Femme engagée et passionnée, Martine Becker défend les intérêts des viticulteurs et de la bio depuis plusieurs années et a notamment participé à la création de la Coordination Rurale du Haut-Rhin en 2011.


Pourquoi avoir choisi de vous lancer dans le syndicalisme aux côtés de la CR ?

Martine Becker : J’ai eu la chance de rencontrer des grands pionniers de la bio en Alsace comme Raymond Durr, ancien président de l’Organisation professionnelle de l'agriculture biologique en Alsace (OPABA), éleveur et transformateur bien connu pour son ouverture d’esprit. Comme lui, j’ai de suite pensé qu’il était important que les 3 syndicats agricoles soient représentés. C’est pourquoi, avec Philippe Iltis, qui est devenu notre président départemental, Jean-Marc Kempf et d’autres, nous avons déposé les statuts de la CR68 et j’ai accepté d’en assurer le secrétariat.

Vous êtes une fervente militante de l’agriculture biologique, qu’est-ce qui vous a poussée à passer à ce mode de production ?

M.B. : Cela a été une décision de famille bien mûrie. Mon frère Jean-Philippe ayant eu un grave souci de santé, il s’est posé la question de savoir si on ne pouvait pas cultiver autrement... En 1999, nous avons « sauté le pas » à trois avec mon autre frère, Jean-François.

Au début, nous avons certes perdu quelques clients, notamment pour des colis cadeaux de Noël où la bio faisait désordre, mais nous avons su proposer nos vins à de nouveaux marchés comme la grande distribution. Il ne faut jamais oublier qu’en bio tous les marchés sont possibles depuis le particulier avec la vente directe jusqu’à l’export.

Autre particularité, vous êtes la seule femme au Conseil spécialisé viticulture de FranceAgriMer. Comment s’impose-t-on dans un milieu si masculin ?

M.B. : Je dirais que le mot « imposer » n’est pas adapté. Je pense que les choses doivent venir naturellement à maturité (personnelle et du groupe). Au sein de ma famille, on est vigneron de père en fils depuis 1610. Après des études commerciales, je suis rentrée en fonction pour seconder mon père, suivie par mes deux frères, et malgré mon investissement sur l’exploitation, les collègues vignerons m’ont longtemps considérée comme « la fille de ». Jusqu’à ce qu’un jour mon père rentre d’une réunion et me dise : « on m’a demandé si j’étais ton père ». Se faire un nom a donc été important et j’ai continué à me faire progressivement une place dans le milieu.

Pour la bio, un jour j’ai remplacé mon frère à une assemblée générale de l’OPABA et suis ensuite rentrée au Conseil d’administration pour la viticulture. Un peu plus tard j’ai été proposée vice-présidente départementale du mouvement et c’est ainsi que je siège à FranceAgriMer pour la FNAB.

Enfin, plus récemment, on m’a proposé d’être la 2e Femme Grand Maître de la confrérie St Étienne d’Alsace. J’ai bien sûr accepté !


Extrait du magazine 100 % agriculteurs n°7  - Juillet 2017

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