L’émission de Zone Interdite d’hier avait pour thème « Campings, marchés, glaciers : déjouez les pièges et arnaques de l'été » et abordait notamment la problématique de la francisation des fruits et légumes. Sébastien Héraud, responsable de la section Fruits et Légumes de la CR, et Tristan Arlaud, représentant CR au Conseil national de l'alimentation et au Conseil national de la restauration collective, ont participé à cette émission pour porter la position de la Coordination Rurale sur ce sujet.

 

Un petit tour dans les Bouches-du-Rhône avec Tristan Arlaud

Les journalistes se sont intéressés à des vendeurs sur les bords de route se disant producteurs pour vérifier ce qu’ils vendaient exactement puisque tout est « conçu pour faire croire » comme le dit Tristan. Prix imbattables et étiquettes avec la provenance non affichées, en questionnant la vendeuse, tous les fruits et légumes vendus seraient issus de leur production. En se rendant sur l’exploitation en caméra cachée, la surprise fut de taille en voyant l’état des cultures et le mode de culture vendu. Certains fruits et légumes vendus ne sont même pas sur l’exploitation ! Après interrogation du producteur, il avoue que seuls 20 % sont produits chez lui et le reste est acheté pour être revendu, comme les pêches par exemple. Est-ce vraiment des produits français ? Le doute est permis.

 

Passage dans un marché dans le Sud-Ouest avec Sébastien Héraud

Un stand attire l’attention avec des produits majoritairement français. Tout à l’air vrai, sauf qu’en regardant l’installation du stand quelques heures auparavant, les caméras ont observé la vendeuse franciser les fruits et légumes : pêches espagnoles mises dans des cagettes avec le drapeau français, les haricots verts sont en réalité marocains... En allant voir la vendeuse, celle-ci avoue qu’elle triche sur l’origine et se justifie en disant que cela ne change rien, alors que si, il y a bien un intérêt financier ! Acheter des fruits et légumes aux prix espagnols qui sont moins chers, et les vendre au prix français très avantageux pour ces vendeurs. « Les produits étrangers sont beaucoup moins chers que les produits français et en francisant, il arrivent à faire un plus gros bénéfice sur la vente, minimum 25 % voire même parfois le double », s’exprime Sébastien. « C’est l’appât du gain. » Ces revendeurs n’hésitent pas à tirer les prix vers le bas au détriment des producteurs qui ne peuvent pas se le permettre. Ce genre de pratique met en avant les problèmes de distorsions sur le coût de la main-d’œuvre avec des pays voisins comme l’Espagne qui fait baisser leurs coûts de production. Avec un salarié payé 75,95 € par jour en France contre 42 € en Espagne pour un même temps de travail, la différence de prix s’explique.

 

Des fraudes qu’on retrouve même en grande surface !

Ces fraudes auraient aussi lieu aux dépens de la grande distribution et de ses consommateurs. Les journalistes ont réussi à se faire embaucher chez un grossiste qui fournit la grande distribution. Les salariés sont payés à trier les fruits rouges portugais pour garder les fruits les plus jolis et les mettre dans une autre barquette avec une étiquette française. C’est le maquillage des fruits portugais en fruits français, vendus au moins 30 % plus chers par rapport au prix d’origine. Framboises, myrtilles et mûres, tout est francisé et l’arnaque est indétectable pour le consommateur. Il ne s’agit pas d’un phénomène isolé comme ce fut le cas pour le kiwi ou alors la francisation de légumes dans les Bouches-du-Rhône.

Cette émission a mis en avant ces pratiques malhonnêtes et illégales dont les Français, que ce soit les producteurs comme les consommateurs, sont les grands perdants. Il devient urgent que les pouvoirs publics prennent ce dossier en main et appliquent des sanctions beaucoup plus dissuasives pour les entreprises qui francisent !

Pour voir l’émission en replay, cliquez-ici.

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