La semaine écoulée a été riche en actualités sur les accords de libre-échange, contre lesquels la CR se bat depuis toujours.

Océanie : les viandes rouges encore plus menacées

Lundi 11 juin, le gouvernement a publié une étude d’impact sur un potentiel accord avec l’Océanie (Australie et Nouvelle-Zélande). Sans surprise, ce rapport pointe les nombreux dangers que représente un tel accord pour les filières d’élevage.

Au niveau de la filière ovine, la Nouvelle-Zélande bénéficie actuellement d’un contingent de 230 000 tec vers l’Europe. Ce contingent n’est plus saturé depuis 2010 en raison d’un report croissant des exportations néo-zélandaises vers l’Asie, ce qui pourrait laisser croire qu’une plus grande ouverture des quotas serait sans danger. Toutefois, offrir des volumes additionnels à la Nouvelle-Zélande permettait des envois massifs ponctuels, par exemple en cas de forte hausse des abattages ou de fermeture des marchés asiatiques. Ce qui pourrait déstabiliser fortement la filière ovine notamment si ces pics interviennent en début d’année.

Au niveau de la filière bovine, l’UE serait particulièrement vulnérable face à l’Australie. Ce pays est l’un des leaders mondiaux de l’exportation. Le pays produit des viandes de qualité à bas coût en raison de la taille de ses structures (880 bovins en moyenne pour les exploitations spécialisées) et des faibles contraintes sanitaires et environnementales. De plus, l’Australie est régulièrement secouée par des épisodes de sécheresse, ce qui l’amène à alterner les phases de capitalisation-décapitalisation qui déstabilisent lourdement les marchés d’exportation.

Actuellement, l’UE impose un contingent très restrictif à l’Australie (environ 30 000 tonnes) qui est systématiquement rempli. Une ouverture de ce contingent conduirait de façon certaine à une hausse rapide et durable des exportations vers l’Europe en produits nobles jouissant d’un rapport qualité/prix imbattable : la viande réfrigérée est 28 % moins chère que la viande argentine et à peine plus chère que la viande brésilienne, pourtant considérée comme low cost.

Mercosur : un accord à 110 000 tonnes pour vendre des boulons ?

Des bruits de couloir laisseraient entendre qu’un accord avec le Mercosur serait imminent, bien que les négociations soient bloquées depuis plusieurs semaines en raison de fortes divergences sur le marché automobile. Si le Mercosur accepte d’importer plus facilement les voitures européennes, il souhaiterait cependant conserver une protection pour ses fabricants de pièces détachées. Pour briser cette résistance et ainsi vendre des boulons, l’Europe serait prête à aller encore plus loin que prévu dans la destruction de son élevage : le contingent d’importation de viande bovine pourrait atteindre 110 000 tonnes !

Si ces rumeurs sont à prendre avec précaution, elles laissent entendre que l’Europe est prête à tous les sacrifices pour conclure au plus vite un accord avant les élections brésiliennes, prévues en octobre 2018.

Ceta : la France doit suivre l’exemple italien

Le gouvernement italien a annoncé le 14 juin qu’il ne souhaite pas ratifier l’accord de libre-échange avec le Canada. Entré en vigueur de façon provisoire le 21 septembre dernier, cet accord doit en effet être enregistré par les parlements nationaux pour être définitivement adopté.

La CR salue cette annonce courageuse, alors que la non-ratification est une décision particulièrement importante dans les pays où l’élevage tient une place centrale, comme l’Italie ou la France. Rappelons que le Ceta permet l’importation de 65 000 tonnes de viande de bœuf et 80 000 tonnes de viande de porc à bas coût. En portant sur des morceaux nobles, ces importations pourraient menacer jusqu’à 30 000 exploitations agricoles.

Alors que l’exception agriculturelle est une revendication de plus en plus partagée, la CR rappelle que cet accord est également considéré par les agriculteurs canadiens comme « perdant-perdant » tant ils craignent une déstabilisation de leurs propres marchés agricoles, et de celui du lait en particulier.

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