Le 2 juin dernier, le Comité du patrimoine ethnologique et immatériel a rendu un avis favorable à l’inscription à l’Inventaire national du Patrimoine Culturel immatériel de la transhumance en France. Le comité a salué l’effort de synthèse nationale mettant en valeur une vision de la pratique de la transhumance globale , commune et partagée malgré la très forte diversité des territoires concernés. Pour la Coordination Rurale, cette annonce est à double tranchant et révèle certains paradoxes du pastoralisme. Ce classement apporte en effet une certaine reconnaissance du métier et valorise le savoir-faire et les pratiques qui sont liés aux transhumances. Il met en valeur les bénéfices des transhumances : gestion des espaces pastoraux, maintien des écosystèmes de montagne, valorisation des produits alimentaires agricoles. En somme, il promeut l’écosystème culturel, social et environnemental qui se construit autour de ces pratiques. Cependant, les transhumances ne sont pas uniquement synonymes de répercussions positives pour les éleveurs et les bergers. Les attaques de prédateurs se font de plus en plus nombreuses et les zones de prédations grandissent d’année en année. Face aux risques de pertes sur les troupeaux, nombreux sont les éleveurs qui songent à arrêter leur activité. Et les récentes annonces de l’OFB concernant l’évolution de la population lupine, n’incitent pas à l’optimisme. Le 8 juin dernier, les nouvelles données présentaient une croissance notoire référençant 580 loups en 2020, contre 530 en 2019. Les éleveurs réclament le droit de pouvoir défendre leurs troupeaux quels que soient les territoires, les périodes ou le contexte. Le classement au Patrimoine culturel immatériel ne change donc pas les problèmes de terrain qui touchent les éleveurs. De plus, comme cela a été précisé par le directeur du Collectif des races locales de massif, Émeric Jouhet «l’inscription ne donnera lieu à aucune protection supplémentaire des troupeaux». Bien que valorisant et valorisable pour l’agriculture et le maintien des pratiques traditionnelles, ce classement n’est finalement qu’un élément supplémentaire, qui n’apporte guère plus de sécurité et d’apaisement aux éleveurs.

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