Avant toute chose, je m’associe, en tant que secrétaire général adjoint de la Coordination Rurale, à la peine et l’angoisse des familles dont un membre est ou a été atteint par cette épidémie. Elle frappe tous les continents et confine la moitié de la population mondiale, soit plus de 4 milliards de personnes. Au-delà d’une crise sanitaire majeure, nous allons subir et apprendre à vivre avec un impact économique sans précédent et des conséquences sociales désastreuses.

Un très grand nombre d’agriculteurs vont devoir s’endetter et malheureusement, beaucoup d’exploitations à la situation financière déjà très fragilisée, ne passeront pas le cap et disparaîtront. C’est déjà fortement prévisible pour une filière comme l’horticulture qui, du fait de mesures tardives, inappropriées et inéquitables, est complètement sinistrée. Je pense qu’il faudra un véritable plan « Marshall », comme pour l’ensemble de l’agriculture française.

Le président de la République et son Gouvernement ne cessent de répéter, inlassablement, que nous sommes en guerre. En première ligne, il y a les infirmières et les infirmiers, et tout le corps médical que nous souhaitons remercier du fond du cœur. En seconde ligne, les agriculteurs qui sont mis à forte contribution.

Quelle belle déclaration faite par le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume le 18 mars : « Vous, agriculteurs, qui êtes le maillon essentiel, le premier maillon de la chaîne alimentaire. Sans vous, sans votre travail quotidien, dans les champs, dans vos fermes, aucune matière première, aucun produit transformé, aucun aliment, ni animal ne peut parvenir dans nos assiette » « Nous comptons sur vous. Ne lâchez rien, continuez vos activités essentielles, indispensables. Vous participez pleinement à l’effort de la communauté nationale. En retour, l’État sera à vos côtés pour traverser cette période difficile. »

Alors, oui ! Monsieur le Ministre, par ces belles paroles nous sommes portés, nous avons (presque) envie d’y croire. Mais quelle sera la finalité dans 6 mois ? Dans 1 an ? Quand les intérêts des uns et des autres reprendront le dessus et que le commerce mondial sera de nouveau une concurrence déloyale pour nos agriculteurs ? Comment ne pas avoir en mémoire l’enfumage des États généraux de l’Alimentation (EGA) ! Ils devaient, à l’origine, apporter des prix rémunérateurs aux producteurs… Vous avez déclaré en novembre 2019 : « Cette loi n'a pas assez porté ses fruits parce que la meilleure répartition de la valeur n'a pas eu lieu », « Mais aujourd'hui c'est le début de nouvelle discussion et là il faut que ça paye », « Je me bats matin, midi et soir, sept jours sur sept pour que les agriculteurs gagnent mieux leur vie. »

Dans cette période instable et compliquée, où est la place de notre syndicat Coordination Rurale ?

Nous entendons, nous lisons, ici et là : « Mais que fait la CR ? On ne la voit pas ; on ne l’entend pas. » C’est vrai : une partie des médias nous ont confinés. Ce n’est pas nouveau. Il est plus facile d’interroger le syndicat majoritaire de cogestion depuis plus de 60 ans. On voit bien où il nous a amenés avec ses compagnons : la MSA, les coopératives, les Chambres d’agriculture, les interprofessions et toutes les structures qui gravitent sur le dos des agriculteurs. Enfin, tous ceux qui nous veulent du bien malgré nous mais qui, avant tout, réfléchissent et influencent pour préserver leur système. Nous l’avons vu lors des dernières élections tronquées des Chambres d’agriculture et de la MSA.

J’entends déjà nos rivaux dire : il polémique ! En cette période, il faut être consensuel… De qui se moque-t-on ?! Je dis NON ! Je reste un homme d’action, de conviction, déterminé et à l’esprit critique, et force de propositions comme notre président Bernard Lannes et tous nos collègues élus qui sont engagés chaque jour dans diverses réunions au sein de différentes instances en visioconférence pour passer et diffuser les idées et propositions CR. A cette occasion, je veux remercier tout le personnel qui fait preuve d’efficacité et d’écoute pour l’ensemble de nos ressortissants. C’est ça, la famille CR. Elle n’est pas parfaite mais elle fait preuve d’imagination et de cohésion. Durant cette période, un mini sondage est venue confirmer la colère des adhérents CR face à la facilité de la FNSEA à s’approprier les idées CR avec sournoiserie et sans conviction.

Pourquoi la FNSEA est pour la TVA sociale (article dans le Figaro en janvier 2012) ? Alors que la CR déclare en janvier 2006 qu’il faut un débat sérieux sur la TVA sociale... Celle-ci n’est toujours pas mise en place. Nous sommes convaincus que, plus que jamais que c’est la mesure à mettre en place dans un positionnement économique différent.

En juin 2013, la FNSEA défend l’exception agricole (article dans le Figaro), alors que nous avons lancé le concept de l’exception agriculturelle en 1993. En mars 2020, le ministre de l’Agriculture au Sénat prend position pour l’exception agricole. Mais pour QUAND ? Et où est la sincérité ? Quand « en même temps » le ministère, avec la validation de la FNSEA, soutient la montée en gamme, la vocation exportatrice et permet à l’Union européenne de signer des accords de libre-échange Ceta, Mercosur… Aujourd’hui, à la CR, nous sommes convaincus que ces accords vont mettre encore en danger des milliers d’exploitations, voire les faire disparaître en détruisant des milliers d’emplois.

Comment peut-on continuer à subir toujours plus de contraintes à l’initiative de ce syndicat qui se targue d’apporter des solutions aux attentes sociétales (contrat de 30 solutions - ce que nous définissons plutôt comme « 30 soumissions » -, chartes de bon voisinage, moratoire…) ?

Nous à la CR, nous avons le courage, et nous l’assumons, de combattre depuis le début l’instauration des zones de non traitement (ZNT). Le 11 février 2020, la CR a déposé une requête en annulation devant le Conseil d’État et le 12 février 2020 une requête en référé-suspension.

Mobilisation générale de tous les agriculteurs : ne vous faites pas confisquer vos libertés et votre reconnaissance

Il en va de votre avenir. Gardez votre dignité ! Rejoignez un syndicat libre, indépendant et visionnaire qui souhaite vous donner la parole en participant aux débats pour recréer le monde de demain. Entrons en résistance, même si nous sommes boycottés ou copiés, il vaut mieux une idée originale qu’une pale copie. Les élites se sont ramassées. Elles vont vouloir rester aux manettes, pour essayer de se rattraper en recyclant de vielles positions ou discours car elles ont peur de ne plus faire partie du monde d’après. Comment vous pouvez participer à l’intégration du jour d’après ? En rejoignant le site Internet de la CR et en mettant vos coordonnées dans la boite de contact : https://www.coordinationrurale.fr/contactez-nous/ L’animateur de votre département fera le recensement et prendra contact avec vous.

Chers collègues, à bientôt. Prenez soin de votre santé et de ceux qui nous entourent. Protégeons-nous!

Max Bauer Secrétaire général adjoint de la Coordination Rurale Président de l’Uniphor

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