ont prouvé qu'ils ont des effets bénéfiques sur la santé (vous trouverez en pièce jointe quelques articles démontrant les études scientifiques). Quant à leurs rôles dans l'eutrophisation, les fameuses « algues vertes », beaucoup de pays ont déjà abandonné l'idée que la lutte contre les excédents de nitrate, permet d'enrayer le phénomène.
Reste le problème de la facture à payer qui n'incombe pas qu'aux consommateurs (dont je fais aussi partie). Les mises aux normes collées à la nouvelle norme imposée par le ministère de l'environnement (18 milligrammes par litre d'eau), totalement dénuée de fondement scientifique.

Certains rêvent sans doute d'un monde sans nitrate : C'est criminel car, comme je viens de vous le démontrer, un monde sans nitrate est un monde mort !

Les représentants de la Coordination Rurale du Gers souhaiteraient pouvoir vous rencontrer afin d'aborder avec vous certains points concernant non seulement l'eau et les nitrates, mais aussi les agriculteurs que nous représentons.

Certains de l'attention que vous porterez à ce courrier, veuillez croire, Madame la Vice-Présidente, en l’assurance de notre considération.

                                    François DURAND
                                    Président de la CR32

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